Patron des fonds directs chez Ardian, Dominique Gaillard ne partage pas vraiment l'opinion du cofondateur de Carlyle, David Rubenstein, quant à l'avenir de la rémunération des GPs. Explications.

Décideurs. David Rubenstein, cofondateur de Carlyle, estime que le monde du private equity sera bientôt bousculé par la révision à la baisse des fees versés par les LPs aux GPs. Quel est votre avis ?

Dominique Gaillard. Je ne pense pas que ce soit vraiment le cas. À mon avis, les principes historiques de rémunération des GPs ne devraient évoluer que marginalement. Selon moi, il faut faire la distinction entre les fonds LBO pour lesquels les standards sont bien établis et ne bougeront pas (1,5 % à 2 % de management fees basés sur le commitment et 20 % de carry), et les fonds de fonds primaires, où l’érosion des montants levés et de la rentabilité associée conduisent inexorablement à un modèle de management fees basés sur le capital réellement déployé. Pour les structures de private debt, on voit de plus en plus une rémunération en fonction de la NAV (net asset value) des portefeuilles sous-jacents.

 

Décideurs. Sans même évoquer les fees versés pour la gestion de fonds dont la maturité est plus longue ?

D. G. Exactement. Il semble par exemple que le dernier fonds levé par CVC, d’une durée de vie de quinze ans, ait été constitué avec un niveau de rémunération adapté à la longue maturité du fonds. Mais pour les autres véhicules, établis pour investir de huit à dix ans (95 % du marché), aucune évolution sensible n’est à venir dans la sphère LBO.

 

Décideurs. Au rang des actualités chez Ardian, on note les levées de 2,65 MD€ pour le fonds infra et de 1,1 MD€ pour le co-investissement. Quel est le champ d’intervention précis de ces moteurs de croissance pour votre groupe ?

D. G. Le fundraising de notre véhicule dédié à l’infra a été très réussi grâce au track record de l’équipe. De plus, les fonds qui promettent un rendement courant (infrastructure/dette) sont une proposition très alléchante - en cette période de taux historiquement bas- pour les fonds de pension et les assureurs. Parmi nos souscripteurs, nous avons le plaisir de compter aussi des fonds souverains et des family offices, ces derniers se manifestant habituellement plus pour des produits LBO ou growth

Le fonds investit dans des actifs dits core infra, régulés ou non, et situés autour des services de distribution d’eau, de gaz, d’électricité, des transports et de l’énergie renouvelable (dans la limite de 20 % du véhicule). Ainsi nous sommes déjà propriétaires de l’aéroport de Luton en Angleterre ou d’Indigo (anciennement Vinci Park).

 

Concernant notre fonds de Coinvestissement de 4eme génération (1,1 MD€), il a vocation à investir aux côtés de GPs dans le monde entier sur des dossiers de buyout. Près de deux tiers de nos participations sont aux États-Unis. Les GPs que nous accompagnons apprécient notre réactivité et notre capacité à nous engager rapidement à leurs côtés afin de leur permettre de sécuriser l'investissement en capital nécessaire aux acquisitions qu'ils étudient.

 

Décideurs. Vous avez réalisé un bon nombre de cessions en 2015-2016. Vous avez aussi fait la part belle à l’Italie et au secteur de l’agroalimentaire. Doit-on en déduire une tendance générale ?

D. G. C’est vrai, nous avons plutôt été à la vente qu’à l’achat, en Italie mais pas seulement. Par ailleurs, chaque fonds développe progressivement des expertises fortes sur certains segments. Ardian est aujourd’hui très fort dans la chimie, l’agroalimentaire (où nous avons fait les deals Irca et Solina) ou encore le healthcare. Nous essayons de faire du repeat business dans la mesure du possible et du pertinent.

 

FS / AV

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