Entretien avec Olivier Marchal, chairman France, Bain & Company
Olivier Marchal, « Le leader est un décrypteur »
Décideurs. Quels ingrédients nécessaires au leadership ne sont pas assez mis en lumière ?
Olivier Marchal. Il y a trois ingrédients qui sont à mes yeux essentiels. Tout d’abord, l’écoute et la proximité avec les équipes ce qui permet d’avoir un feedback sur les obstacles rencontrés et les idées novatrices émises par les collaborateurs. Un bon leader passe deux fois plus de temps à écouter individuellement chaque collaborateur qu’à émettre des signaux généraux auprès du corps social. L’écoute est une des clés de voûte du bien-être des salariés, eux-mêmes garants de la réussite de la stratégie de l’entreprise.
Le second ingrédient réside dans la capacité à prendre les bonnes décisions au bon moment. C’est une des réalités opérationnelles les plus complexes à gérer. Il y a des décisions qu’il faut prendre vite, pour lesquelles le leader est seul à trancher, celles qui peuvent être déléguées quand d’autres ne méritent pas que l’on s’y attarde. La pire erreur de management étant de laisser mourir une décision sur laquelle il est attendu que le leader se positionne.
Enfin, l’exemplarité est une condition sine qua non à l’exercice d’un bon leadership. Cela implique de se remettre en question en faisant preuve d’humilité. Les collaborateurs n’attendent pas d’un leader qu’il soit irréprochable mais qu’il incarne les valeurs et les comportements adéquates dans l’entreprise.
Décideurs. Par quels moyens le leader d’une organisation peut-il transformer son ambition individuelle en cause collective ?
O. M. Clarté, sens et énergie sont à mon avis le tiercé gagnant, la clarté étant sans doute l’élément le plus important. Le leader est un décrypteur. Il montre le chemin que les collaborateurs doivent suivre afin d’atteindre un point d’arrivée clairement défini. Chez Bain & Company, nous appelons cela, « la plage ». Car il ne faut pas oublier de faire rêver les équipes grâce à des images. Savoir émerveiller permet de fédérer et motiver les collaborateurs autour d’un objectif commun qui fait sens pour eux. Une fois sa vision clairement énoncée, le leader se doit de donner l’énergie nécessaire à ses collaborateurs en leur offrant notamment les moyens dont ils auront besoin pour atteindre cet objectif.
Décideurs. Le système décisionnaire d’un leader est souvent fondé sur des valeurs : concrètement, les décisions que vous prenez au quotidien sont-elles systématiquement guidées par ces valeurs ?
O. M. Chez Bain & Company, trois valeurs principales guident nos décisions. Conceptualisée sous la formule « true north », la première invite nos managers à dire les choses telles qu’elles sont. Il faut être clair à 100 %, y compris pour les mauvaises nouvelles. La seconde, fondée sur l’excellence, se résume à la formule « good enough is not good enough » et insiste sur le rôle joué par le leader dans la progression des collaborateurs. Enfin, la dernière repose sur la notion d’entraide qui consiste à ne jamais laisser échouer ses équipes.
Décideurs. Dans quelle mesure l’altruisme est-il une composante du leadership ?
O. M. L’altruisme est consubstantiel à la notion de leadership. Le succès du leader est défini par la réussite de ses équipes sur le terrain. C’est en cela qu’il est important de passer du temps en one to one afin de coacher, écouter, épauler quotidiennement ses collaborateurs pour les aider à progresser au sein de l’entreprise.
Il ne faut pas perdre de vue que le leader est un responsable dont le tout le monde a compris qu’il est au service des individus et de ses équipes. C’est l’idée même du servant leader. Mais on est servant avant d’être leader.
Décideurs. Comment un leader peut-il gérer ses doutes ?
O. M. Au même titre que l’erreur est humaine, le doute est l’une des composantes intrinsèques à l’individu, qu’il soit leader ou pas. Néanmoins, il faut savoir quand il est permis de douter et dans quelle mesure il faut montrer ses doutes. Le leader a la lourde tâche de rassurer ses équipes et même s’il est en droit de montrer ses faiblesses, il ne doit en aucun cas faire état de ses doutes auprès d’elles. Il peut s’interroger en amont de la prise de décision et mener une introspection personnelle et ce jusqu’à ce qu’il ait choisi une direction stratégique. Car le rôle du leader c’est bien celui de voir loin tout en y regardant de près.
