Le patron de la « Bourse des PME » affiche sa confiance dans la capacité du PEA-PME d'attirer de nouveaux investisseurs.
Décideurs. Quel premier bilan tirez-vous du PEA-PME ?
Éric Forest. Le produit est extrêmement récent et il serait, à mon sens, aventureux de tirer des conclusions hâtives sur son succès ou son échec. Cette prudence me semble d’autant plus importante que les premiers chiffres publiés ne sont pas aussi négatifs que certains veulent bien le laisser entendre. Nous devons laisser au PEA-PME le temps de monter en puissance. Une dynamique positive en faveur de l’investissement dans les PME et ETI a d’ores et déjà été enclenchée. Preuve en est, depuis un an, quarante nouveaux fonds d’investissement éligibles au PEA-PME ont été créés, une évolution significative qui porte à soixante-cinq le nombre de fonds éligibles à ce dispositif.

Décideurs. N’aurait-il pas été plus simple de créer une poche spécifique aux PME au sein du PEA classique ?
E.?F. Je fais partie de ceux qui ont milité pour qu’il y ait deux produits séparés. Créer deux instruments distincts permet, en effet, de maximiser le nombre de canaux de distribution sur ce produit. Par ailleurs, l’investissement dans les valeurs moyennes nécessite une expertise spécifique, détenue principalement par certains acteurs spécialisés. Or, en créant une poche consacrée aux PME au sein du PEA le particulier aurait été contraint d’effectuer ses versements dans le même établissement. C’est pourquoi le législateur lui a donné la possibilité de souscrire son contrat dans une autre structure, susceptible de lui offrir un accompagnement adapté.

Décideurs. La liste des sociétés éligibles au PEA-PME offre-t-elle une base d’investissement assez large aux épargnants et aux gérants de fonds ?
E.?F. Après une période d’incertitudes sur les critères d’éligibilité, les choses sont désormais rentrées dans l’ordre. Euronext centralise les déclarations d’éligibilité au PEA-PME des entreprises cotées. Les investisseurs peuvent d’ailleurs retrouver sur le site d’Euronext la liste de toutes ces sociétés qui se sont, à ce jour, déclarées éligibles au dispositif. Avec plus de trois cents valeurs, la base d’investissement est large mais demeure vraisemblablement encore inférieure à son potentiel maximum. S’il est difficile d’évaluer précisément le nombre d’entreprises éligibles au PEA-PME, nous avons pris soin de sensibiliser l’ensemble des sociétés cotées à cette question par des campagnes d’information pour les inciter à faire les démarches nécessaires.

Décideurs. Certains evoquent l’idee de rendre éligibles au PEA-PME les obligations convertibles. Êtes-vous favorable à une telle mesure ?
E.?F. Il est sans doute temps de réfléchir à des ajustements du produit. Lors des débats qui ont entouré le lancement du PEA-PME, la question de l’élargissement du périmètre des titres éligibles, et notamment l’intégration des titres de dettes, a effectivement été posée. Pour nous, cela aurait un vrai sens d’élargir le spectre à l’ensemble des titres donnant accès au capital. Si l’investissement en obligations est aujourd’hui possible, il ne peut cependant se faire que de manière indirecte, à travers des fonds «?mixtes?». Ce sujet est à nouveau en discussion, mais à l’heure actuelle il est bien difficile de dire si cela aboutira. Il pourrait également être intéressant de créer des passerelles destinées à faciliter les transferts des sommes placées sur des comptes monétaires vers les fonds PEA-PME. Ces mouvements devraient bien entendu bénéficier d’un régime de neutralité fiscale spécifique. Pourquoi ne pas envisager également de différencier l’incitation fiscale du PEA-PME par rapport à celle du PEA ?

Décideurs. Un nouvel indice, appelé Enternext PEA-PME, vient d’être lancé. Quel est son intérêt ?
E.?F. Le 17?novembre 2014, nous avons lancé l’indice Enternext PEA-PME 150, regroupant 150 valeurs couvertes par Enternext et ayant déclaré leur éligibilité au PEA-PME. Cet indice a été construit en étroite collaboration avec des sociétés de gestion. Cette démarche présente deux intérêts principaux : elle contribue, d’une part, à améliorer la visibilité du PEA-PME auprès des investisseurs et des entreprises françaises couvertes par Enternext, et répond, d’autre part, aux demandes de l’industrie en offrant aux gérants de fonds un nouveau benchmark des performances des entreprises françaises de taille moyenne. L’indice a reçu un très bon accueil de la part du marché et nous en recevons de bons échos : sur l’année 2014, l’indice a progressé de 16?%.

Propos recueillis par Aurélien Florin

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