Dominique Gaillard (Ardian) : « Nous assistons à une concentration du marché »
Décideurs. Comment expliquez-vous que le private equity attire autant les investisseurs ?
Dominique Gaillard. Il y a bien sûr un effet conjoncturel : les taux bas nous sont favorables. Pour autant, je ne pense pas que cela soit la principale explication des records établis ces derniers mois. La raison essentielle vient des bonnes performances du private equity. Contrairement à ce que beaucoup avaient annoncé, les fonds ont réussi à délivrer de bons rendements après la crise de 2007. Surtout, ces derniers ont su se maintenir à des niveaux supérieurs aux autres classes d’actifs. Cela a poussé les institutionnels à renforcer la part du private equity dans leur allocation d’actifs. C’est cette même démarche qui explique que nous assistons à une concentration du marché. Logiquement, ce sont les meilleurs gérants qui arrivent à lever le plus. Dans notre cas, c’est la régularité ligne à ligne de nos performances qui nous a permis de nous distinguer
Quels sont les profils de vos investisseurs ?
Comme je le disais, une relation de confiance avec nos investisseurs s’est installée. Ainsi, les nouvelles générations de fonds ont été massivement souscrites par nos investisseurs historiques.. Nous avons été également très proactifs chez les family offices et les clients privés qui souhaitent avoir accès à des placements avec des rendements élevés.
Comment faites-vous pour vous démarquer de vos concurrents ?
Quand j’ai commencé ce métier, on me disait que la plus-value se faisait à l’achat. Avec les valorisations actuelles, c’est évidemment beaucoup plus difficile. Il est indispensable de générer de l’alpha qui est de la création de valeur et cela nécessite plus de monde. C’est pourquoi nous avons fait grossir nos équipes. L’équipe LBO mid-cap est ainsi passée de 32 à 40 personnes en moins d’un an. Ardian compte aujourd’hui 470 salariés, soit 80 de plus qu’il y a un an. Nous devons performer grâce à de la création de valeur. Quand nous passons un dossier en comité, nous nous assurons que nous obtiendrons les rendements recherchés même si la valeur de la société à notre sortie subit un arbitrage négatif de multiple de l’ebitda. L’aspect stratégique est donc essentiel dans notre réussite.
Propos recueillis par Vincent Paes