Le responsable de l'activité debt advisory de Lazard tempère les inquiétudes autour du haut rendement.
Geoffroi de Saint Chamas : «Le high yield se porte plus que bien»
Décideurs. Où en est aujourd’hui le marché européen du high yield ?
Geoffroi de Saint Chamas. Il se porte plus que bien ! Sur le premier semestre de cette année, on a assisté à un volume d’émissions obligataires high yield jamais vu en Europe : plus de cent milliards d’euros, un montant encore plus élevé qu’aux États-Unis. C’est une première historique, d’autant plus remarquable qu’il y a encore deux ans les émissions en Europe étaient trois fois moins importantes qu’outre-Atlantique. Ces volumes considérables sont en partie liés à de grosses opérations M&A (notamment dans le secteur télécoms), mais également à de nombreuses opérations de refinancement de la part d’emprunteurs désireux de s’affranchir d’un marché bancaire jugé parfois trop contraignant.
Cette accélération a pu faire naître quelques inquiétudes, certains évoquant même la formation d’une « bulle » sur le marché high yield. Il est vrai que plusieurs facteurs peuvent a minima interpeller les investisseurs. D’abord, une dégradation progressive des rendements offerts sur ce marché (spreads pondérés par les risques) ; ensuite une augmentation progressive des niveaux de levier des émetteurs, couplée à une recrudescence d’émetteurs moins bien notés ; enfin, des structures de covenants moins bonnes que par le passé, traduisant une moindre protection pour les investisseurs. Ces facteurs doivent toutefois être relativisés car, dans le même temps, les fondamentaux du marché sur le plan des performances de crédit sont restés bons, voire en amélioration, et les taux de défaut, indicateurs clés pour les investisseurs, sont tombés à des niveaux historiquement bas (moins de 2 %).
Décideurs. Les perspectives sur le marché du high yield vous semblent meilleures en Europe qu’aux États-Unis ?
G. de S. C. Un certain nombre d’éléments me conduisent effectivement à le penser. En premier lieu, la base d’investisseurs aux États-Unis, en grande partie concentrée auprès de fonds d’arbitrage, très sensibles aux évolutions de marché, est par nature plus volatile qu’en Europe où prédominent des fonds à capitaux plus diversifiés dont les positions sont souvent plus stables. Ensuite, sur le plan macroéconomique, les investisseurs commencent à craindre que la Fed accompagne activement le rebond de croissance actuellement observé aux États-Unis, ce qui pourrait se traduire par une remontée progressive des taux d’intérêt, tandis que la BCE devrait poursuivre sa politique accommodante - une divergence d’approche qui offre des perspectives plus attrayantes pour les investisseurs obligataires en Europe. Enfin, il n’existe à vrai dire guère d’alternatives aujourd’hui pour des investisseurs à la recherche de rendements élevés dans le cadre d’une prise de risque mesurée.
Retrouvez la suite de cet entretien dans l’édition 2014 du supplément « Fusions & Acquisitions » du magazine décideurs.
Geoffroi de Saint Chamas. Il se porte plus que bien ! Sur le premier semestre de cette année, on a assisté à un volume d’émissions obligataires high yield jamais vu en Europe : plus de cent milliards d’euros, un montant encore plus élevé qu’aux États-Unis. C’est une première historique, d’autant plus remarquable qu’il y a encore deux ans les émissions en Europe étaient trois fois moins importantes qu’outre-Atlantique. Ces volumes considérables sont en partie liés à de grosses opérations M&A (notamment dans le secteur télécoms), mais également à de nombreuses opérations de refinancement de la part d’emprunteurs désireux de s’affranchir d’un marché bancaire jugé parfois trop contraignant.
Cette accélération a pu faire naître quelques inquiétudes, certains évoquant même la formation d’une « bulle » sur le marché high yield. Il est vrai que plusieurs facteurs peuvent a minima interpeller les investisseurs. D’abord, une dégradation progressive des rendements offerts sur ce marché (spreads pondérés par les risques) ; ensuite une augmentation progressive des niveaux de levier des émetteurs, couplée à une recrudescence d’émetteurs moins bien notés ; enfin, des structures de covenants moins bonnes que par le passé, traduisant une moindre protection pour les investisseurs. Ces facteurs doivent toutefois être relativisés car, dans le même temps, les fondamentaux du marché sur le plan des performances de crédit sont restés bons, voire en amélioration, et les taux de défaut, indicateurs clés pour les investisseurs, sont tombés à des niveaux historiquement bas (moins de 2 %).
Décideurs. Les perspectives sur le marché du high yield vous semblent meilleures en Europe qu’aux États-Unis ?
G. de S. C. Un certain nombre d’éléments me conduisent effectivement à le penser. En premier lieu, la base d’investisseurs aux États-Unis, en grande partie concentrée auprès de fonds d’arbitrage, très sensibles aux évolutions de marché, est par nature plus volatile qu’en Europe où prédominent des fonds à capitaux plus diversifiés dont les positions sont souvent plus stables. Ensuite, sur le plan macroéconomique, les investisseurs commencent à craindre que la Fed accompagne activement le rebond de croissance actuellement observé aux États-Unis, ce qui pourrait se traduire par une remontée progressive des taux d’intérêt, tandis que la BCE devrait poursuivre sa politique accommodante - une divergence d’approche qui offre des perspectives plus attrayantes pour les investisseurs obligataires en Europe. Enfin, il n’existe à vrai dire guère d’alternatives aujourd’hui pour des investisseurs à la recherche de rendements élevés dans le cadre d’une prise de risque mesurée.
Retrouvez la suite de cet entretien dans l’édition 2014 du supplément « Fusions & Acquisitions » du magazine décideurs.