Malgré la baisse des taux d’intérêt imposée par la BCE, l’inflation et la croissance ne repartent toujours pas. L’institution va-t-elle changer de politique monétaire ?

Avec une croissance positive de 1,6 % au troisième trimestre de 2015, la zone euro confirme son léger rebond après les 1,5 % affichés au deuxième quartant. Une tendance qui devrait se poursuivre en 2016 selon Lieven Jacobs, P-DG de Quilvest Asset Management : « Malgré un taux de chômage toujours élevé, il y a clairement des points positifs. Autant dans l’industrie, les services et la construction, il y  a plus de confiance, ce qui révèle un potentiel de croissance sur le long terme. » Si cette dernière repart, le taux de chômage reste, quant à lui, à des niveaux élevés. En Europe, il s’élève toujours à 10,7 %. Mais là encore, les économistes sont optimistes pour 2016 : « D’ici fin 2016, le chômage peut descendre sous la barre des 10 %, sous condition que la France fasse sa contribution », estime Lieven Jacobs. Autre ombre au tableau, l’inflation. Sur un an, elle s’est élevée à seulement 0,2 %. Malgré une politique monétaire agressive de la BCE, on est bien loin des 2 %, objectif affiché de l’institution.

 

La BCE ira jusqu’au bout

 

Comment expliquer un tel décalage ? Faute de demande, nombreuses sont les banques à ne pas pouvoir écouler l’ensemble de leur crédit. Un scénario qui frappe déjà l’économie japonaise qui lutte depuis une décennie contre la déflation. « La BCE est consciente des limites du marché, elle mène une politique sérieuse : elle joue son jeu, respectant les contraintes, mais elle s’est engagée à aller jusqu’au bout », explique Lieven Jacobs. Elle s’est notamment servie des marchés financiers pour revendre les titres de dettes douteuses des banques et a fait baisser les taux d’intérêt. En mars dernier, elle s’est engagée à racheter soixante milliards d’actifs par mois jusqu’en mars 2017. En janvier dernier, elle maintenait également son taux directeur à 0,05 %.Une situation d’autant plus « serrée » que la menace d’une hausse de l’euro plane toujours. Autre danger, le ralentissement de l’économie chinoise. Une chose est sûre, la BCE ne baissera pas les bras. Mario Draghi, son président, a indiqué qu’il reverrait si nécessaire son plan d’action en mars prochain au vu des « risques » qui menacent la zone Euro. Bref, la politique de taux bas a encore de beaux jours devant elle.

 

Vincent Paes et Richard Trainini

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