Le parcours atypique de Richard Thaler, le nouveau prix Nobel d'economie
En décernant son prix d’économie à Richard Thaler, la Banque de Suède entérine une véritable révolution de la pensée économique qui remet en cause la rationalité des agents économiques. Cette récompense distingue également un économiste atypique. Richard Thaler a été l’un des premiers à utiliser les outils économiques pour traiter de sujets divers, comme sa thèse sur la valeur d'une vie humaine.
Des biais sociologiques
C’est au cours de ses travaux qu’il réalisa que des biais pouvaient exister. Ainsi, si vous publiez dans le journal en novembre la photo d'une petite fille atteinte d'un cancer en disant qu’un million de dollars lui permettrait de prolonger sa vie jusqu'aux fêtes de Noël, les dons vont affluer. En revanche, si vous annoncez que vous allez augmenter les impôts locaux pour acheter une machine de nettoyage qui coûte un million de dollars et qui permettrait de réduire de 5 % le nombre de maladies nosocomiales dans un hôpital, les réactions ne seront pas les mêmes. Pourtant, la deuxième solution permettra de sauver plus de vie. En 2008, il écrivait : « L’homo economicus des manuels d’économie ne possède ni le cerveau d’Einstein, ni les capacités de mémorisation du Big Blue d’IBM, ni la volonté du Mahatma Gandhi. » Son champ de recherche est d’autant plus révélateur d’un changement de paradigme qu’il s’agit d’un secteur, la finance, où les acteurs sont censés être les plus rationnels. Or, Richard Thaler a démontré qu’au-delà de biais cognitifs, l’investisseur pouvait aussi être influencé par des critères sociologiques, même lorsque celui-ci est abreuvé de données, qui devraient pourtant lui permettre d’avoir une pensée rationnelle. Désormais, seule l’émergence des robots traders pourrait remettre au goût du jour l’homo economicus…