En réduisant l’impôt des entreprises et des classes moyennes tout en supprimant de nombreuses niches fiscales, la réforme fiscale de Donald Trump pourrait être une véritable révolution. Son adoption au Congrès sera un nouveau test politique après l’échec de l’abrogation de l’Obamacare.

« Nous allons faire revenir les emplois et les richesses qui ont fui notre pays. Il est temps de se battre pour nos travailleurs américains. Cette réforme est pro-croissance, pro-job, pro-travailleur, pro-famille et pro-américain. » Comme à son habitude, Donald Trump n’a pas hésité à jouer la carte du patriotisme pour vendre sa réforme fiscale. Ce projet est d’autant plus crucial qu’il s’agit d’une des promesses clés de sa campagne. Après l’échec de l’abrogation de l’Obamacare, le président américain y joue sa légitimité.

1,5 million d’emplois

Le premier volet de cette réforme concerne les entreprises. L’impôt sur les sociétés passerait tout simplement de 35 % à 20 %, soit moins que la moyenne de l’OCDE qui s’élève à 22,5 %. Pour favoriser l’investissement, les entreprises pourront pendant cinq ans amortir immédiatement leurs investissements en les passant en dépenses dans leur compte de résultat. La Fédération nationale des entreprises indépendantes (NFIB) anticipe que ce nouveau taux permettrait de créer 1,5 million d’emplois.

Donald Trump veut également inciter les entreprises à rapatrier les 2 800 milliards de dollars de profits localisés à l’étranger. Pour y arriver, il a annoncé que ces derniers seront imposés à un taux réduit, sans pour autant en préciser encore le montant. La taxation du capital et des dividendes serait en revanche maintenue à 23,8 %.

Le deuxième volet, qui s’adresse aux particuliers, est tout aussi novateur. L'impôt fédéral sur le revenu serait réduit et deviendrait moins progressif, passant de sept tranches aujourd'hui à seulement trois (12 %, 25 % et 35 %). La tranche de revenu non imposable doublerait pour atteindre 24 000 dollars (27 370 euros) pour un couple (la moitié pour une personne seule). Le Wall Street Journal, sur la foi de sources républicaines, écrit qu’un ménage rémunéré 100 000 dollars par an devrait y gagner 1 000 dollars. Quant au taux maximal, il serait ramené de 39,6 % à 35 %. Enfin, l'impôt sur les successions serait tout simplement aboli.

Entre 2 200 et 5 800 milliards de dollars

Une réforme qui a bien sûr un coût pour les finances gouvernementales. Si aucun chiffre officiel n’a encore été communiqué, ces réductions d’impôt pourrait coûter entre 2 200 et 5 800 milliards de dollars sur dix ans. Les Démocrates ont déjà fait part de leur inquiétude quant à une éventuelle dérive des déficits. Pour le moment, l'administration Trump s’est contentée d’assurer que cette réforme se financera « d’elle-même » : en dopant la croissance, les réductions d’impôts favoriseront in fine les revenus du pays. Dans son discours, Donald Trump a ainsi estimé que la croissance américaine pourrait dépasser les 3 % dès 2018.

Encore faut-il réussir à relever le défi politique qui s’annonce. Car, si les Républicains disposent d'une majorité absolue à la Chambre et au Sénat, ils ne sont pas en position de force dans la chambre haute du Congrès. Ils devront donc recevoir l'appui d'une partie de l'opposition démocrate. La tâche s’annonce ardue. « Ce n'est pas une réforme fiscale, c'est un cadeau pour les plus riches, payé par la classe moyenne », déclarait Nancy Pelosi, chef des Démocrates de la Chambre, tandis que le sénateur Bernie Sanders dénonçait des mesures« moralement répugnantes. » Pour réussir, Donald Trump devra donc sûrement mettre de l’eau dans son vin.

Vincent Paes

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