Le 28 juin 2014, le Conseil des ministres de l’UEMOA a renouvelé le mandat de Christian Adovelande en tant que président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), pour une durée de six ans. Depuis le Togo où siège la banque, le président fait le point sur les réalisations et les initiatives récentes de l’institution africaine.

 

Décideurs. Bien que l’aide publique au développement reste l’une des principales sources de financement extérieur des pays africains, elle connaît aujourd’hui une certaine atonie. Quelle est la politique de la BOAD pour mobiliser l’épargne de longue durée ?
Christian Adovelande. Le marché régional des capitaux constitue un domaine privilégié de mobilisation de ressources pour la BOAD. Fin décembre 2014, le total des ressources d’emprunt collectées sur le marché de l’UEMOA, depuis sa première émission en 1993, se chiffrait à 841 milliards de francs CFA. Notre institution se situe ainsi au premier rang des émetteurs non souverains de la zone.

Et la BOAD compte renforcer cette présence les prochaines années. Cela se traduira notamment par une plus grande fréquence des émissions de titres d’emprunt. Afin d’élargir la base des souscripteurs de ses titres, elle veillera à innover sur les produits financiers proposés. Mais le risque de saturation du marché financier régional nous conduit à envisager d’avoir recours, à titre complémentaire, aux ressources du marché financier international. Nous essayerons également de diversifier nos modes de refinancement. La BOAD s’intéressera à des produits tels que les obligations d’infrastructures (project bonds).

Décideurs. La BOAD a fait de l’intégration régionale par le financement des infrastructures un de ses axes prioritaires. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C. A. La BOAD investit d’importantes ressources pour soutenir des projets intégrateurs visant notamment à renforcer la complémentarité des économies des États membres de l’UEMOA, et à améliorer leur compétitivité.

Pour vous donner une idée, à la fin de 2014, la BOAD a soutenu la réalisation de 305 projets dans le secteur des infrastructures, sur un total de 728 projets financés depuis le début de ses opérations en 1976. Cela correspond à 2 063 milliards de francs CFA, sur un montant total d’engagements qui s’élève à 3 184 milliards de francs CFA. Nos investissements contribuent à mettre en place, réhabiliter et moderniser des infrastructures dans divers domaines : transports routier, maritime, aérien, ferroviaire, énergie et télécommunications.
A titre d’exemple, la BOAD a soutenu la réalisation d’environ 13 000 km de routes inter-États, plus de 1400 km de lignes électriques d’interconnexion, et plus de 5500 km de câbles de fibres optiques. Il est important de souligner que dans la plupart de ses États membres, la BOAD se place en première position des bailleurs de fonds pour ce qui concerne le financement des infrastructures de transport et d’énergie.

La BOAD participe activement à la mise en œuvre des programmes d’investissements communautaires de l’UEMOA, tels que la deuxième phase du Programme économique régional (PER II), l’Initiative régionale pour l’énergie durable (IRED), le Programme d’action communautaire des infrastructures et des transports routiers (PACITR) indispensables au renforcement de l’intégration en Afrique de l’Ouest. Et pour les cinq prochaines années, la BOAD compte porter la part de financement des projets intégrateurs d’infrastructures à 50 % des engagements à moyen et long termes, contre une moyenne de 31 % au cours des cinq dernières années et de 37,4 % en cumul depuis le début de ses activités.

Décideurs. L’accès au financement est le premier frein au développement des entreprises en Afrique, notamment des PME-PMI. Que fait la BOAD pour répondre à ce défi ?

C. A. Les interventions de la BOAD sont concentrées sur les grandes entreprises à travers les financements à moyen et long termes. Elle n’intervient directement dans un projet qu’à partir d’un certain seuil, en respect du principe de subsidiarité avec le secteur bancaire local. Ceci a pour conséquence qu’un nombre important de PME ne peuvent solliciter un financement direct de la Banque. Mais en fonction de leurs besoins spécifiques, la BOAD soutient des PME qui sont en phase de croissance. La BOAD soutient surtout la création ou le développement des PME en octroyant des lignes de refinancement aux institutions financières nationales et en prenant des participations.

Et la BOAD promeut de nouveaux outils de financement qui permettent aux PME de surmonter les difficultés qu’elles éprouvent souvent à atteindre un niveau de fonds propres adéquat et à réunir des garanties suffisantes.

Elle a ainsi pris une part très active aux côtés de partenaires tels que l’AFD, la DEG, la BEI, la SFI, ou la BAD, dans la mise en place de plusieurs outils, notamment : le Fonds Gari, Cauris Investissement, la Société ouest africaine de gestion d'actifs (SOAGA), la Caisse régionale de refinancement hypothécaire de l’UEMOA et la BOAD Titrisation, dont le métier est d’assurer des prestations de titrisation depuis 2012.

Propos recueillis par André-Franck Ahoyo & Elodie Sigaux
 

 

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