Cédric Messina (My Coach) : « L’écosystème est très fertile en matière d’aides au développement des start-up »
Décideurs. En 2015 My Coach affichait un chiffre d'affaires de 500 000 euros. Votre ambition était alors de doubler ce chiffre en 2016 et d’atteindre la rentabilité en 2017. Êtes-vous confiant sur votre capacité à atteindre ces objectifs ?
Cédric Messina. Nous sommes dans les temps de passage. Chaque année, notre chiffre d’affaires connaît une augmentation de 80 %. En principe, nous devrions être à l’équilibre pour la saison 2017/2018, mais tout dépendra des investissements que nous réaliserons.
Vous avez créé My Coach en 2011. En 2013 ACG Management avait réalisé un premier investissement de 600 000 euros. L’année dernière, le fonds a participé à une nouvelle levée. Comment s’est-elle déroulée ? Quel regard portez-vous sur l’écosystème de soutien aux start-up ?
ACG Management, BPIFrance et les deux associés fondateurs dont je fais partie ont participé à une nouvelle levée de fonds de 2,6 millions d'euros. Le soutien à la croissance des start-up est un marché d’opportunité. L’écosystème est actuellement très fertile en matière d’aides au développement. Je pense cependant qu’il manque un grand fond dédié au sport-tech. Aucun acteur majeur n’a encore émergé sur ce segment d’activité.
Construire une marque forte à l’international
Quels projets souhaitez vous concrétiser ?
Nous souhaitons réussir la verticale entre le football professionnel et le football amateur. Aujourd’hui, il y a aussi une opportunité de créer une vraie marque française à l’international. On jette toutes nos forces dans la bataille. My Coach a déjà conquis des parts de marché en Italie, au Danemark et en Suisse. Comme le montre la dynamique de la French Tech, le gouvernement a pris conscience que les belles start-up hexagonales pouvaient trouver de nouveaux relais de croissance au-delà de nos frontières. Notre ambition ultime et de devenir la plateforme de solutions numérique multisports incontournable en déclinant le modèle appliqué au football dans d’autres sports comme le cyclisme ou le rugby.
Le marché dans lequel vous évoluez est très fragmenté. Vous voyez cela comme un frein ou une opportunité de développement ?
Nous souhaitons consolider le marché et devenir un acteur d’envergure mondiale. Pour cela, il faudrait faire de My Coach une marque forte à l’international. Nous avons des contacts réguliers avec d’autres acteurs. Nous ne fermons pas la porte à l’intégration de solutions développées par d’autres start-up comme nous l’avons d’ailleurs déjà fait par le passé.
Nous sommes avant tout des entrepreneurs
Comment My Coach compte réussir son développement à l’international, et notamment en Chine ?
Notre stratégie de développement international est assumée avec la traduction de nos produits en 31 langues et une présence dans 78 pays. Pour réussir à entrer sur le marché chinois, nous avons conclu un partenariat pour une durée de trois ans avec la Fédération Française de Football. La FFF vient d’ouvrir un bureau à Pékin par l’intermédiaire de son directeur de développement. C’est un deal gagnant-gagnant. Sur un marché aussi complexe, mieux vaut rester uni. La fédération dispose d’une certaine légitimité tandis que nous apportons notre savoir-faire en matière de digital et plus particulièrement d’e-learning. Il faut être honnête, nous ne serions pas allés sur ce marché seuls. Le fait d’être partenaire de la FFF est fabuleux pour nous, cela minimise les risques et nous offre de très belles opportunités de développement.
Que peut-on vous souhaiter pour ces prochaines années ?
Nous souhaitons pérenniser notre activité et devenir un leader à l’international. Il faudra pour cela contrecarrer la concurrence d’applications gratuites qui développent leur produit sans modèle économique viable. Nous sommes avant tout des entrepreneurs. On parle d’entreprise du numérique. otre réussite repose donc sur la création d’un modèle économique pérenneN. Il est essentiel de trouver l’efficacité dans ce que nous faisons, sans mettre trop d’affectif. Certains voient leur start-up comme leur bébé et n’osent pas transformer leur modèle ou passer la main. Cela se fait malheureusement au détriment de la pérennité de leur structure. Il est difficile de trouver le bon équilibre. Le meilleur que l’on puisse nous souhaiter et de conserver pragmatisme et raison dans cette phase de croissance exponentielle.
Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurelien)