Responsable des investissements non cotés du fonds de pension canadien en France, Isabelle Pagnotta revient sur les conditions d'entrée du géant aux 85 MD$ d'actifs sur le marché français avec le deal Trescal.

Retrouvez les détails du deal Trescal ici.

 

Décideurs. Depuis quand étiez-vous en discussion avec le management de Trescal concernant un possible rachat de l'entreprise ?

Isabelle Pagnotta. Cela fait trois ans que nous regardons la France en tant que marché stratégique. J'avais repéré Trescal en 2014 comme une société qui répondait parfaitement à nos critères pour un premier deal ici: l'entreprise a son siège social en France, ses opportunités de croissance organique et externe ont toujours été jugées élevées, notamment en raison d'un marché de la calibration encore très fragmenté, et enfin, le management jouissait d'une réputation solide. C'est d'ailleurs ce que nous avons constaté lors des premières discussions. Depuis 2015, notre volonté de devenir les nouveaux partenaires financiers de Trescal n'a cessé de se renforcer et c'est à cette époque que nous avons commencé à analyser en profondeur la société.

 

Les due diligences ont donc débuté deux ans avant la signature du deal ?

Nous faisons notre travail de recherche approfondie très tôt lorsque nous envisageons un deal préemptif. L'un des principaux enjeux est de bien appréhender le marché. Nous avons sollicités l'aide de Bain afin de comprendre les perspectives de croissance de la métrologie en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. À ce stade, il s'agit aussi de cibler de potentielles acquisitions transformantes de toute taille. Le build-up est un axe stratégique fort pour Omers PE dans la mesure où nos équipes nord-américaines sont en appui pour assurer l'intégration des cibles.

 

Combien de cibles avez-vous pu identifier pour une société comme Trescal ?

On ne peut pas révéler le nombre de cibles identifiées mais, hors Afrique, plus d'une centaine dans le monde pourraient contribuer au développement de Trescal. Bien qu'il soit le leader mondial, Trescal n'a que 12 % à 15 % de part de marché. Il reste beaucoup à faire...

 

Quel a été le climat ces dernières semaines ? Ardian a-t-il fait en sorte que les choses s'accélèrent un peu ?

Encore une fois, le gros de l'analyse de marché et de M&A avait été fait en amont. Le véritable avantage dont nous avons profité est lié à notre qualité de fonds de pension. Gérer 85 milliards de dollars d'actifs et ne pas avoir besoin de lever de financement lors de la remise de l'offre sont bien sûr des éléments qui nous permettent d'être très réactifs et d'agir vite au moment du signing.

 

Mais cela ne vous empêche pas de jouer de l'effet de levier lors de vos acquisitions ?

Oui, nous levons de la dette car il s'agit de LBO. Cependant, nous ne maximisons pas le montant de dette que nous pouvons mettre sur nos opérations. Au contraire, c'est la flexibilité qui nous importe, et nous comptons en donner à Trescal afin que la société fasse ses opérations et ne s'essouffle pas sous le poids des intérêts.

 

Quel est le montant de l'enveloppe dont profitera Trescal pour consolider le marché ?

À ce jour, tant que le financement n'est pas arrêté, nous ne sommes pas en mesure de répondre précisément mais il est certain que cette ligne d'acquisitions sera importante.

 

Quels sont les avantages concurrentiels de Trescal sur le marché de la métrologie, outre son statut de leader ?

D'abord, Trescal est un « one-stop-shop ». Le groupe fournit des services de calibration sur tout type d'instruments (on en compte des milliers) à l'échelle mondiale. De petites sociétés comme de grands acteurs travaillent avec Trescal et bénéficient d'un service constant. L'autre avantage est directement lié à la taille de Trescal : les sociétés sont davantage intéressées à consolider le marché avec un acteur aux reins solides.

 

Combien de temps comptez-vous rester au capital de Trescal ?

Nous n'avons pas besoin de lever de fonds donc nous ne mettons pas de pression aux équipes de direction en prévision d'une sortie après trois ou quatre ans de détention comme la plupart des GPs. Nous laissons le temps au management de réaliser son business plan, y compris si elle a envie de faire une acquisition transformante au terme de l'année « 4 ». C'est aussi pour cette patience que Trescal nous a choisi.

 

Relevez-vous quand même une difficulté qui pourrait freiner la croissance de Trescal ?

Pour l'entreprise, l'enjeu est de conduire une politique d'acquisitions active et pertinente. Nous avons à la fois les moyens financiers et les données de marché pour tirer le meilleur de la croissance externe. Nous sommes donc confiants.

 

FS

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