Tapering, shutdown, ralentissement de la croissance des émergents, zone euro au ralenti… pas de quoi être optimiste pour 2014. À l’aube de cette nouvelle année, l’heure est-elle au pessimisme du côté des économistes ou à la prudence chez les analystes ? Éclairage.
Ce que le dernier trimestre 2013 prédit pour 2014
En tête de file des cassandres qui font ralentir ou monter en flèche la tension des États, les experts de la banque helvétique UBS tiennent le haut du pavé. Il semblerait que cette année 2013 ait été marquée par la justesse des prévisions élaborées par la plupart des économistes de la première banque de la Confédération helvétique. En sera-t-il de même pour celles de 2014 ? Biberonné au principe de neutralité, le chef économiste wealth management Europe, Andreas Höfert, passe en revue les quatre grandes interrogations auxquelles répondra cette année 2014.
Tapering à la recherche du bon timing
Depuis le début de l’année, la Banque centrale des États-Unis dépense chaque mois 85 milliards de dollars en bons du Trésor et titres hypothécaires afin de soutenir la reprise économique du pays. Au total c’est près de 80 % du déficit américain qui aura été racheté par la Fed selon les économistes.
Mais combien de temps la Réserve fédérale américaine est-elle prête à attendre avant de « taper » du poing sur la table ? C’est la question qui taraude les investisseurs à l’affût des faits et gestes de la banque centrale de l’oncle Sam. « En septembre dernier, les experts affirmaient que nous allions au devant d’un tapering. Finalement rien ne s’est passé puisque Bernanke a fait le choix de maintenir la politique ultra-accommodante engagée par la Fed », commente Andreas Höfert.
À court terme, la politique monétaire américaine devrait maintenir le cap, comme cela a été confirmé par Janet Yellen, la vice-présidente appelée à remplacer Ben Bernanke à la tête de l’institution financière dès le 31 janvier prochain. La future présidente a déclaré dans une lettre adressée à la sénatrice américaine, Elizabeth Warren : « La politique monétaire devrait probablement rester hautement accommodante longtemps après que l'un des seuils économiques pour le taux des fonds fédéraux aura été franchi. »
Europe : la lumière au bout du tunnel
En Europe, l’heure était au pessimisme ambiant en début d’année 2013. La sortie de crise semble pourtant se profiler depuis les mois d’avril et mai. Aux dires des économistes, l’Allemagne et la France sont sortis de la récession. Tout comme l’Irlande au second trimestre, l’Espagne au troisième et l’Italie qui devrait s’éloigner du spectre de la dépression à la fin de l’année. La Grèce vit toujours au ralenti, à l’instar des Pays-Bas récemment entrés en récession suite à l’éclatement de la bulle immobilière. Aucune amélioration n’est à prévoir avant mi-2014 pour ces deux pays.
L’Amérique jouera-t-elle encore à se faire peur ?
In extremis, les États-Unis ont trouvé en octobre dernier un accord pour éviter de passer par la case défaut de paiement. À écouter les observateurs politico-économiques, le grand perdant dans toute cette affaire est sans doute le parti républicain qui devra tirer les leçons de ce bras de fer entrepris à perte et avec fracas.
Temporairement sortis du bourbier, les États-Unis n’ont pas encore signé les « accords de paix ». Le débat autour de la dette est repoussé au début de l’année prochaine, présageant un retour de boomerang structurel entre la mi-mars et la mi-avril selon les analystes. L’Amérique, et plus largement l’économie mondiale, disposent d’une visibilité à court terme de six mois. Reculer pour mieux sauter ? Réponse au premier semestre 2014.
L’âge d’or des Brics, c’est fini ?
Désignant un groupe de pays à la croissance indécente - Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud - l’acronyme « Bric » n’aurait plus aucun sens selon son inventeur, Jim O’Neill, ancien économiste de la banque Goldman Sachs. « Si je devais le changer, je ne laisserais plus que le “C” », remarquait-il dans les colonnes du Monde diplomatique en septembre dernier. Un commentaire qui en dit long. Véritable locomotive des pays émergents, la Chine est néanmoins observée au microscope par les économistes qui ont attrapé cette année quelques sueurs froides à la moindre petite inflexion de la courbe de croissance. À juste titre puisque Pékin envoie depuis peu des signaux avérés de ralentissement. Le pays a enregistré l’an dernier sa plus faible croissance (+7,7 %) depuis treize ans. Ce recul significatif n’a pas manqué d’alarmer les experts qui craignent toujours un atterrissage brutal de l’économie chinoise. « Pékin devrait enregistrer cette année un taux de croissance similaire à celui de 2012 », confirme Andreas Höfert. En attendant un atterrissage en douceur en 2014 ?
