Les taux d’intérêt associés à la dette souveraine des États européens montent en flèche. La France ne devrait pas en souffrir... à court terme.
La France face à la hausse des taux obligataires
Le mercredi 10 juin, le Bund allemand (emprunt à dix ans) passait la barre des 1 % alors qu’il était proche de 0 % deux mois auparavant. Les taux français ont suivi la tendance haussière en atteignant 1,39 % ce même jour contre 0,35 % mi-avril. Le retour de l’inflation, qui était de + 0,3 % en mai dernier, et l’inquiétante situation grecque conduisent les investisseurs à se détourner des dettes souveraines européennes, entraînant automatiquement une hausse des taux de rendement exigés.
Des impacts minimes à court terme
Dans un premier temps, la France souffrira peu de la revalorisation des taux. Dans le projet de loi de finances pour 2015, le taux moyen d’emprunt est fixé à 2,2 %, ce qui laisse une marge d’action au gouvernement. De plus, l’Agence France Trésor (AFT) a déjà émis, à la mi-juin, 94 milliards de dette à moyen et long terme sur les 187 milliards nécessaires pour couvrir le besoin de financement de l’État. Enfin, la France connaît depuis plusieurs années une baisse historique de ses coûts de financement. Le rendement moyen des OAT (obligation assimilable du Trésor) était de 4,45 % entre 1998 et 2007, de 1,9 % en 2014 et il ne devrait pas dépasser 0,8 % cette année.
À moyen terme, la France face au mur de la dette ?
Le risque principal réside dans un accident d’émission. La France pourrait échouer à placer l’intégralité des obligations émises sur un marché moins liquide que par le passé. Pour pallier ce danger, l’AFT rachète des titres en avance chaque année. Elle a ainsi procédé au rachat de 31 milliards d’obligations en 2014. Mais l’addition pourrait être salée. La maturité moyenne de la dette étant de sept ans, en 2022 l’État devra refinancer la dette émise en 2015 à des taux assez élevés. Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, a averti qu’une hausse des taux d’un point coûterait « quarante milliards aux finances publiques » en cumulé sur cinq ans.
Si cette tendance obligataire se confirme, elle entraînera dans son sillage les taux bancaires. Le crédit devenant alors plus cher, le marché immobilier, déjà fragilisé par plusieurs années de crise, risque de ralentir davantage et les entreprises auront toujours plus de mal à se financer. Autant de facteurs qui pèseront sur la reprise de la croissance et donc, in fine, sur la réduction du déficit public.
Consciente des risques, la BCE a confirmé son intention de racheter soixante milliards d’euros d’actifs par mois jusqu’en septembre 2016. La seule solution pour éviter le scénario catastrophe évoqué plus haut serait de réduire le déficit public. En attendant, la dette souveraine devrait atteindre 97 % du PIB en 2016, contre 95 % en 2014.
Sophia Sanni Soulé
Des impacts minimes à court terme
Dans un premier temps, la France souffrira peu de la revalorisation des taux. Dans le projet de loi de finances pour 2015, le taux moyen d’emprunt est fixé à 2,2 %, ce qui laisse une marge d’action au gouvernement. De plus, l’Agence France Trésor (AFT) a déjà émis, à la mi-juin, 94 milliards de dette à moyen et long terme sur les 187 milliards nécessaires pour couvrir le besoin de financement de l’État. Enfin, la France connaît depuis plusieurs années une baisse historique de ses coûts de financement. Le rendement moyen des OAT (obligation assimilable du Trésor) était de 4,45 % entre 1998 et 2007, de 1,9 % en 2014 et il ne devrait pas dépasser 0,8 % cette année.
À moyen terme, la France face au mur de la dette ?
Le risque principal réside dans un accident d’émission. La France pourrait échouer à placer l’intégralité des obligations émises sur un marché moins liquide que par le passé. Pour pallier ce danger, l’AFT rachète des titres en avance chaque année. Elle a ainsi procédé au rachat de 31 milliards d’obligations en 2014. Mais l’addition pourrait être salée. La maturité moyenne de la dette étant de sept ans, en 2022 l’État devra refinancer la dette émise en 2015 à des taux assez élevés. Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, a averti qu’une hausse des taux d’un point coûterait « quarante milliards aux finances publiques » en cumulé sur cinq ans.
Si cette tendance obligataire se confirme, elle entraînera dans son sillage les taux bancaires. Le crédit devenant alors plus cher, le marché immobilier, déjà fragilisé par plusieurs années de crise, risque de ralentir davantage et les entreprises auront toujours plus de mal à se financer. Autant de facteurs qui pèseront sur la reprise de la croissance et donc, in fine, sur la réduction du déficit public.
Consciente des risques, la BCE a confirmé son intention de racheter soixante milliards d’euros d’actifs par mois jusqu’en septembre 2016. La seule solution pour éviter le scénario catastrophe évoqué plus haut serait de réduire le déficit public. En attendant, la dette souveraine devrait atteindre 97 % du PIB en 2016, contre 95 % en 2014.
Sophia Sanni Soulé