Le casse-tête du projet de loi de finances 2016
Ce n’est pas sans raison que le dernier budget tricolore à l’équilibre remonte à 1981. Alors que les recettes diminuent, les dépenses de l’État, elles, ne cessent d’augmenter. Résultat, selon le premier projet de loi de finances du 15 octobre, le déficit public devrait atteindre 72 milliards d’euros en 2016, soit 3,3 % du PIB. Un budget qui ne respecte donc toujours pas l’objectif de 3 % du pacte de stabilité et de croissance européen. Et les diverses promesses du gouvernement n’ont pas arrangé les choses. Au total, ce sont six milliards d’euros de dépenses supplémentaires qu’il faudra financer, dont deux milliards d’euros pour la baisse d’impôts promise par François Hollande et un milliard d’euros pour le plan numérique de novembre 2014. Sans compter certaines annonces qui n’ont pas encore été incluses au PLF 2016 : les 150 millions d’euros de crédits pour le climat et l’aide au développement, les 250 millions d’euros consacrés à l’accueil des réfugiés ou encore les cent millions d’euros que l’État a renoncé à prélever sur le budget des universités.
Quatre milliards d’euros d’économies non identifiées
Pour compenser ces dépenses, le gouvernement s’est engagé dans le PLF 2016 à réaliser seize milliards d’euros d’économies l’année prochaine. Ventilées en 5,1 milliards pour l’État, 3,5 milliards pour les collectivités territoriales et 7,4 milliards par la sécurité sociale, ces réductions de coûts demeurent encore floues. Selon Valérie Rabault, la rapporteure générale du budget, un peu plus de quatre milliards de restriction budgétaire restent « non documentés » par des mesures identifiables. Entre 650 et 850 millions d’euros d’économies seront rendues possibles par des réductions de coûts des ministères. Christian Eckert, secrétaire d’État au Budget, rappelait devant l’Assemblée nationale que « nous avons un principe de financement de toute dépense nouvelle par des économies et nous nous y tenons ». Car côté recettes, l’État ne se fait pas trop d’illusions. La hausse du chômage ainsi que la croissance atone ne permettent pas une augmentation des revenus estimés à 286 milliards d’euros.
S.S.S.