Jamie Dimon (J.P.Morgan) : « Les fintechs obligent les institutions financières à s’adapter »
Pour réussir, nous avons besoin d’innover tout le temps. Investir dans le futur est essentiel pour notre activité et notre croissance. Chaque année, nous nous demandons : « Faisons-nous assez ? Devrions-nous dépenser plus ? » Nous ne réduirons jamais ces dépenses pour respecter un budget ou atteindre nos objectifs de résultat. Est-ce qu’une compagnie aérienne est prête à faire économies sur la maintenance de ses avions ? Nous sommes d’accord, ce serait une mauvaise idée. L’an dernier nous avons dépensé plus de neuf milliards de dollars sur des projets technologiques. Plus important encore, 30 % de ce total étaient des investissements pour le futur. Aujourd’hui, nous employons plus de 40 000 profils technologiques, du programmeur à l’analyste en passant par l’ingénieur et le designer d’applications.
Neuf milliards de dollars investis
De plus, nous disposons de 31 data centers, de 67 000 serveurs physiques, de 27 920 data bases et d’un réseau global qui fonctionne pour l’ensemble des clients. Nous avons aussi bien besoin d’innover sur des sujets globaux que sur des thématiques plus limitées. Très souvent, l’innovation vient par grandes vagues, comme l’arrivée des ordinateurs, de l’Internet ou des smartphones. Cependant, de nombreuses innovations importantes impliquent de simples modifications qui, en s’accumulant au fur et à mesure des années, créent un nouveau produit ou un nouveau service qui fonctionne mieux et plus rapidement. Pour animer cela, nous disposons d’une équipe digitale en pleine croissance. Forte de plus de 400 professionnels, elle se concentre sur l’amélioration de nos produits et plate-formes et sur l’innovation.
La technologie nous permet d’améliorer nos économies d’échelle pour le bénéfice de nos clients. Les banques ont toujours innové et elles continueront à le faire. Pour illustrer ce propos, j’aimerai donner deux exemples sur lesquelles les banques ont su innover pour améliorer leurs services. Le premier est le compte bancaire. Il y a encore dix ans, il ne donnait droit qu’à un chéquier et à un relevé mensuel. Aujourd’hui, le client peut disposer de plusieurs avantages : une carte bancaire, un accès 24h/24H grâce à Internet, des alertes pour les fraudes ou encore une applications afin d’accéder partout à votre compte.
Les banques ont toujours innové
Le deuxième point est le coût sur les mouvements de capitaux. Il y a trente ans, il fallait débourser en moyenne 15 cents par action pour réaliser une opération boursière, 100 points de bases pour acheter ou vendre une obligation d’entreprise note A et 200 000 dollars pour réaliser un swap de 100 millions de dollars. Aujourd’hui, pour chacune de ces opérations, les coûts ont été divisé par dix. Et la qualité de service a également augmenté : les erreurs sont moins fréquentes, la sécurité améliorée et les opérations peuvent être opérées depuis un smartphone.
Contrairement à ce que l’on peut penser, les fintechs ne sont pas un phénomène nouveau. Depuis le début de ma carrière, j'en entend parler. La tendance s'amplifie seulement et gagne en vitesse. Si les banques innovent, il faut reconnaître aux fintechs le mérite d’utiliser les nouvelles technologies pour analyser et résoudre des problèmes. De ce fait, elles ont une grande capacité à améliorer l’expérience client. Très souvent, elles trouvent le moyen de fournir un service plus efficace, plus rapide et moins coûteux.
Dans certains cas, le produit est tellement révolutionnaire que le client est prêt à payer pour y accéder. C’est notamment le cas dans le prêt et les services de paiement. Face à ces changements, il est clair que les fintechs vont obliger les institutions financières à s’adapter plus rapidement. Les régulateurs et les gouvernements doivent également prendre en compte ces changements. De notre côté, nous prenons ces changements très au sérieux et continuons à surveiller le marché et les fintechs. Si nécessaire, nous avons les capacités financières pour acquérir des sociétés technologiques. Nous n’excluons néanmoins pas la possibilité de nouer des partenariats. Nous sommes déjà partenaires avec plus de 100 fintechs. Chaque métier a des points faibles et cela peut être exploités par nos concurrents. C’est comme cela que les marchés fonctionnent. À nous de faire en sorte de profiter de ces opportunités avant eux.
Pour lire en anglais l’intégralité de la lettre aux actionnaires, cliquez sur le lien.
À? venir :
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