Tsunamis, tremblements de terre, épidémies, famines… les raisons de mobilisation sont innombrables. Le point sur une aide humanitaire ou au développement qui varie fortement selon les pays et les donateurs.
Aide humanitaire et au développement : qui paye quoi ?
Deux semaines après le terrible tremblement de terre qui a ravagé le Népal, le pays a connu un nouvel événement sismique de grande amplitude ce 12 mai. D’une magnitude de 7,4 sur l’échelle de Richter, son épicentre se situait à 83 kilomètres à l’est de Katmandou, près de la frontière chinoise, et des secousses ont été ressenties jusque dans le Nord de l’Inde. Le Népal avait déjà payé un lourd tribut à la suite du séisme du 25 avril. Si les autorités locales déplorent plus de 8 000 décès, Laurent Fabius évoque plutôt le chiffre de 10 000 morts. L’étendue des dégâts matériels reste encore difficilement chiffrable mais on estime à plusieurs milliards de dollars la reconstruction et les fonds nécessaires à l’aide d’urgence sont estimés à 450 millions d'euros. Seuls 53 millions de dollars ont été fournis selon l’ONU. De son côté, l’Union européenne annonce avoir débloqué 22,6 millions d’euros. À ces sommes s’ajoute l’assistance matérielle fournie par de nombreux gouvernements. La France a, par exemple, affrété plusieurs avions transportant du personnel de santé et plusieurs tonnes de matériel humanitaire.
L’UE et ses membres en première ligne
Au niveau mondial, l’UE s’affirme comme l’un des principaux donateurs. Elle fournit à la fois aide financière et assistance matérielle, notamment par l’intermédiaire de la direction générale de l’Office d’aide humanitaire de la Commission européenne. Ce bailleur de fonds octroie des financements à des ONG, des agences des Nations unies ou des organisations internationales triées sur le volet. Les fonds proviennent principalement de la participation régulière des États membres au budget de l’Union et, dans une moindre mesure, du Fonds européen de développement. En 2012, le budget européen pour l’aide humanitaire s’élevait à 1,34 milliard d’euros.
Les États membres disposent également de la possibilité de soutenir directement un État touché par une catastrophe. Ces participations publiques nationales ne sont pas négligeables : de l’ordre de quatre milliards de dollars. En cumulant les sommes allouées par l’UE à celles versées par certains de ses membres, on atteint rapidement le montant des contributions américaines : 4,3 milliards de dollars en 2011(cf. tableau).
États-Unis, champions de la solidarité humanitaire
Pourtant, la générosité dont font preuve les États du Vieux Continent ne rivalise pas avec celle consentie par les seuls États-Unis. Et pour cause, les sommes déboursées outre-Atlantique en matière d’aide humanitaire donnent le vertige. L’État fédéral caracole en tête du classement des donateurs les plus généreux. Depuis quinze ans, le montant de l’aide américaine a plus que doublé, atteignant 4,3 milliards de dollars en 2011. Tout comme en Europe, l’intervention des États-Unis est d’une double nature : financière et matérielle. Le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, John Kerry, s’est ainsi engagé à verser dix millions de dollars et à envoyer plusieurs avions militaires pour participer à l’aide humanitaire au Népal. Plus encore que les sommes allouées, ce sont les sources des fonds débloqués par les États-Unis qui surprennent, les dons privés atteignant des sommets au pays de l’Oncle Sam avec plusieurs centaines de millions de dollars.
La montée en puissance du financement privé
De manière générale, les contributions privées à l’aide humanitaire se multiplient. Par exemple, le Global Humanitarian Assitance Report, publié par Development Initiatives en 2011, évalue à 4,3 milliards de dollars le montant des fonds privés en 2010. De son côté, Médecins sans frontières a récolté près d’un milliard de dollars en 2010, un montant qui correspond à l’aide publique britannique cette même année. Le développement des moyens de communication et des modes de paiement (par Internet ou par mobile notamment) explique la recrudescence des dons privés. La culture philanthropique américaine n’est pas non plus étrangère à ce phénomène. Le séisme en Haïti le 12 janvier 2010 en est un exemple frappant. Seulement dix jours après le sinistre, les donateurs américains avaient déjà mobilisé 355 millions de dollars. C’est quasiment trois fois plus que les dons privés récoltés sur la même période après le tsunami de 2004 en Asie du Sud-Est (163 millions de dollars). Finalement, sur les trois milliards de dons privés récoltés pour Haïti, plus de la moitié provenait de donateurs américains.
