Le 30 juillet dernier, l’Argentine se retrouvait en défaut de paiement pour la deuxième fois en treize ans.
Une nouvelle passée quasiment inaperçue en Europe. Pourtant, la troisième économie d’Amérique latine va continuer à faire parler d’elle.

En 2001, l’Argentine se déclarait en défaut de paiement. La crise avait eu raison d’une économie chancelante dépendante du commerce extérieur et minée par le travail au noir. Treize ans plus tard, l’Argentine remet ça. Mais cette fois-ci, l’État n’est pas le seul responsable.

Fonds vautours


Car en réalité, l’Argentine dispose des ressources pour payer ses échéances. En 2001, 93 % des entités détenant de la dette argentine acceptaient une décote de 70 %. Depuis, l’Argentine réussit tant bien que mal à honorer ses engagements. Mais c’était sans compter les 7 % qui réclament toujours l’intégralité et qui ont obtenu gain de cause devant la justice américaine. L’Argentine ne peut rembourser aucune dette tant qu’elle n’a pas payé les 1,3 milliards de dollars qu’elle doit aux deux fonds vautours NML Capital et Aurelius. Résultat, le 30 juillet dernier, l'Argentine a été poussée au défaut de paiement, n'ayant pu honorer une dette de 539 millions de dollars qui arrivait à échéance.

Derrière ces deux fonds se cachent en réalité une seule entité : Elliott Management. Le premier fonds est en fait une de ses filiales et le second est géré par l’avocat Mark Brodsky, un salarié d’Elliott Management. Ces fonds sont spécialisés dans l’achat de dette décotées : ils achètent à bas prix des créances détenues par des investisseurs préférant limiter leurs pertes et lancent ensuite une guerre judiciaire pour avoir gain de cause. Ils obtiennent alors le remboursement de leurs créances à prix d’or.

Guerre judiciaire

Et ça marche. Elliott Management n’en est pas à son coup d’essai. Sa stratégie s’est déjà avérée payante avec le Pérou, en 1998, et la République du Congo, en 2005. Le fonds a obtenu 58 millions de dollars du Pérou pour des titres qu’il avait payé 11 millions de dollars deux ans auparavant. Avec la République du Congo, les chiffres sont encore plus impressionnants : après avoir acheté 10 millions de dollars de dette, il obtient de se faire rembourser 127 millions de dollars en 2005. En 2008, après d’âpres négociations, le pays trouve un accord dont le montant ne sera pas dévoilé.

Le gouvernement argentin n’est pas non plus exempt de tout reproche. En refusant de négocier avec ces fonds vautours, l’Argentine s’est piégée elle-même. Après le verdict en première instance, l’État aurait dû faire un dépôt de garantie pour payer les bons au prix de la décote. Faire comme si les 7 % des créanciers qui ont refusé la restructuration de la dette l'avaient acceptée. Cela aurait eu deux avantages : mettre de l’argent de côté au cas où il perdrait son procès et montrer au juge américain sa bonne volonté.

Pour l’Argentine, la guerre judiciaire ne fait que commencer. La clause Rufo (Rights Upon Future Offers), accord signé par les créanciers qui avaient accepté la restructuration de la dette, stipule que cet accord serait caduc au cas où les fonds vautours obtiendraient plus qu'eux. Voilà pourquoi l’Argentine se retrouve coincée. Si elle cède, elle risque de perdre bien plus gros. Pour sortir de cette impasse, un groupe de banques argentines seraient prêtes à racheter la dette nationale, évaluée à 1,75 milliard de dollars. Sans nul doute, les négociations devraient être mouvementées.

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