Les pays émergents, nouveaux malades de l’économie mondiale
Malgré ses problèmes économiques récurrents, l’Europe n’a pas été au centre des discussions de l’assemblée générale de la Banque mondiale et du FMI le 7 octobre dernier à Lima. Avec sa plus « faible » croissance depuis vingt-cinq ans, la Chine a attiré toutes les attentions. Car si le géant asiatique s’essouffle, tous les pays émergents risquent de trembler à leur tour : c’est son appétit pour les matières premières qui a permis à ces économies de croître au cours du XXIe siècle.
75 % de la croissance
Lors de ce sommet, le FMI a ainsi revu à la baisse l’expansion économique des pays émergents. Pour cette année, elle passe de 4,2 % à 4 %. Si cette baisse peut paraître pour le moment anecdotique, ses conséquences à moyen terme sont bien plus sérieuses. Désormais, les pays émergents représentent 40 % du PIB mondial, contre 25 % dix ans plus tôt et « 75 % de la croissance vient des pays émergents », insiste Christian Déséglise, managing director chez HSBC en charge des activités avec les banques centrales.
Tous les indicateurs macroéconomiques montrent que ces pays vont stagner. En 2013, la balance courante des pays émergents est devenue inférieure à celle des pays développés. Un an plus tard, elle passe en négatif alors qu’elle atteignait 5 % du PIB en 2010. Pire, ils ont, pour la première fois depuis 2002, affichés un déficit plus important que les pays développés. Niveau dette, les émergents ont encore de la marge par rapport aux pays matures : en 2015, les premiers affichent une dette moyenne s’établissant à 45 % du PIB, contre environ 105 % du PIB pour les seconds. Seul problème, les marchés financiers sont plus que méfiants vis-à-vis des pays du Sud. Dans son rapport sur la stabilité financière mondiale, le FMI évalue à 3 000 milliards de dollars le surendettement de ces économies.
La Chine résiste
Des tendances qui devraient s’accentuer : la hausse attendue des taux d’intérêt américains favoriserait la sortie des capitaux des pays émergents. L’impact du taux de change est également un frein au développement de ces économies. « Le dollar s’est apprécié contre toutes les devises émergentes. Le real brésilien arrive en tête avec 47 % de dépréciation entre décembre 2014 et octobre 2015. Une tendance de fonds qui va sûrement se poursuivre en 2016 avec des progressions toutefois moins marquées. Par exemple 8 % pour le real », analyse Éric Popelin, responsable de la vente de produits de change grands clients chez HSBC France.
Seul espoir pour les pays émergents, que la Chine retrouve rapidement son appétit pour les matières premières. Mais là encore, les voyants ne virent pas au vert avec une croissance en baisse, un investissement en berne, des marchés financiers volatils et un secteur industriel en reconversion. Christian Déséglise se veut rassurant : « Le ralentissement de la croissance chinoise correspond tout simplement à une transition de son économie du secteur secondaire au secteur tertiaire. Si les services produisent moins de valeur, ils contribuent à la création de plus d’emplois et favorisent ainsi la consommation intérieure. » Malheureusement, ce n’est pas ce type de croissance qu’attendent les pays émergents…
V. P.