Alex Macpherson (Octopus) : « Une équipe de grande qualité transformera une idée simple en une société remarquable »
Décideurs. Octopus met l’accent sur le soutien aux entrepreneurs. Comment jugez-vous l’équilibre actuel entre les genres féminin/masculin ?
Alex Macpherson. L’un des défis auxquels l’industrie fait face aujourd’hui est de porter davantage de femmes à la tête d’entreprises. Dans notre portefeuille, le nombre de femmes P-DG est assez élevé, bien que la prédominance des hommes dans les équipes seniors soit évidente. C’est dommage, en particulier lorsque vous considérez qu’il y a des secteurs tels que le retail qui ont pour plus de la moitié de femmes comme clients.
Décideurs. Est-ce que les entrepreneurs talentueux sont-ils toujours synonymes d’entreprises à succès ?
A. M. En tant que VC, nous nous concentrons sur l’humain. Nous pensons qu’un entrepreneur d’exception et une bonne équipe autour de lui peuvent créer une firme très spéciale. Une équipe de grande qualité transformera une idée simple en une société remarquable. En revanche, une idée exceptionnelle, exécutée par une équipe médiocre, ne peut pas vraiment déboucher sur une entreprise florissante. La technologie ou le produit peuvent être excellents, mais en réalité, le facteur clé reste l’humain.
Décideurs. Comment analysez-vous le marché des start-up européen par rapport au marché américain ?
A. M. Le changement que nous avons observé dans le champ entrepreneurial ces dernières années a été énorme. Le système entier a crû et développé une activité complètement différente de celle qui existait auparavant. Cela tend à s’articuler autour de certains centres, comme Londres, Berlin et Stockholm. Notre marché principal restera pour nous le Royaume-Uni. Une chose importante : aujourd’hui, nous avons des modèles que nous n’avions pas comme Blablacar en France, Spotify dans le Nord et l’industrie vidéoludique à Londres. Cela aide les start-uppers et même les capital-risqueurs à stimuler et orienter la croissance.
Quant au marché américain, nous pourrions penser qu’il est facile pour les sociétés qui sont habituées à traiter avec des consœurs régionales d’entrer sur le marché américain. En fait, même pour un entrepreneur britannique, il n’est pas simple de comprendre un homologue américain. L’attitude et la mentalité sont très différentes. Il faut absolument avoir des Américains dans votre équipe afin de communiquer avec d’autres étasuniens. Je pense tout de même que les Européens ne devraient pas éprouver tant de difficultés à aborder le marché de l’Europe de l’Est par exemple parce qu’ils ont l’habitude des rapports transfrontaliers.
Décideurs. Pourriez-vous conclure des opérations sur le marché français ?
A. M. Bien que nous n’ayons pas investi en France spécifiquement, nous avons considéré plusieurs propositions. Je pense que nous y ferons des investissements et les membres français de notre équipe y contribueront grandement.
Décideurs. Nous voyons actuellement des firmes de capital-risque faire équipe avec des fonds de buyout aux États-Unis. Quel regard portez-vous sur cette tendance ?
A. M. Je pense qu’il y a une sphère entrepreneuriale bien établie aux États-Unis. Le marché du capital-risque existe depuis un certain temps et il y a des fonds à des stades variés de développement. Le marché des introductions en Bourse est aussi très actif, avec des investisseurs qui comprennent les opportunités d’hyper-croissance. En Europe, nous avançons dans la bonne direction, avec plus de business angels et de véhicules seed/early stage. Sur la même idée que cette alliance américaine, Octopus a lancé son dernier fonds afin de soutenir les organisations que nous avons financées au stade initial par le passé. Cela devrait aider les compagnies à grandir et à devenir des acteurs mondiaux. En ce moment, rares sont les occasions pour ces dernières, à un stade avancé, d’être financées en dehors des fusions et acquisitions ou des introductions en Bourse.
Firmin Sylla, traduit en français par Flora McFarlane