L’aspect fondamental de la valorisation d’une entreprise est le potentiel de création de valeur de cette dernière
Entretien avec Rudy Cohen-Scali, associé corporate finance, Ernst&Young
Décideurs. Comment se porte le marché des M&A ?
Rudy Cohen-Scali. Depuis le début de l’année 2011 jusqu’au 30 septembre, le marché des fusions-acquisitions a été en progression par rapport à la même période en 2010. Il a enregistré une croissance d’environ 25 % en France, et de 27 % au niveau européen. Mais les statistiques sont difficiles à analyser parce que c’est un marché de cycles longs. En France, par exemple, au dernier trimestre 2011, les transactions ont diminué de plus 50 % en volume par rapport au trimestre précédant. Malgré tout, dans les transactions sur lesquelles nous sommes intervenus, il n’y a pas eu de remise en cause de l’opportunité de l’opération, ni même du prix. L’effondrement des marchés financiers aura obligatoirement un impact sur le marché des M&A. Mais si des inquiétudes sont légitimes au niveau macroéconomique, tous les acteurs restent confiants au niveau microéconomique. Il ne s’agit pas de faire un déni des difficultés éprouvées par les entreprises, mais malgré tout on observe un désir fort de croissance externe. Il y a d’ailleurs une grande différence entre la crise financière de 2008 et celle que nous traversons actuellement. Si, en 2008, les entreprises ont adopté des stratégies de survie, aujourd’hui le cœur des préoccupations stratégiques est la croissance et les industriels estiment être dans des conditions convenables pour assouvir leur velléité de développement.
Décideurs. Dans un contexte économique chahuté, l’évaluation des cibles est-elle plus complexe ?
R. C.-S. La valorisation des cibles consiste en une approche multicritère. Nous utilisons plusieurs méthodes (analogique, intrinsèque, etc.) comme d’habitude, mais la pondération de ces dernières a changé. En effet, le marché étant atypique, nous sommes obligés de tenir compte des multiples, mais cela ne guide pas la valorisation d’une entreprise. La méthodologie en soi ne change pas, c’est l’équilibre des méthodes pour arriver à déterminer le juste prix qui a changé. L’aspect fondamental de la valorisation d’une entreprise est le potentiel de création de valeur de cette dernière. Les méthodes intrinsèques et patrimoniales pèsent donc plus que la méthode analogique, même si le comparable boursier ou le multiple de transaction ne sont pas encore totalement obsolètes. Par ailleurs, dans ce contexte macroéconomique incertain, la synergie potentielle créée par la transaction est un élément essentiel de la stratégie d’investissement, et donc de la valorisation.
Décideurs. L’entente sur le prix de transaction entre acheteur et vendeur est-elle compromise ?
R. C.-S. Il y aura toujours une divergence entre les optimistes et les pessimistes. Avant l’été 2011, la convergence sur les prix des cibles a effectivement favorisé un certain nombre de transactions. Il est vrai que l’effondrement des marchés financiers complique les processus de transaction, mais on ne constate pas encore de fourchettes de valorisation trop larges, qui empêcheraient les opérations de M&A, sauf peut-être dans le private equity. Une chose est sûre, pour les cibles de qualité, il y aura toujours des acheteurs intéressés malgré les incertitudes économiques.
Décideurs. Quel poids les pays émergents auront-ils dans les futures opérations de M&A ?
R. C.-S. Il est difficile de déterminer un flux de transactions dominant. Elles se feront dans les deux sens et le marché sera très opportuniste. D’un côté, l’Europe et les États-Unis continueront à aller chercher de la croissance dans les Bric, le Mexique, la Malaisie, l’Argentine et l’Afrique du Sud. De l’autre, les pays émergents étudient de plus en plus de dossiers et certaines entreprises commencent à être actives. Certains secteurs, comme le luxe, pourraient être propices a de belles opérations avec pour prédateurs les pays émergents. De fait, la rareté des cibles pourrait pousser les acteurs à accélérer leur stratégie d’acquisition.
