La Cour des comptes met en garde le gouvernement Philippe
Dans sa mission de « s’assurer du bon emploi de l’argent public », la Cour des comptes a rendu jeudi dernier au gouvernement son audit annuel sur l’état des finances actuelles et futures. Les conclusions sont sans appel : la France est l’un des pires gestionnaires européens des comptes publics. Le déficit – différence entre les recettes et les dépenses de l’État, en pourcentage du PIB – et la dette sont évalués respectivement à 3,2 % et 96,3 % (contre 1,5 % et 89,2 % en moyenne dans la zone euro). Le premier ministre Édouard Philippe a qualifié cette situation d’ « inacceptable », avant de dénoncer le laxisme du quinquennat Hollande. La Cour accuse « les textes financiers [d’être] manifestement entachés d’insincérités », dénonçant une surestimation des recettes et une sous-estimation des dépenses du gouvernement sortant. Résultat, il existe un écart de huit milliards d’euros entre les textes et la réalité (deux milliards de recettes et six milliards de dépenses).
Halte au court-termisme
La Cour recommande une action immédiate pour « réduire le dérapage » en 2017, et préconise par-dessus tout d’inscrire l’action publique dans la durée, pour garantir des finances stables, retrouver de la crédibilité, et en finir avec la vision court-termiste particulièrement propre à la France. Pour cela, plusieurs leviers d’action sont disponibles, comme la modernisation des administrations publiques, le resserrement des réseaux territoriaux ou la simplification administrative. Le gouvernement devra rapidement prendre acte de ces recommandations, peu séduisantes au vu de certaines promesses de campagne comme la hausse de la masse salariale, la suppression de la taxe d’habitation ou encore la formation des chômeurs et la réforme de l’ISF. Pour le moment, Édouard Philippe opte pour la stratégie des promesses : il s’est engagé à contenir le déficit à 3 % en 2017 mais sans hausse d’impôts…
A.R.