Le chiffre du jour : 5 €
Conçue en 1997 pour favoriser l’accès au logement des individus les plus modestes, l’APL bénéficie aujourd’hui à 6,3 millions de ménages et représente un coût de 18 milliards d’euros pour les caisses de l’État. La baisse forfaitaire mensuelle de cinq euros de l’aide, qui ne peut pas excéder les trois cents euros, apportera pour la Caisse d’allocation familiale (CAF) une économie chiffrée à près de 400 millions d’euros, selon la Cour des comptes. L’organisme de contrôle des finances publiques s’est positionné en faveur de cette révision, estimant que les politiques d’aides au logement sont le plus souvent inefficaces, et résultent principalement en une hausse inflationniste des loyers. Il avait calculé en 2015 qu’un euro supplémentaire dans l’aide au logement générait une hausse réelle des loyers de l’ordre de 80 centimes, et avait urgé le gouvernement d’agir. La mesure avait d’ailleurs été actée par François Hollande, mais elle ne s’était jamais concrétisée.
Une « restructuration globale du système »
C’est chose faite aujourd’hui. Le gouvernement risque néanmoins de se mettre les étudiants à dos. En effet, ils sont 800 000 à toucher l’APL, soit 12,7 % des bénéficiaires. Une réforme qui s’ajoute à celle validant les coupes budgétaires dans l’Enseignement supérieur. Nombreuses sont les Universités qui ayant déjà amorcé une hausse des frais d’inscription. Le premier syndicat étudiant, la FAGE, a rappelé que 25 % des étudiants vivent sous le seuil de pauvreté et que le logement représente au moins la moitié de leurs dépenses mensuelles. Pour Eric Vagnier, économiste pour RTL, la réforme des aides au logement « ne peut pas se ramener à une soustraction qui va toucher les plus fragiles. Pour être acceptée, il faut qu’elle passe par une restructuration globale du système ». Jacques Mézard semble l’avoir entendu : le ministre a annoncé mardi dernier qu’une réforme structurelle serait introduite à l’automne 2017. Elle ne manquera pas d’être scrutée.
A.R.