Le temps joue pour les énergies renouvelables
Défi de nombreux gouvernements, le développement des énergies renouvelables ambitionne de garantir une production d’énergie suffisante tout en préservant les ressources de notre planète. Pour y arriver, les États investissent massivement. En la matière, l’Europe est en tête avec une progression de 3 % de ses investissements à 70,9 milliards de dollars en 2016. Une tendance à la hausse que ne semble pas partager par le reste du monde. Après une année 2015 record en termes de financements, certains pays à l’instar du Japon (- 43 % à 22 milliards de dollars) ou encore le Chili (- 80 % à 821 millions de dollars) ont marqué le pas. Pour l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), ces investissements sont globalement loin d’être suffisants.
Des investisseurs impliqués
En France, malgré une baisse de 5 % (15 milliards de dollars), les pouvoirs publics veulent assurer la montée en puissance de ces filières. Sous l’impulsion de Ségolène Royal, l’actuelle ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, le lancement de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) entend fixer la trajectoire à suivre en matière de politique énergique nationale. Mais c’est aussi l’occasion pour les investisseurs très au fait de ces problématiques d’avoir une meilleure visibilité. Le groupe EDF par l’intermédiaire de sa filiale EDF Énergies Nouvelles accélère son déploiement par la construction de pas moins de huit parcs d’éoliennes et de panneaux solaires. Engie, quant à elle, affiche la volonté d’aller au-delà des objectifs du PPE au moyen d’un volume important de projets dont l’installation de 2 000 mégawatts (MW) d’éolien et 700 mégawatts de solaire d’ici 2021. Sur la même lancée, la ministre a lancé deux appels d’offres dans le photovoltaïque pour une capacité totale de 4 500 MW sur trois ans.
Renouvelable et nucléaire au coude à coude
Cependant, en dépit de ces initiatives, la France reste bien loin des objectifs qu’elle s’était fixés dans le cadre du « paquet énergie-climat ». Elle accuse un retard en ce qui concerne la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie. Cette dernière devait représenter 23 % en 2020. Mais à l’heure actuelle, les énergies vertes ne comptent que pour 14,9 % dans le mix énergétique.
Une énième déception pour les promoteurs de la filière... qui demeurent toutefois optimistes. Le coût de production des énergies renouvelables dans leur ensemble restent très supérieure à celui du nucléaire. D’après les chiffres les plus récents fournis par la commission de régulation et de l’énergie ainsi que la Cour des Comptes (2013), l’électricité nucléaire coûte 59,8 euros par mégawatts heure (MWh), contre 82 €/MWh pour l’éolienne terrestre ou 229 €/MWh pour le photovoltaïque. Un tel écart s’explique principalement par des installations coûteuses et l’insuffisance temporaire de ressource (ex : vent, soleil). Mais une récente étude de l’Agence de l’environnement et la maîtrise de l’énergie (Ademe) de 2016 a démontré que les progrès technologiques en matière d’énergie verte permettaient de les rendre de plus en plus en compétitives : le coût de l’éolien a baissé de 30 % entre 2010 et 2015 et celui des modules photovoltaïques de 70 %. À cela s’ajoute, la hausse des investissements de maintenance et de suretés dans le nucléaire. De quoi permettre à l’énergie verte d’être enfin l’alternative de la transition énergétique ? D’après Cédric Philibert, analyste de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), à l’horizon 2020, l'énergie nucléaire coûterait plus chère à produire que les énergies renouvelables.
Gatien Pierre-Charles