Rudy Cohen-Scali. Depuis le début de l’année 2011 jusqu’au 30 septembre, le marché des fusions-acquisitions a été en progression par rapport à la même période en 2010. Il a enregistré une croissance d’environ 25 % en France, et de 27 % au niveau européen. Mais les statistiques sont difficiles à analyser parce que c’est un marché de cycles longs. En France, par exemple, au dernier trimestre 2011, les transactions ont diminué de plus 50 % en volume par rapport au trimestre précédant. Malgré tout, dans les transactions sur lesquelles nous sommes intervenus, il n’y a pas eu de remise en cause de l’opportunité de l’opération, ni même du prix. L’effondrement des marchés financiers aura obligatoirement un impact sur le marché des M&A. Mais si des inquiétudes sont légitimes au niveau macroéconomique, tous les acteurs restent confiants au niveau microéconomique. Il ne s’agit pas de faire un déni des difficultés éprouvées par les entreprises, mais malgré tout on observe un désir fort de croissance externe. Il y a d’ailleurs une grande différence entre la crise financière de 2008 et celle que nous traversons actuellement. Si, en 2008, les entreprises ont adopté des stratégies de survie, aujourd’hui le cœur des préoccupations stratégiques est la croissance et les industriels estiment être dans des conditions convenables pour assouvir leur velléité de développement.
Décideurs. Dans un contexte économique chahuté, l’évaluation des cibles est-elle plus complexe ?
R. C.-S. La valorisation des cibles consiste en une approche multicritère. Nous utilisons plusieurs méthodes (analogique, intrinsèque, etc.) comme d’habitude, mais la pondération de ces dernières a changé. En effet, le marché étant atypique, nous sommes obligés de tenir compte des multiples, mais cela ne guide pas la valorisation d’une entreprise. La méthodologie en soi ne change pas, c’est l’équilibre des méthodes pour arriver à déterminer le juste prix qui a changé. L’aspect fondamental de la valorisation d’une entreprise est le potentiel de création de valeur de cette dernière. Les méthodes intrinsèques et patrimoniales pèsent donc plus que la méthode analogique, même si le comparable boursier ou le multiple de transaction ne sont pas encore totalement obsolètes. Par ailleurs, dans ce contexte macroéconomique incertain, la synergie potentielle créée par la transaction est un élément essentiel de la stratégie d’investissement, et donc de la valorisation.
Décideurs. L’entente sur le prix de transaction entre acheteur et vendeur est-elle compromise ?
R. C.-S. Il y aura toujours une divergence entre les optimistes et les pessimistes. Avant l’été 2011, la convergence sur les prix des cibles a effectivement favorisé un certain nombre de transactions. Il est vrai que l’effondrement des marchés financiers complique les processus de transaction, mais on ne constate pas encore de fourchettes de valorisation trop larges, qui empêcheraient les opérations de M&A, sauf peut-être dans le private equity. Une chose est sûre, pour les cibles de qualité, il y aura toujours des acheteurs intéressés malgré les incertitudes économiques.
Décideurs. Quel poids les pays émergents auront-ils dans les futures opérations de M&A ?
R. C.-S. Il est difficile de déterminer un flux de transactions dominant. Elles se feront dans les deux sens et le marché sera très opportuniste. D’un côté, l’Europe et les États-Unis continueront à aller chercher de la croissance dans les Bric, le Mexique, la Malaisie, l’Argentine et l’Afrique du Sud. De l’autre, les pays émergents étudient de plus en plus de dossiers et certaines entreprises commencent à être actives. Certains secteurs, comme le luxe, pourraient être propices a de belles opérations avec pour prédateurs les pays émergents. De fait, la rareté des cibles pourrait pousser les acteurs à accélérer leur stratégie d’acquisition.