Bertrand Rambaud (Siparex) : « Notre objectif est de passer la barre des 2 MD€ d'actifs dès 2020 »
Dealmakers. Siparex célèbre ses quarante ans d'existence. Quel bilan faîtes-vous du temps écoulé ?
Bertrand Rambaud. Quarante ans dans le métier du capital-investissement, c'est une belle histoire. D'autant plus que Siparex a effectué ce parcours de manière indépendante. Ce qui demeure intéressant, c'est de voir que notre maison a su s'adapter à l'évolution des besoins de financement des entreprises à travers le temps : nous avons commencé par le capital-développement mais aujourd'hui nous comptons également des activités de capital-innovation (pour les plus petites entreprises), de midmarket (plus de 100 M€ de valorisation) et de dette mezzanine. Nous voyons Siparex comme une entreprise plutôt qu'un fonds d'investissement, une plate-forme dont les contours bougent mais dont la base reste la même. C'est 1,6 MD€ d'actifs sous gestion en France essentiellement, et également en Europe du Sud, en Allemagne et en Afrique du Nord avec un partenariat.
Concernant la mezzanine précisément, certains investisseurs craignent que l'activité soit en perdition... Quel est votre sentiment ?
Le capital-investissement est un métier d'offre par lequel nous concevons des produits de financement répondant aux besoins évolutifs d'une entreprise. Je ne partage pas la thèse de la disparition de la dette mezzanine. Effectivement, son contrepoint facile est d'expliquer que les taux d'intérêt étant tellement bas aujourd'hui, personne ne souhaiterait aller payer un fonds mezzanine 10 à 12 % plus cher pour « leverager ». Si l'on réfléchit comme cela, on n'a pas compris la valeur de la mezzanine. Ce n'est pas du surendettement plus coûteux : c'est un complément aux fonds propres. Elle nous permet d'aider des dirigeants entrepreneurs qui ne peuvent pas, ou ne veulent pas, ouvrir leur capital, tout en conservant l'approche « apports en capital ». Elle est d'ailleurs analysée comme telle par les agences de notation. Notre activité mezzanine a été très bonne en 2016.
Lorsque l'on voit la polarisation des acteurs du private equity en région parisienne, les meilleures opportunités de deal ne seraient-elles pas en province ?
Je pense que le marché français est profond et regorge d'entreprises aux profils différents. Ces belles sociétés ne sont pas à Paris VIIIe. Chez Siparex, nous avons fait le choix d'être multi-régional et sur le terrain car l'écosystème de Lille n'est pas celui de Lyon ou de Nantes. Il faut y vivre pour le comprendre. Nous sommes dans une période dynamique pour le private equity où les multiples de valorisation sont élevés et les deals parfois compliqués à dénicher pour certaines équipes de gestion. Ces dernières années, notre bon développement est dû à notre présence locale en régions, l'Île-de-France incluse.
2016 fut effectivement un bon millésime. Vous avez notamment été à l'achat sur Grand Frais...
(Rires). Oui, bien sûr, c'est une belle opération. Denis Dumont, fondateur et actionnaire de Grand Frais, a un parcours d'entrepreneur remarquable. Grand Frais a su s'inspirer des halles traditionnelles et des marchés couverts pour distribuer les fruits et légumes, puis les fromages, la viande, le poisson et des produits d'épicerie. Ce sont 184 magasins en France et une implantation en Belgique.
Quelles sont les nouveautés au programme de 2017 ?
Nous allons bien sûr essayer de faire mieux ce que nous faisons déjà : aider les entreprises à grandir et rendre de l'argent à nos partenaires financiers. Cela passera notamment par le recrutement d'un Digital Officer qui aura pour mission de challenger nos différentes participations. C'est une mesure peu commune mais nous pensons qu'elle aura un impact en amont d'une opération et durant la vie de nos sociétés. Pour conclure, à l'horizon 2020, notre objectif est de passer la barre des 2 MD€ d'actifs en portefeuille. Notre quatrième fonds dédié au midmarket, en cours de levée, vise davantage que son prédécesseur avec 250-300 M€.
FS