« L’ouverture de capital, c’est comme la première communion : tant qu’on ne l’a pas faite, on n’est pas entrepreneur ! »
Nicolas Dufourcq, le directeur général de BPI France n’a pas mâché ses mots
Lors du « face à face de l’industrie » organisé le 10 octobre dernier à la Maison des Centraliens, le directeur général de BPI France, Nicolas Dufourcq, n’a pas mâché ses mots. Rencontre avec ce banquier de la République au franc-parler.
Sa nomination
« Vous vous demandez comment le numéro 2 de Capgemini a pu plonger dans cette piscine ? », interroge Nicolas Dufourcq avant de poursuivre, « Vous savez, je ne pouvais plus supporter cette image de mélancolie plutonienne que la France renvoie quand on la regarde de l’étranger. Notre pays a des atouts mais il se tire une balle dans le pied à longueur de temps. J’avais envie de prendre les choses à bras-le-corps. BPI France, c’est la poursuite d’une très belle histoire industrielle à la croisée de deux mondes : celui de la PME et celui de la banque française. »
La BPI, un coup politique ?
« Ce n’est pas un coup politique mais il a fallu du politique pour le faire ! » Pour le banquier de la République, la fusion entre les grandes entités du capital-développement aurait dû se faire avant. « Il a fallu une élection présidentielle mais aujourd’hui, on a franchi une étape fondamentale en créant un objet de bon sens qui offre la totalité des prestations des métiers d’art de la finance aux PME. »
Sa BPI, sa bataille
« Cela m’amuse de faire de la tauromachie pour arriver à créer un objet magnifique qui servira d’exemple à l’étranger. La BPI, c’est une banque inaltérable avec la niaque d’une PME. »
Sa lettre à la France
« Il est de notre devoir de faire preuve d’optimisme et d’apprendre à communiquer autour de nos grandes réussites. Nous sommes la deuxième industrie du capital-risque derrière les États-Unis et sur la même marche du podium que les Britanniques. J’ai fait deux tours de France et je suis optimiste pour notre pays qui s’est modernisé dans sa culture de gouvernance. Les patrons des conseils régionaux sont fondamentalement pro-business et complètement « désidéologisés ». Ils sont France nouvelle ! »
Sa religion
« L’ouverture de capital, c’est comme la première communion : tant qu’on ne l’a pas faite, on n’est pas entrepreneur ! Les mentalités doivent évoluer en France car pour répondre aux défis de la mondialisation, les PME doivent réaliser au moins 40 % de leur chiffre d’affaires à l’export. Sinon c’est la mort assurée dans les cinq à dix années à venir. »
Sa capacité de résistance
« Le politique a toujours tendance à tester la résistance des objets qu’il a créés. Au printemps, il y a eu beaucoup d’émotion autour des dossiers de Florange et Petroplus. La résistance du vaisseau BPI France a été testée. Tout le monde a vu que l’on avait une banque d’investissement solide qui savait dire non ! »
Sa bourde
Avoir déclaré lors d’un cocktail à un journaliste localier de l’AFP, « Vous savez Pétroplus n’est pas un bon business. »
Son sauvetage
« On est une banque de territoire qui travaille dans la cuisine de l’entreprise. On est là pour apporter des solutions mais si on ne peut pas, on ne peut pas », déclare avec fermeté l'inspecteur des finances passé par les cabinets ministériels avant de prendre la tête de Wanadoo, la filiale de France Télécom, puis de rejoindre Capgemini. Qualifié par le monde des affaires de « bâtisseur opiniâtre », Dufourcq a récemment sauvé Clestra, entreprise qui fait des cloisons amovibles et dans laquelle il confesse avoir réalisé son stage au sortir de l’ENA.
Son coup de sang
« Vous aurez beau mettre tous les capitaux de la BPI, tant que les ingénieurs n’iront pas dans l’industrie, cela ne sert à rien. » Le pavé est lancé dans la mare par Nicolas Dufourcq qui ajoute, « il y a un énorme problème de management technologique des PME industrielles en France, sans compter, les relations difficiles entre les PME et les grandes entreprises. Le Pacte PME n’est pas suffisant. Il y a trop de patrons qui vendent leurs technologies à l’étranger et pas aux grandes entreprises françaises. C’est désespérant ! »
Son message aux médias
« La presse française doit faire de nos entrepreneurs des héros. La capitalisation de plus d’un milliard de dollars visée par la société française Criteo pour son introduction sur le Nasdaq, c’est l’équivalent d’une triple médaille d’or ! » Message reçu, Monsieur Dufourcq.
