François Hollande a fait le choix de miser sur l’offre. Une erreur qui pourrait  lui coûter sa réélection.
Pour relancer leur économie, les États peuvent jouer sur l’offre et la demande. François Hollande a fait le choix de miser sur l’offre en favorisant l’investissement des entreprises. Malheureusement, les derniers chiffres de l’Insee prouvent qu’il n’y est toujours pas arrivé. Pire encore, la demande bat maintenant de l’aile. Une erreur qui pourrait lui coûter sa réélection.

Trimestre après trimestre, les indicateurs économiques demeurent mauvais. Pourtant, le gouvernement continue de foncer tête baissée. Dans le Journal du dimanche daté du 17 août 2014, le Premier ministre Manuel Valls indiquait qu’il était « hors de question de changer de politique ». Depuis deux ans, François Hollande a fait le choix de l’offre en favorisant les entreprises. En restaurant leurs marges, jugées trop basses, il estimait qu’elles allaient se mettre à investir, favorisant ainsi la reprise économique.

Une relance par la demande est impérative

Deux ans plus tard, force est de constater que cette politique est un échec. L’investissement des entreprises financières est repassé dans le rouge en 2014 : - 0,7 % au premier trimestre et - 0,8 % au second, selon l’Insee. « Il faut du temps pour que les réformes engagées produisent tous leurs effets », se défend Michel Sapin, le ministre des Finances, dans Libération. En attendant, la croissance continue de faire du sur place.

Au troisième trimestre, la croissance a encore été nulle et, pour l’ensemble de l’année, elle devrait seulement atteindre 0,5 %. À moins d’une contraction de l’activité économique au dernier trimestre qui contraindrait le gouvernement à une énième révision à la baisse… L’agence de notation Moody's a également revu la croissance de la France à la baisse pour 2015 : 0,9 %, contre 1,3% auparavant. Parmi les sujets d’inquiétude, Moody's met en avant la demande française. Autrefois, force de l’économie française, elle ne cesse de s’étioler. Au deuxième trimestre, la consommation n’a progressé que de 0,5 % par rapport au troisième trimestre 2013.

Un équilibre fragile

Si les entreprises n’anticipent pas une hausse de la demande, elles n’ont aucune raison d’investir même si leur taux de marge est en hausse. Au premier trimestre 2014, il a ainsi atteint 30 %, soit une hausse de 0,6 point par rapport au dernier trimestre 2013. Une étude de l’Insee, parue il y a un an, indiquait que 58 % des entrepreneurs affirmaient que leurs sociétés souffraient uniquement d’un problème de demande. Ils n’étaient que 19 % à mentionner le coût du travail.

Pourquoi alors un tel entêtement ? La réponse est simple : le gouvernement n’a désormais plus le choix. Alors qu’il vient d’annoncer qu’il ne respectera pas ses engagements en matière de réduction du déficit public (4 % du PIB cette année, au lieu des 3,8 % initialement prévus), il ne peut pas annoncer une réduction d’impôt pour relancer la demande sans se mettre l’Union européenne et les marchés financiers à dos. Sa seule marge de manœuvre ? Les deux milliards d’euros que le gouvernement avait prévus pour son projet de réduction des cotisations salariales, finalement censuré par le Conseil Constitutionnel.

Si le gouvernement ne change pas de politique, la situation pourrait devenir bien plus problématique : un point de croissance en moins et c’est une hausse d’un demi-point de PIB du déficit. Avec une croissance de l’ordre de 0,5 % cette année (contre une prévision à 1 %), et de 1 % l’an prochain (contre 1,7 % prévu), le déficit public devrait dépasser les 3,5 % du PIB en 2015, contre les 3 % promis par le gouvernement à l’Union européenne. Le mur se rapproche.

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