Forts de leurs levées records, les fonds peuvent enfin concurrencer les corporates sur les grandes opérations. Mais leur influence ne se limite pas à l’argent. Au fil des ans, ils ont su tisser un réseau qu’ils utilisent maintenant pour imposer leurs vus.

Alors que de nombreux corporates se voyaient mettre la main sur les activités puces-mémoires de Toshiba, Bain Capital est venu jouer les trouble-fête en faisant monter les enchères à la dernière minute. En proposant dix-huit milliards de dollars, soit près de deux milliards de plus que la précédente offre, le fonds américain a montré la nouvelle force de frappe dont dispose le private equity. Mais le plus remarquable est le fait que Bain Capital ait réussi à former un consortium en attirant deux groupes de renom, Apple et Dell. Ce deal récent illustre parfaitement l’influence grandissante des fonds dans l’économie mondiale.

Force de frappe

En plus des 2 490 milliards de dollars d’actifs sous gestion, les fonds disposaient fin 2016 d’une poudre sèche de 1 500 milliards, dont 534 milliards pour les opérations de LBO. Une tendance qui n’est pas prête de s’arrêter au vu des montants levés en 2016 et 2017. Mais les acteurs du private equity ne limitent pas leur pouvoir à une question d’argent. Ils ont misé sur la construction d’un réseau puissant. Les trois principaux fonds américains (Blackstone, Apollo et Bain Capital) disposent par exemple d’un émissaire dans le conseil d’administration des principales sociétés d’outre-Atlantique.

Une nouvelle influence que peu d’élus se partagent, ce qu’illustre la concentration des montants levés. En 2016, dix fonds avait récoltés 26 % des actifs, contre seulement 19 % en 2014. Plus symptomatique, vingt sociétés représentaient 38 % du capital levé, contre 30 % en 2014. En France, le constat est identique. À eux trois, Astorg, Ardian et Antin Infrastructure Partners ont réalisé environ 70 % des levées. Une hégémonie qui risque de ne pas plaire au grand public même si les fonds communiquent de plus en plus pour redorer leur blason., Portés par les sucess stories, ils ont réussi à montrer qu’ils n’étaient pas là que pour gagner de l’argent mais pour créer de la « valeur », autrement dit de la croissance et des emplois. Des propos qu’ils peuvent étayer par des chiffres. En France, les entreprises accompagnées par un fonds affichent en moyenne une progression de leur activité deux fois supérieure au produit intérieur brut et crée six fois plus d’emplois que le secteur marchand.

Vincent Paes

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