L’aide publique au développement : peut mieux faire
L’un des indicateurs globaux utilisés par l’OCDE pour mesurer la solidarité internationale demeure l’aide publique au développement (APD) fournie par les États pour améliorer le développement économique et le niveau de vie des pays en développement. Elle peut emprunter la voie bilatérale (être fournie directement par un donneur à un bénéficiaire) ou transiter par un organisme multilatéral d’aide au développement (ONU, Banque mondiale) et prendre la forme de dons, de prêts assortis de conditions de faveur ou d’apport d’assistance technique.
Selon l’OCDE, l’aide aux pays en développement a été stable en 2014. Une « bonne nouvelle » : 2013 était une année record avec 135,1 milliards de dollars d’apports nets. « Ces chiffres sont encourageants alors que les donateurs sortent de la plus grave crise économique que nous ayons connue », précise Angel Gurría, secrétaire général de l’OCDE. Seuls bémols, des tours de vis budgétaires ont accompagné un changement de profil des États bénéficiaires de l’APD au profit de pays intermédiaires (Pakistan, Afghanistan, Gaza). Les donateurs ont ainsi délaissé les pays les plus pauvres qui se voient privés en 2014 de 8 % des montants qu’ils avaient touchés l’année précédente. Un chiffre inquiétant puisque l’APD représente plus des deux tiers du financement extérieur des États les moins avancés.
Avec onze milliards de dollars de contribution à l’APD en 2013 (c’est-à-dire 0,36 % de son RNB), la France fait figure de mauvais élève et se situe loin de l’objectif fixé par l’ONU à 0,7 % du RNB. Même constat pour les États-Unis dont la contribution, qui s’élève à 32,7 milliards de dollars, ne représente que 0,19 % de son RNB… Seuls le Royaume-Uni, le Danemark, la Norvège, le Luxembourg et la Suède peuvent se vanter de satisfaire aux exigences onusiennes pour l’année 2014.
S. V.
TOP 5 DES PAYS DONATEURS EN MATIÈRE D’AIDE HUMANITAIRE (en millions de dollars)
2001
- E.U. : 2 043
- Institutions européennes : 1 201
- Arabie saoudite : 657
- Royaume-Uni : 605
- Allemagne : 581
2006
- E.U. : 3 318
- Institutions européennes : 1 879
- Royaume-Uni : 1 122
- Allemagne : 822
- Pays-Bas : 659
2011
- E.U. : 4 288
- Institutions européennes : 1 863
- Royaume-Uni : 1 205
- Japon : 977
- Allemagne : 848
(Source : Courrier International)
L’UE et ses membres en première ligne
Au niveau mondial, l’UE s’affirme comme l’un des principaux donateurs. Elle fournit à la fois aide financière et assistance matérielle, notamment par l’intermédiaire de la direction générale de l’Office d’aide humanitaire de la Commission européenne. Ce bailleur de fonds octroie des financements à des ONG, des agences des Nations unies ou des organisations internationales triées sur le volet. Les fonds proviennent principalement de la participation régulière des États membres au budget de l’Union et, dans une moindre mesure, du Fonds européen de développement. En 2012, le budget européen pour l’aide humanitaire s’élevait à 1,34 milliard d’euros.
Les États membres disposent également de la possibilité de soutenir directement un État touché par une catastrophe. Ces participations publiques nationales ne sont pas négligeables : de l’ordre de quatre milliards de dollars. En cumulant les sommes allouées par l’UE à celles versées par certains de ses membres, on atteint rapidement le montant des contributions américaines : 4,3 milliards de dollars en 2011(cf. tableau).
