BPIFrance aide les entreprises françaises à s’implanter en Iran
Longtemps isolé, l’Iran a un potentiel de croissance immense. Pour deux raisons. La première est qu’il dispose d’importants gisements pétroliers. Dans l’ère « post-sanctions », sa production passera de 2,5 à 4 millions de barils par jour, les exportations dépassant déjà le seuil des deux millions par jour. La deuxième raison est que, outre ses richesses en ressources naturelles, l’Iran dispose avec quatre-vingts millions d’habitants et une classe moyenne émergente, d'un potentiel de consommation immense. Sur ce segment, les freins résident dans une fragmentation élevée des consommateurs et dans le contrôle des prix de certains produits par le gouvernement.
Pas de quoi effrayer un grand groupe. Pourquoi alors les entreprises étrangères ne franchissent-elles pas le pas et n’investissent-elles pas massivement dans ce pays ? Pour comprendre ce paradoxe, il faut se tourner du côté de l’investissement. L’embargo international interdit aux banques de financer des opérations sur place. Malgré l'entrée en vigueur en janvier 2016 de l'accord nucléaire qui a permis la levée partielle des sanctions internationales, les banques se montrent encore frileuses. Toutes ont encore en tête les sanctions record imposés par les États-Unis. En 2014, BNP Paribas avait dû payer neuf milliards de dollars et Credit Suisse, 500 millions en 2009.
« Toutes les grandes entreprises sont sur la ligne de départ »
Conscient de cette difficulté, BPIFrance a décidé d’aider les entreprises françaises à s’implanter en Iran en leur accordant jusqu’à 500 millions d’euros de crédit par an à partir de l’année prochaine. En effet, la banque publique d’investissement n’est pas soumise aux sanctions américaines pour rupture d’embargo. « Toutes les grandes entreprises sont sur la ligne de départ », insiste Nicolas Dufourcq, son directeur général. La France n’est bien sûr pas le seul pays à lorgner ce marché. L'Iran a récemment signé un premier crédit-cadre avec la banque autrichienne Oberbank pour un milliard d'euros et a obtenu deux lignes de crédit, l'une de huit milliards d'euros auprès de la sud-coréenne Exim Bank, l'autre de dix milliards de dollars auprès de l'institution chinoise Citic Bank.
Seule ombre au tableau, une éventuelle volte-face de l’administration américaine. Par le passé très hostile à l'accord nucléaire, Donald Trump doit notifier au Congrès le 15 octobre prochain si Téhéran respecte ses engagements. S'il estime que non, le Congrès pourrait alors de nouveau mettre en place des sanctions.
Vincent Paes