Emilie Vidaud
Tapering à la recherche du bon timing
Depuis le début de l’année, la Banque centrale des États-Unis dépense chaque mois 85 milliards de dollars en bons du Trésor et titres hypothécaires afin de soutenir la reprise économique du pays. Au total c’est près de 80 % du déficit américain qui aura été racheté par la Fed selon les économistes.
Mais combien de temps la Réserve fédérale américaine est-elle prête à attendre avant de « taper » du poing sur la table ? C’est la question qui taraude les investisseurs à l’affût des faits et gestes de la banque centrale de l’oncle Sam. « En septembre dernier, les experts affirmaient que nous allions au devant d’un tapering. Finalement rien ne s’est passé puisque Bernanke a fait le choix de maintenir la politique ultra-accommodante engagée par la Fed », commente Andreas Höfert.
À court terme, la politique monétaire américaine devrait maintenir le cap, comme cela a été confirmé par Janet Yellen, la vice-présidente appelée à remplacer Ben Bernanke à la tête de l’institution financière dès le 31 janvier prochain. La future présidente a déclaré dans une lettre adressée à la sénatrice américaine, Elizabeth Warren : « La politique monétaire devrait probablement rester hautement accommodante longtemps après que l'un des seuils économiques pour le taux des fonds fédéraux aura été franchi. »
Europe : la lumière au bout du tunnel
En Europe, l’heure était au pessimisme ambiant en début d’année 2013. La sortie de crise semble pourtant se profiler depuis les mois d’avril et mai. Aux dires des économistes, l’Allemagne et la France sont sortis de la récession. Tout comme l’Irlande au second trimestre, l’Espagne au troisième et l’Italie qui devrait s’éloigner du spectre de la dépression à la fin de l’année. La Grèce vit toujours au ralenti, à l’instar des Pays-Bas récemment entrés en récession suite à l’éclatement de la bulle immobilière. Aucune amélioration n’est à prévoir avant mi-2014 pour ces deux pays.
L’Amérique jouera-t-elle encore à se faire peur ?
In extremis, les États-Unis ont trouvé en octobre dernier un accord pour éviter de passer par la case défaut de paiement. À écouter les observateurs politico-économiques, le grand perdant dans toute cette affaire est sans doute le parti républicain qui devra tirer les leçons de ce bras de fer entrepris à perte et avec fracas.
Temporairement sortis du bourbier, les États-Unis n’ont pas encore signé les « accords de paix ». Le débat autour de la dette est repoussé au début de l’année prochaine, présageant un retour de boomerang structurel entre la mi-mars et la mi-avril selon les analystes. L’Amérique, et plus largement l’économie mondiale, disposent d’une visibilité à court terme de six mois. Reculer pour mieux sauter ? Réponse au premier semestre 2014.
L’âge d’or des Brics, c’est fini ?
Désignant un groupe de pays à la croissance indécente - Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud - l’acronyme « Bric » n’aurait plus aucun sens selon son inventeur, Jim O’Neill, ancien économiste de la banque Goldman Sachs. « Si je devais le changer, je ne laisserais plus que le “C” », remarquait-il dans les colonnes du Monde diplomatique en septembre dernier. Un commentaire qui en dit long. Véritable locomotive des pays émergents, la Chine est néanmoins observée au microscope par les économistes qui ont attrapé cette année quelques sueurs froides à la moindre petite inflexion de la courbe de croissance. À juste titre puisque Pékin envoie depuis peu des signaux avérés de ralentissement. Le pays a enregistré l’an dernier sa plus faible croissance (+7,7 %) depuis treize ans. Ce recul significatif n’a pas manqué d’alarmer les experts qui craignent toujours un atterrissage brutal de l’économie chinoise. « Pékin devrait enregistrer cette année un taux de croissance similaire à celui de 2012 », confirme Andreas Höfert. En attendant un atterrissage en douceur en 2014 ?
Emilie Vidaud