"La démocratie ne ressort pas toujours comme le meilleur mode décisionnel en entreprise"
Olivier Piani, président-directeur général d’Allianz Real Estate, a bâti sa carrière dans le secteur immobilier depuis plus de vingt ans. Pour lui, la prise de décision doit osciller entre celle d’un chef d’orchestre et celle d’un chef de chantier.
Décideurs. Quel est, selon vous, le meilleur mode opératoire dans une prise de décision ?
Olivier Piani. En tant que président, mon rôle est aujourd’hui d’être un chef d’orchestre. Je dois écouter, consulter pour donner le cap. In fine, il faut des leaders pour trancher et assumer les choix qui sont faits. Je n’ai pas la prétention de détenir la formule secrète en la matière tant l’interprétation de la partition dépend de la personnalité de celui qui en donne le rythme.
Cela étant, j’ai une idée relativement précise de ce qu’il ne faut pas faire ! Il est par exemple fondamental de séparer la sphère privée et professionnelle pour prendre de bonnes décisions. La démocratie ne ressort pas toujours comme le meilleur mode décisionnel dans l’entreprise. Elle peut amener à des non-décisions qui figent, sclérosent et empêchent d’avancer. Il faut éviter à tout prix ces blocages.
Le plus dur est donc de mûrir la décision après la nécessaire phase d’analyse et de dialogue avec les équipes. Pour cela, je veux que mes collaborateurs soient francs. Je revendique sans doute plus la décision que d’autres et m’isole, au moment du choix, pour décider de la route à suivre.
Décideurs. Est-ce avant tout une question de posture d’être un bon décideur, un bon manager ?
O.?P. Le respect et les discussions franches et ouvertes permettent la construction de la confiance et sont donc à la base de tout projet. L’enthousiasme, la créativité et la positivité sont aussi des facilitateurs pour entraîner avec soi une équipe, une entreprise.
Mais être bon orateur ne suffit pas. L’exemple est au contraire primordial, ce qui nécessite de très bien connaître ses dossiers. Avec l’expérience, on se rend compte de l’importance de l’humilité et de l’empathie, qui sont des valeurs salutaires. De manière générale, il faut savoir se montrer humain.
Décideurs. À quoi reconnaît-on un bon leader ?
O.?P. L’intuition et la confiance sont essentielles. Un bon leader anticipe et s’approprie le changement. Enfin, il faut être humble et toujours se rappeler qu’on a peut-être tort même quand on est persuadé du contraire.
Décideurs. Une décision a-t-elle marqué votre parcours ?
O.?P. Le choix de faire mes études à Stanford aux États-Unis. Avec le recul, j’ai pris conscience du caractère crucial de l’influence du monde anglo-saxon sur ma vie professionnelle.
Décideurs. Vous avez commencé votre carrière chez Paribas comme banquier d’affaires. Qu’est-ce qui vous a séduit dans l’immobilier ?
O.?P. Peut-être le fait que j’ai passé ma vie à me heurter à des «?murs?», ce qui forge le caractère et force la créativité… Plus sérieusement, j’ai tout de suite été séduit par le secteur, au début des années 1990, lorsque j’ai commencé en tant que banquier d’affaires chez Paribas à travailler sur des mandats de restructuration de foncières et promoteurs. J’ai ensuite secondé Pierre de Lauzun à la direction de l’UIC Sofal de 1995 à 1998, puis poursuivi jusqu’en 2008 dans l’immobilier en tant que président de GE Real Estate Europe, date à laquelle j’ai rejoint Allianz, qui venait de reprendre les AGF. À la tête d’un portefeuille immobilier, qui représente environ 17?milliards d’euros d’actifs, mon métier est de gérer, acheter, vendre et restructurer l’immobilier du groupe.
Je ne me lasse pas de ce métier que j’exerce depuis bientôt vingt ans : avec l’immobilier, ce qui est passionnant, c’est que les décisions se concrétisent par des immeubles !
1. Le principal trait de mon caractère : l’honnêteté.
2. La qualité que je préfère chez un individu : l’authenticité.
3. Mon principal défaut : l’impatience.
4. Mon idée du bonheur : la Corse.
5. Mon héros de fiction : Thorgal.
6. Mon héros dans la vie réelle : Nelson Mandela.
7. Ce que je déteste par-dessus tout : la méchanceté.
8. La réforme que j’estime le plus : la construction européenne.