Les banques payent l'addition en s'armant contre le risque
La crise de financement qui ébranle le private equity est sans précédent. En moins d’un an, les banques ont fermé leurs robinets, passant d’un extrême à l’autre. Début 2007, financer un LBO était aussi facile qu'abordable. Aujourd’hui, les choses sont bien différentes. Trouver plus de 75 millions d’euros de dette relève du défi. Finis les montages à la va-vite. La structure de la dette LBO est devenue un véritable casse-tête.
Les banques renouent avec des pratiques que l’on pensait oubliées. Leur objectif: assainir leur bilan que la crise des subprimes a mis à mal. Mais elles pourraient en payer au final les frais. Face à la restriction du crédit, les fonds innovent dans leurs méthodes de financement.
L’évolution du marché de la dette LBO permet de voir que les emprunts in fine disparaissent au profit de la tranche dite « amortissable ». Ce phénomène va de pair avec la diversification des financements, pour tenter de maintenir des multiples d’acquisitions élevés. Désormais, la syndication et la mezzanine sont les outils les plus utilisés.
Sortir du cercle vicieux
Situation d’autant plus préoccupante, que, si la crise dure trop longtemps, le rendement des fonds risque s’en trouvera certainement affecté. Des données récentes montrent que l’économie mondiale se relève même si selon Standard & Poor’s, les défauts de remboursement ont augmenté de 5,8 % au premier trimestre 2009. Ces chiffres laissent craindre une augmentation des ruptures de covenants d’ici à 2010.
Cette situation rend la dette private equity de moins en moins attirante. Pour les fonds, il deviendra alors compliqué de lever de nouveaux véhicules ou de financer des LBO. Selon Standard & Poor’s, sortir de ce cercle vicieux pourrait prendre entre deux et trois ans. Reste à savoir qui devra payer les pots cassés. Les professionnels du private equity doivent trouver les ressources nécessaires afin d’éviter les défauts de remboursement à répétition.
En injectant du capital nouveau, les fonds sont les premiers à réinjecter des liquidités. Fin 2008, 46 % d’entre eux avaient déjà eu recours à ce type de pratique, contre seulement 27 % en 2007 et 20 % en 2006. Cela permet de donner un peu de répit au marché. Néanmoins, pour relancer le private equity, les banques devront également faire des sacrifices, notamment en revoyant leurs marges à la baisse. C’est seulement à cette condition que le capital investissement sortira plus rapidement la tête hors de l’eau.