Pour le responsable des activités de financements de SG CIB, le financement passera nécessairement davantage par les marchés de capitaux.
Entretien avec Pierre Palmieri, Société générale CIB
Décideurs. Quel a été l’impact de Bale III sur les activités de financement de SG CIB?
Pierre Palmieri. Les ratios de liquidité introduits par Bale III sont à resituer au sein de l’ensemble des changements qui ont affecté le paysage financier et réglementaire. La crise de 2008 avait impacté les activités de marché des banques. Celle d’août 2011 a contraint les banques européennes à repenser leur modèle d’activité de financement. En effet, à la suite de la crise de 2011, le coût de la liquidité sur les maturités longues est devenu plus élevé et les exigences de liquidité sous Bâle III poussent les banques à détenir des sources de financement de long terme face aux prêts à long terme.
Nous nous orientons donc vers un nouveau modèle bancaire moins consommateur de bilan et avec un renforcement de la distribution, ce qui veut dire concrètement que les marchés vont jouer un rôle plus important dans le financement de l’économie.
Les banques s’adaptent donc d’une part en augmentant leurs ressources à long terme et d’autre part en accompagnant davantage les entreprises sur les marchés de capitaux.
Décideurs. L’essor du modèle Originate to Distribute ne tend-il pas à rapprocher les activités de financement bancaire de celles des marchés de capitaux ?
P. P. Le modèle Originate to Distribute comprend en réalité une multitude de formes dont certaines sont bien connues. Les marchés obligataires par exemple sont le premier outil de désintermédiation : les entreprises ont levé plus de 248 milliards d’euros sur ce marché en 2012 ce qui en fait la deuxième meilleure année de tous les temps. L’année dernière, SG CIB a arrangé davantage d’obligations que de crédits syndiqués. Par ailleurs, nous avons développé notre offre en dollars et en livres sterling ce qui nous permet d’accompagner nos clients avec une palette complète de devises.
Les project bonds, dont les volumes ont été multipliés par deux en 2012, sont des instruments de plus en plus attractifs pour financer les grands projets d’infrastructure. Grâce à notre expertise dans ce domaine et aux efforts de pédagogie réalisés auprès des sponsors et investisseurs, nous voyons maintenant qu’une véritable convergence des intérêts s’opère. Nous en constatons les premiers résultats avec 3 500 milliards de dollars de project bonds émis avec SG CIB en tant que bookrunner en 2012.
Plus récemment, nous avons participé à l’émergence du marché de l’Euro Private Placement (Euro PP) qui permet aux émetteurs de taille intermédiaire ne disposant pas de notation financière de placer des obligations auprès d'un nombre restreint d'investisseurs institutionnels. SG CIB totalise près de 40 % de part de marché sur ce créneau en 2012 et a participé à des opérations emblématiques avec de grands corporates français comme Lactalis, Neopost ou Soufflet en décembre dernier.
De nombreux autres moyens de financement (bridge to bonds, cofinancements, syndication de funding…) mettent en avant le rôle d’intermédiaire et de conseil des banques dans l’analyse des attentes des investisseurs – banques, fonds de pension, assureurs, fonds souverains… – afin de conseiller les entreprises dans l’adaptation de leur offre de dette. Nous travaillons donc beaucoup par reverse inquiry.
L’idée n’est donc pas à proprement parler de rapprocher financement bancaire et marchés de capitaux mais d’équilibrer le mix prêt bancaire/marchés de capitaux.
Décideurs. Quelle est la stratégie de SG CIB face à cette nouvelle donne ?
P. P. Ce paysage axé vers davantage de distribution s’inscrit dans une évolution de long terme des modes de financement en Europe et SG CIB possède de nombreux atouts pour être un acteur de poids sur ce marché.
Nous avons commencé très tôt nos efforts sur les marchés de capitaux : nous disposons d’ores et déjà d’une solide franchise auprès des entreprises pour les émissions en euros et sommes présents sur les project bonds depuis plus de dix ans. Plus récemment, nous avons établi nos plates-formes en dollars et en livres sterling qui nous permettent d’accompagner nos clients dans le monde entier et nous comptons étoffer courant 2013 un dispositif high-yield aux États-Unis qui viendra compléter notre offre déjà présente en Europe. Nous avons également considérablement développé notre base d’investisseurs et nous comptons continuer nos efforts pour accroître notre capacité de distribution.
