Roger Dossou-Yovo (Institut international des assurances) : « Micro-finance, takaful : le secteur de l'assurance doit s'adapter»
Décideurs. Pouvez-vous nous présenter brièvement le rôle et les missions de l’Institut international des assurances (IIA)?
Roger Dossou-Yovo. L'Institut international des assurances est un établissement de formation professionnelle à caractère international créé en 1972 à Yamoussoukro (Côte d'Ivoire). Il a son siège à Yaoundé (Cameroun) et est ouvert aux ressortissants des États membres de la Conférence interafricaine des marchés d'assurance (Cima) : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad et Togo. L’Institut remplit trois missions essentielles : former et perfectionner les cadres pour les entreprises d'assurance et les autorités de contrôle, promouvoir la recherche en matière d'assurance et apporter une assistance technique aux entreprises et organismes d'assurance. Pour ce faire, l'Institut offre un large éventail de formations qui se déclinent en formation initiale, permanente et formation à la carte.
Décideurs. Comment expliquez-vous le faible taux de pénétration de l’assurance en Afrique ? Quelles en sont les raisons principales ?
R. D-Y. L'Afrique a aujourd'hui le plus faible taux de pénétration de l'assurance (environ 3,5 %). En excluant l'Afrique du Sud et les pays du Maghreb, le taux est encore plus faible. Aux raisons d’ordre socio-économique comme la pauvreté des populations ou les croyances religieuses, s’ajoutent des causes structurelles comme le faible niveau d’éducation et un éveil à l’assurance peu développé. À ceci s’ajoute l’inadéquation des produits d’assurance aux besoins des populations les plus vulnérables en matière de protection et de prévention.
Décideurs. Au vu des mutations qui s’opèrent en Afrique, pensez-vous que l’assurance soit promise à un bel avenir ?
R. D-Y. L’expansion du secteur des assurances devrait être plus forte du fait des taux de croissance élevés affichés par la plupart des États et des économies qui s’industrialisent de plus en plus. À cela, il faut ajouter les campagnes de formation et de sensibilisation à l'assurance menées dans les différents pays, ainsi que la mise sur le marché de nouveaux produits (micro-assurance, assurance islamique dite takaful etc…) plus adaptés à l'environnement africain et aux besoins des populations à faibles revenus.
Propos recueillis par André-Franck Ahoyo & Elodie Sigaux