Emilie Vidaud
Olivier Marchal. Il y a trois ingrédients qui sont à mes yeux essentiels. Tout d’abord, l’écoute et la proximité avec les équipes ce qui permet d’avoir un feedback sur les obstacles rencontrés et les idées novatrices émises par les collaborateurs. Un bon leader passe deux fois plus de temps à écouter individuellement chaque collaborateur qu’à émettre des signaux généraux auprès du corps social. L’écoute est une des clés de voûte du bien-être des salariés, eux-mêmes garants de la réussite de la stratégie de l’entreprise.
Le second ingrédient réside dans la capacité à prendre les bonnes décisions au bon moment. C’est une des réalités opérationnelles les plus complexes à gérer. Il y a des décisions qu’il faut prendre vite, pour lesquelles le leader est seul à trancher, celles qui peuvent être déléguées quand d’autres ne méritent pas que l’on s’y attarde. La pire erreur de management étant de laisser mourir une décision sur laquelle il est attendu que le leader se positionne.
Enfin, l’exemplarité est une condition sine qua non à l’exercice d’un bon leadership. Cela implique de se remettre en question en faisant preuve d’humilité. Les collaborateurs n’attendent pas d’un leader qu’il soit irréprochable mais qu’il incarne les valeurs et les comportements adéquates dans l’entreprise.
Décideurs. Par quels moyens le leader d’une organisation peut-il transformer son ambition individuelle en cause collective ?
O. M. Clarté, sens et énergie sont à mon avis le tiercé gagnant, la clarté étant sans doute l’élément le plus important. Le leader est un décrypteur. Il montre le chemin que les collaborateurs doivent suivre afin d’atteindre un point d’arrivée clairement défini. Chez Bain & Company, nous appelons cela, « la plage ». Car il ne faut pas oublier de faire rêver les équipes grâce à des images. Savoir émerveiller permet de fédérer et motiver les collaborateurs autour d’un objectif commun qui fait sens pour eux. Une fois sa vision clairement énoncée, le leader se doit de donner l’énergie nécessaire à ses collaborateurs en leur offrant notamment les moyens dont ils auront besoin pour atteindre cet objectif.
Décideurs. Le système décisionnaire d’un leader est souvent fondé sur des valeurs : concrètement, les décisions que vous prenez au quotidien sont-elles systématiquement guidées par ces valeurs ?
O. M. Chez Bain & Company, trois valeurs principales guident nos décisions. Conceptualisée sous la formule « true north », la première invite nos managers à dire les choses telles qu’elles sont. Il faut être clair à 100 %, y compris pour les mauvaises nouvelles. La seconde, fondée sur l’excellence, se résume à la formule « good enough is not good enough » et insiste sur le rôle joué par le leader dans la progression des collaborateurs. Enfin, la dernière repose sur la notion d’entraide qui consiste à ne jamais laisser échouer ses équipes.
Décideurs. Dans quelle mesure l’altruisme est-il une composante du leadership ?
O. M. L’altruisme est consubstantiel à la notion de leadership. Le succès du leader est défini par la réussite de ses équipes sur le terrain. C’est en cela qu’il est important de passer du temps en one to one afin de coacher, écouter, épauler quotidiennement ses collaborateurs pour les aider à progresser au sein de l’entreprise.
Il ne faut pas perdre de vue que le leader est un responsable dont le tout le monde a compris qu’il est au service des individus et de ses équipes. C’est l’idée même du servant leader. Mais on est servant avant d’être leader.
Décideurs. Comment un leader peut-il gérer ses doutes ?
O. M. Au même titre que l’erreur est humaine, le doute est l’une des composantes intrinsèques à l’individu, qu’il soit leader ou pas. Néanmoins, il faut savoir quand il est permis de douter et dans quelle mesure il faut montrer ses doutes. Le leader a la lourde tâche de rassurer ses équipes et même s’il est en droit de montrer ses faiblesses, il ne doit en aucun cas faire état de ses doutes auprès d’elles. Il peut s’interroger en amont de la prise de décision et mener une introspection personnelle et ce jusqu’à ce qu’il ait choisi une direction stratégique. Car le rôle du leader c’est bien celui de voir loin tout en y regardant de près.
Emilie Vidaud