Enfin, nous bénéficions naturellement de nos franchises historiques dans les financements structurés et en ingénierie financière, et de nos expertises sectorielles (énergie et ressources naturelles) qui sont un véritable outil de différentiation au sein de l’industrie.
Pierre Palmieri. Les ratios de liquidité introduits par Bale III sont à resituer au sein de l’ensemble des changements qui ont affecté le paysage financier et réglementaire. La crise de 2008 avait impacté les activités de marché des banques. Celle d’août 2011 a contraint les banques européennes à repenser leur modèle d’activité de financement. En effet, à la suite de la crise de 2011, le coût de la liquidité sur les maturités longues est devenu plus élevé et les exigences de liquidité sous Bâle III poussent les banques à détenir des sources de financement de long terme face aux prêts à long terme.
Nous nous orientons donc vers un nouveau modèle bancaire moins consommateur de bilan et avec un renforcement de la distribution, ce qui veut dire concrètement que les marchés vont jouer un rôle plus important dans le financement de l’économie.
Les banques s’adaptent donc d’une part en augmentant leurs ressources à long terme et d’autre part en accompagnant davantage les entreprises sur les marchés de capitaux.
Décideurs. L’essor du modèle Originate to Distribute ne tend-il pas à rapprocher les activités de financement bancaire de celles des marchés de capitaux ?
P. P. Le modèle Originate to Distribute comprend en réalité une multitude de formes dont certaines sont bien connues. Les marchés obligataires par exemple sont le premier outil de désintermédiation : les entreprises ont levé plus de 248 milliards d’euros sur ce marché en 2012 ce qui en fait la deuxième meilleure année de tous les temps. L’année dernière, SG CIB a arrangé davantage d’obligations que de crédits syndiqués. Par ailleurs, nous avons développé notre offre en dollars et en livres sterling ce qui nous permet d’accompagner nos clients avec une palette complète de devises.
Les project bonds, dont les volumes ont été multipliés par deux en 2012, sont des instruments de plus en plus attractifs pour financer les grands projets d’infrastructure. Grâce à notre expertise dans ce domaine et aux efforts de pédagogie réalisés auprès des sponsors et investisseurs, nous voyons maintenant qu’une véritable convergence des intérêts s’opère. Nous en constatons les premiers résultats avec 3 500 milliards de dollars de project bonds émis avec SG CIB en tant que bookrunner en 2012.
Plus récemment, nous avons participé à l’émergence du marché de l’Euro Private Placement (Euro PP) qui permet aux émetteurs de taille intermédiaire ne disposant pas de notation financière de placer des obligations auprès d'un nombre restreint d'investisseurs institutionnels. SG CIB totalise près de 40 % de part de marché sur ce créneau en 2012 et a participé à des opérations emblématiques avec de grands corporates français comme Lactalis, Neopost ou Soufflet en décembre dernier.
De nombreux autres moyens de financement (bridge to bonds, cofinancements, syndication de funding…) mettent en avant le rôle d’intermédiaire et de conseil des banques dans l’analyse des attentes des investisseurs – banques, fonds de pension, assureurs, fonds souverains… – afin de conseiller les entreprises dans l’adaptation de leur offre de dette. Nous travaillons donc beaucoup par reverse inquiry.
L’idée n’est donc pas à proprement parler de rapprocher financement bancaire et marchés de capitaux mais d’équilibrer le mix prêt bancaire/marchés de capitaux.
Décideurs. Quelle est la stratégie de SG CIB face à cette nouvelle donne ?
P. P. Ce paysage axé vers davantage de distribution s’inscrit dans une évolution de long terme des modes de financement en Europe et SG CIB possède de nombreux atouts pour être un acteur de poids sur ce marché.
Nous avons commencé très tôt nos efforts sur les marchés de capitaux : nous disposons d’ores et déjà d’une solide franchise auprès des entreprises pour les émissions en euros et sommes présents sur les project bonds depuis plus de dix ans. Plus récemment, nous avons établi nos plates-formes en dollars et en livres sterling qui nous permettent d’accompagner nos clients dans le monde entier et nous comptons étoffer courant 2013 un dispositif high-yield aux États-Unis qui viendra compléter notre offre déjà présente en Europe. Nous avons également considérablement développé notre base d’investisseurs et nous comptons continuer nos efforts pour accroître notre capacité de distribution.
Enfin, nous bénéficions naturellement de nos franchises historiques dans les financements structurés et en ingénierie financière, et de nos expertises sectorielles (énergie et ressources naturelles) qui sont un véritable outil de différentiation au sein de l’industrie.