Premier réseau de courtage d’assurance sur le continent africain et leader en assurance En assurance de personnes, Gras Savoye propose et développe des solutions pertinentes et appropriées aux besoins du continent. Benoit Fisse explique la stratégie du groupe en Afrique.

Décideurs. Comment Gras Savoye est-il implanté en Afrique ?

Benoît Fisse. Nous avons démarré il y a cinquante ans au Maroc. Au fil des années, les acquisitions et les créations de filiales se sont multipliées et accélérées depuis 2000, notamment en Afrique subsaharienne. La crise ivoirienne nous a incités à nous installer dans des pays anglophones, notamment au Ghana, puis au Kenya, en Ouganda et au Nigeria.

De 2009 jusqu’au rachat de Gras Savoye par Willis Towers Watson en 2016, nous avons continué notre expansion et sommes dorénavant présents dans trente et un pays. Willis Towers Watson nous a permis de nous développer en Afrique du Sud, un marché en forte croissance.

Enfin, l’acquisition récente de Témeris, courtier spécialiste dans le secteur de la santé et des sciences de la vie, renforce significativement notre pôle santé.

 Nous sommes spécialistes du courtage d’assurances, de réassurances et conseil en avantages sociaux et capital humain. En tant qu’intermédiaire, nous accompagnons des multinationales sur le continent et avons l’unique avantage d’être multi-pays. Dans chaque pays, nous nous considérons comme des acteurs locaux, implantés dans les marchés locaux avec la puissance d’un groupe international.

Quelles sont les spécificités du marché africain de l’assurance ?

Avec 1,2 milliard d’Africains, le marché africain ne représente qu’un 1,5 % du marché mondial de l’assurance.

L’Afrique du Sud est de loin le plus grand marché, suivi par le Maroc, l’Algérie et le Kenya. Le marché nigérian est l’équivalent, à lui seul, de celui la zone CIMA[1], qui regroupe quatorze pays d’Afrique centrale et de l’Ouest.

C’est un marché en croissance certes, mais il existe un véritable déséquilibre entre pays. On dénombre plus de 600 compagnies d’assurance, dont 160 en zone CIMA, ce qui est beaucoup trop pour ce petit marché.

Cette zone est néanmoins en passe de croître grâce à deux réformes clés. D’un côté, la multiplication par cinq du capital social minimal des assureurs dans un délai de cinq ans, et de l’autre côté, l’obligation de s’assurer dans le pays du lieu du risque. En Afrique Anglophone, il faut épuiser les capacités locales avant d’avoir recours à l’assurance ou la réassurance étrangères. Ce « protectionnisme » fait suite à une réforme de 2013 visant à instaurer la règle du « Cash before cover », et à l’arrivée de nombreuses compagnies d’assurance hors zone CIMA  ̶ notamment marocaines  ̶  très compétitives, et du renforcement des compagnies leaders telles que Axa, Allianz, Saham ou Nsia.

L’émergence d’une classe moyenne aura un impact sur le secteur de l’assurance, comme cela a été le cas au Maroc, à condition qu’elle en ait les moyens et l’envie. En effet, les revenus considérés pour faire partie de la classe moyenne sont bas et il existe peu d’obligations légales de s’assurer.

Comment rendre attractive l’assurance en Afrique ?

Le taux de pénétration de l’assurance est extrêmement faible et ce secteur nécessite un véritable effort de pédagogie.

L’assurance en Afrique est très souvent perçue comme une taxe et peu comprennent la nécessité de payer une prime pour un risque hypothétique.

De plus, les assureurs locaux vivent en grande partie par l’assurance automobile et souffrent d’une mauvaise réputation due à la mauvaise gestion des sinistres. Il faut intervenir auprès des populations locales, des comités d’entreprises pour expliquer ce qu’est l’assurance.

En ce qui concerne l’offre, ce qui est fait dans nos marchés matures peut être déployé en Afrique. Néanmoins, nous croyons plus en une solution africaine, fidèle aux besoins du continent, car dupliquer une solution étrangère n’est pas gage de réussite. Nous avons, par exemple, créé une mutuelle agricole au Sénégal, qui permet de couvrir toute l’année des travailleurs saisonniers.

Enfin, le secteur informel, majoritaire en Afrique, est difficile à atteindre par les courtiers et assureurs. Développer une offre adaptée permettrait de leur rendre l’assurance plus attractive.

Comment Gras Savoye s’adapte-t-il au saut technologique que connaît l’Afrique ?

Des travaux sont en cours. Nous avons développé l’application GS Medlink, une application mobile de géolocalisation des prestataires de soins de santés.

Le digital est aussi un outil de distribution et d'accès à l'assurance, notamment la micro-assurance. Nous avons expérimenté des solutions de gestion de frais de santé et individuels Accident sur mobile.

Les remboursements et les primes sont payés en unité de valeurs qui sont réutilisables pour régler factures ou retirer des espèces.

 

[1] Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance

 

Lynda EL MEZOUED

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