Emilie Vidaud
Sa nomination
« Vous vous demandez comment le numéro 2 de Capgemini a pu plonger dans cette piscine ? », interroge Nicolas Dufourcq avant de poursuivre, « Vous savez, je ne pouvais plus supporter cette image de mélancolie plutonienne que la France renvoie quand on la regarde de l’étranger. Notre pays a des atouts mais il se tire une balle dans le pied à longueur de temps. J’avais envie de prendre les choses à bras-le-corps. BPI France, c’est la poursuite d’une très belle histoire industrielle à la croisée de deux mondes : celui de la PME et celui de la banque française. »
La BPI, un coup politique ?
« Ce n’est pas un coup politique mais il a fallu du politique pour le faire ! » Pour le banquier de la République, la fusion entre les grandes entités du capital-développement aurait dû se faire avant. « Il a fallu une élection présidentielle mais aujourd’hui, on a franchi une étape fondamentale en créant un objet de bon sens qui offre la totalité des prestations des métiers d’art de la finance aux PME. »
Sa BPI, sa bataille
« Cela m’amuse de faire de la tauromachie pour arriver à créer un objet magnifique qui servira d’exemple à l’étranger. La BPI, c’est une banque inaltérable avec la niaque d’une PME. »
Sa lettre à la France
« Il est de notre devoir de faire preuve d’optimisme et d’apprendre à communiquer autour de nos grandes réussites. Nous sommes la deuxième industrie du capital-risque derrière les États-Unis et sur la même marche du podium que les Britanniques. J’ai fait deux tours de France et je suis optimiste pour notre pays qui s’est modernisé dans sa culture de gouvernance. Les patrons des conseils régionaux sont fondamentalement pro-business et complètement « désidéologisés ». Ils sont France nouvelle ! »
Sa religion
« L’ouverture de capital, c’est comme la première communion : tant qu’on ne l’a pas faite, on n’est pas entrepreneur ! Les mentalités doivent évoluer en France car pour répondre aux défis de la mondialisation, les PME doivent réaliser au moins 40 % de leur chiffre d’affaires à l’export. Sinon c’est la mort assurée dans les cinq à dix années à venir. »
Sa capacité de résistance
« Le politique a toujours tendance à tester la résistance des objets qu’il a créés. Au printemps, il y a eu beaucoup d’émotion autour des dossiers de Florange et Petroplus. La résistance du vaisseau BPI France a été testée. Tout le monde a vu que l’on avait une banque d’investissement solide qui savait dire non ! »
Sa bourde
Avoir déclaré lors d’un cocktail à un journaliste localier de l’AFP, « Vous savez Pétroplus n’est pas un bon business. »
Son sauvetage
« On est une banque de territoire qui travaille dans la cuisine de l’entreprise. On est là pour apporter des solutions mais si on ne peut pas, on ne peut pas », déclare avec fermeté l'inspecteur des finances passé par les cabinets ministériels avant de prendre la tête de Wanadoo, la filiale de France Télécom, puis de rejoindre Capgemini. Qualifié par le monde des affaires de « bâtisseur opiniâtre », Dufourcq a récemment sauvé Clestra, entreprise qui fait des cloisons amovibles et dans laquelle il confesse avoir réalisé son stage au sortir de l’ENA.
Son coup de sang
« Vous aurez beau mettre tous les capitaux de la BPI, tant que les ingénieurs n’iront pas dans l’industrie, cela ne sert à rien. » Le pavé est lancé dans la mare par Nicolas Dufourcq qui ajoute, « il y a un énorme problème de management technologique des PME industrielles en France, sans compter, les relations difficiles entre les PME et les grandes entreprises. Le Pacte PME n’est pas suffisant. Il y a trop de patrons qui vendent leurs technologies à l’étranger et pas aux grandes entreprises françaises. C’est désespérant ! »
Son message aux médias
« La presse française doit faire de nos entrepreneurs des héros. La capitalisation de plus d’un milliard de dollars visée par la société française Criteo pour son introduction sur le Nasdaq, c’est l’équivalent d’une triple médaille d’or ! » Message reçu, Monsieur Dufourcq.
Emilie Vidaud