États-Unis, champions de la solidarité humanitaire
Pourtant, la générosité dont font preuve les États du Vieux Continent ne rivalise pas avec celle consentie par les seuls États-Unis. Et pour cause, les sommes déboursées outre-Atlantique en matière d’aide humanitaire donnent le vertige. L’État fédéral caracole en tête du classement des donateurs les plus généreux. Depuis quinze ans, le montant de l’aide américaine a plus que doublé, atteignant 4,3 milliards de dollars en 2011. Tout comme en Europe, l’intervention des États-Unis est d’une double nature : financière et matérielle. Le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, John Kerry, s’est ainsi engagé à verser dix millions de dollars et à envoyer plusieurs avions militaires pour participer à l’aide humanitaire au Népal. Plus encore que les sommes allouées, ce sont les sources des fonds débloqués par les États-Unis qui surprennent, les dons privés atteignant des sommets au pays de l’Oncle Sam avec plusieurs centaines de millions de dollars.
La montée en puissance du financement privé
De manière générale, les contributions privées à l’aide humanitaire se multiplient. Par exemple, le Global Humanitarian Assitance Report, publié par Development Initiatives en 2011, évalue à 4,3 milliards de dollars le montant des fonds privés en 2010. De son côté, Médecins sans frontières a récolté près d’un milliard de dollars en 2010, un montant qui correspond à l’aide publique britannique cette même année. Le développement des moyens de communication et des modes de paiement (par Internet ou par mobile notamment) explique la recrudescence des dons privés. La culture philanthropique américaine n’est pas non plus étrangère à ce phénomène. Le séisme en Haïti le 12 janvier 2010 en est un exemple frappant. Seulement dix jours après le sinistre, les donateurs américains avaient déjà mobilisé 355 millions de dollars. C’est quasiment trois fois plus que les dons privés récoltés sur la même période après le tsunami de 2004 en Asie du Sud-Est (163 millions de dollars). Finalement, sur les trois milliards de dons privés récoltés pour Haïti, plus de la moitié provenait de donateurs américains.
L’aide publique au développement : peut mieux faire
L’un des indicateurs globaux utilisés par l’OCDE pour mesurer la solidarité internationale demeure l’aide publique au développement (APD) fournie par les États pour améliorer le développement économique et le niveau de vie des pays en développement. Elle peut emprunter la voie bilatérale (être fournie directement par un donneur à un bénéficiaire) ou transiter par un organisme multilatéral d’aide au développement (ONU, Banque mondiale) et prendre la forme de dons, de prêts assortis de conditions de faveur ou d’apport d’assistance technique.
Selon l’OCDE, l’aide aux pays en développement a été stable en 2014. Une « bonne nouvelle » : 2013 était une année record avec 135,1 milliards de dollars d’apports nets. « Ces chiffres sont encourageants alors que les donateurs sortent de la plus grave crise économique que nous ayons connue », précise Angel Gurría, secrétaire général de l’OCDE. Seuls bémols, des tours de vis budgétaires ont accompagné un changement de profil des États bénéficiaires de l’APD au profit de pays intermédiaires (Pakistan, Afghanistan, Gaza). Les donateurs ont ainsi délaissé les pays les plus pauvres qui se voient privés en 2014 de 8 % des montants qu’ils avaient touchés l’année précédente. Un chiffre inquiétant puisque l’APD représente plus des deux tiers du financement extérieur des États les moins avancés.
Avec onze milliards de dollars de contribution à l’APD en 2013 (c’est-à-dire 0,36 % de son RNB), la France fait figure de mauvais élève et se situe loin de l’objectif fixé par l’ONU à 0,7 % du RNB. Même constat pour les États-Unis dont la contribution, qui s’élève à 32,7 milliards de dollars, ne représente que 0,19 % de son RNB… Seuls le Royaume-Uni, le Danemark, la Norvège, le Luxembourg et la Suède peuvent se vanter de satisfaire aux exigences onusiennes pour l’année 2014.
S. V.
TOP 5 DES PAYS DONATEURS EN MATIÈRE D’AIDE HUMANITAIRE (en millions de dollars)
2001
- E.U. : 2 043
- Institutions européennes : 1 201
- Arabie saoudite : 657
- Royaume-Uni : 605
- Allemagne : 581
2006
- E.U. : 3 318
- Institutions européennes : 1 879
- Royaume-Uni : 1 122
- Allemagne : 822
- Pays-Bas : 659
2011
- E.U. : 4 288
- Institutions européennes : 1 863
- Royaume-Uni : 1 205
- Japon : 977
- Allemagne : 848
(Source : Courrier International)