Renaud Laplanche est à l'origine d'une des plus belles success stories de la Silicon Valley.
Renaud Laplanche (Lending Club): «Le cofondateur doit servir de relais culturel»
Décideurs. Vous aviez connu un premier succès américain avec Matchpoint. Envisagiez-vous de fonder Lending Club en France ?
Renaud Laplanche. Je ne l’ai pas envisagé pour des raisons techniques : le cadre réglementaire américain était plus propice qu’en Europe. Il est plus facile d’y obtenir un accord des autorités pour opérer des prêts entre particuliers. Et à choisir, le marché américain est plus adapté. Il est plus grand par la taille et par sa maturité, le crédit à la consommation étant fortement ancré dans la culture.
Décideurs. Comment expliquez-vous la rapidité avec laquelle la SEC vous a donné leur feu vert ?
R. L. Les autorités étaient favorables au projet dès son origine, malgré les efforts à fournir pour trouver un régime juridique adapté à l’activité de Lending Club. Toutes les lois américaines sur les valeurs mobilières datent des années 1930, ce qui rend difficile leur application à des mécanismes de distribution innovants. Les autorités nous ont beaucoup aidés pour cela.
Décideurs. La composition de votre board donne l’impression d’un homme bien entouré. Quels étaient les éléments forts de votre réseau au lancement de Lending Club ?
R. L. Le fait d’avoir créé Matchpoint auparavant m’a beaucoup aidé pour la création de Lending Club, c’est incontestable. Je pense notamment à l’équipe de développeurs, qui est venue directement d’Oracle (Oracle a racheté Matchpoint en 2005). De même, les premiers actionnaires de Lending Club étaient ceux qui avaient connu le succès avec Matchpoint. Enfin, la qualité de la relation avec les autorités de régulation étant très importante, j’ai été beaucoup aidé par les avocats du cabinet WilmerHale.
Décideurs. Quelle est la puissance de la communauté française à San Francisco ?
R. L. À San Francisco la communauté française est forte, mais ce n’est pas en son sein que j’ai recherché mes contacts. Il me fallait quatre board members indépendants : nous avons pris des personnalités américaines très complémentaires. C’est le pragmatisme qui a primé.
Décideurs. Quel est votre meilleur conseil pour les entrepreneurs qui visent la Silicon Valley ?
R. L. Le plus difficile lorsqu’on vient de l’étranger est qu’on n’est pas imprégné de la culture américaine. L’évaluation des différentes personnalités et la compréhension des subtilités culturelles ne s’acquièrent qu’au fil du temps. Je recommanderais donc à ceux qui viennent s’installer en Californie de trouver un cofondateur américain. Cet associé leur permettra de traduire les spécificités relatives au recrutement, au marketing, ou à tous les aspects importants de l’activité de la start-up. Le cofondateur doit servir de relais culturel. Je suis pour ma part entouré d’Américains.
Décideurs. Après Criteo en 2013, l’IPO de Lending Club enverra un signal fort aux entrepreneurs du Vieux Continent. Que représente pour vous l’introduction en Bourse?
R. L. Le process de l’introduction en Bourse répond à un effort de construction de la marque plus qu’autre chose. Lending Club est bénéficiaire, dispose d’une base de plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs et n’a pas réellement besoin de lever des capitaux.
L’IPO augmentera la notoriété de la marque et la crédibilité de la société auprès du public. Nous souhaitons aussi pérenniser le groupe, faire comprendre au marché que nous serons présents pour les vingt ans qui viennent. La marque va changer de statut. Toutes les sociétés exposées aux consommateurs, et davantage dans le domaine financier, mettent du temps avant de construire la confiance que leur accorde le marché. L’IPO va aussi nous aider à prendre de l’avance sur nos concurrents. Plus on grandit, plus l’on devient attractif et on profite des effets de plate-forme, plus on prend d’avance. Nous sommes désormais quatre fois plus importants que le challenger sur notre marché.
Propos recueillis par Pierre-Henri Kuhn, à l'occasion des French-American Business Awards.
Renaud Laplanche. Je ne l’ai pas envisagé pour des raisons techniques : le cadre réglementaire américain était plus propice qu’en Europe. Il est plus facile d’y obtenir un accord des autorités pour opérer des prêts entre particuliers. Et à choisir, le marché américain est plus adapté. Il est plus grand par la taille et par sa maturité, le crédit à la consommation étant fortement ancré dans la culture.
Décideurs. Comment expliquez-vous la rapidité avec laquelle la SEC vous a donné leur feu vert ?
R. L. Les autorités étaient favorables au projet dès son origine, malgré les efforts à fournir pour trouver un régime juridique adapté à l’activité de Lending Club. Toutes les lois américaines sur les valeurs mobilières datent des années 1930, ce qui rend difficile leur application à des mécanismes de distribution innovants. Les autorités nous ont beaucoup aidés pour cela.
Décideurs. La composition de votre board donne l’impression d’un homme bien entouré. Quels étaient les éléments forts de votre réseau au lancement de Lending Club ?
R. L. Le fait d’avoir créé Matchpoint auparavant m’a beaucoup aidé pour la création de Lending Club, c’est incontestable. Je pense notamment à l’équipe de développeurs, qui est venue directement d’Oracle (Oracle a racheté Matchpoint en 2005). De même, les premiers actionnaires de Lending Club étaient ceux qui avaient connu le succès avec Matchpoint. Enfin, la qualité de la relation avec les autorités de régulation étant très importante, j’ai été beaucoup aidé par les avocats du cabinet WilmerHale.
Décideurs. Quelle est la puissance de la communauté française à San Francisco ?
R. L. À San Francisco la communauté française est forte, mais ce n’est pas en son sein que j’ai recherché mes contacts. Il me fallait quatre board members indépendants : nous avons pris des personnalités américaines très complémentaires. C’est le pragmatisme qui a primé.
Décideurs. Quel est votre meilleur conseil pour les entrepreneurs qui visent la Silicon Valley ?
R. L. Le plus difficile lorsqu’on vient de l’étranger est qu’on n’est pas imprégné de la culture américaine. L’évaluation des différentes personnalités et la compréhension des subtilités culturelles ne s’acquièrent qu’au fil du temps. Je recommanderais donc à ceux qui viennent s’installer en Californie de trouver un cofondateur américain. Cet associé leur permettra de traduire les spécificités relatives au recrutement, au marketing, ou à tous les aspects importants de l’activité de la start-up. Le cofondateur doit servir de relais culturel. Je suis pour ma part entouré d’Américains.
Décideurs. Après Criteo en 2013, l’IPO de Lending Club enverra un signal fort aux entrepreneurs du Vieux Continent. Que représente pour vous l’introduction en Bourse?
R. L. Le process de l’introduction en Bourse répond à un effort de construction de la marque plus qu’autre chose. Lending Club est bénéficiaire, dispose d’une base de plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs et n’a pas réellement besoin de lever des capitaux.
L’IPO augmentera la notoriété de la marque et la crédibilité de la société auprès du public. Nous souhaitons aussi pérenniser le groupe, faire comprendre au marché que nous serons présents pour les vingt ans qui viennent. La marque va changer de statut. Toutes les sociétés exposées aux consommateurs, et davantage dans le domaine financier, mettent du temps avant de construire la confiance que leur accorde le marché. L’IPO va aussi nous aider à prendre de l’avance sur nos concurrents. Plus on grandit, plus l’on devient attractif et on profite des effets de plate-forme, plus on prend d’avance. Nous sommes désormais quatre fois plus importants que le challenger sur notre marché.
Propos recueillis par Pierre-Henri Kuhn, à l'occasion des French-American Business Awards.