C’est l’opération financière qui a réveillé la planète du capital-risque français en juillet dernier. Pour un montant de 600 millions de dollars (valeur d’entreprise), l’acquisition de la start-up Neolane par le géant américain Adobe prend des allures de casse du siècle pour les capital-risqueurs d’Auriga Partners, propulsés au rang de dénicheurs de pépites françaises de la high-tech.
Le 19 juillet dernier, le fonds Auriga Partners réalisait un retour sur investissement moyen de 33,5 sur sa mise, lors de l’opération de rachat orchestrée par le géant Adobe. Entrés au capital de la toute jeune start-up en 2002 pour un montant d’un million d’euros, les capital-risqueurs ont vu leur pari audacieux récompensé par un multiple de sortie de soixante-cinq fois sur l’investissement initial. Une opération qui prend des allures de casse du siècle sur un marché du venture français en berne.

Une valorisation époustouflante

Créé en 2001 par quatre mousquetaires de l’entrepreneuriat passionnés de nouvelles technologies, Neolane, éditeur français de logiciels marketing, est rapidement considéré comme l’une des start-up les plus prometteuses dans le secteur high-tech français. Après un premier tour de table en 2002, soit sept mois après sa création, la jeune pousse procède en 2006 à une augmentation de capital de cinq millions d’euros qui associe XAnge à Auriga comme co-investisseur et permet à Neolane de partir à la conquête du marché nord-américain. La dernière levée de fonds a lieu en 2011 et marque l’entrée du fonds américain Battery Ventures pour un montant déjà très conséquent de vingt-cinq millions de dollars qui valorise l’entreprise à 170 millions de dollars. C’est à l’été 2013 que l’éditeur américain des logiciels Acrobat et Photoshop fait une opération préemptive en offrant un prix que personne n’aurait imaginé. En effet, compte tenu de la taille de Neolane – qui totalisait en 2012 un chiffre d’affaires de quarante-quatre millions d’euros – la somme de 600 millions de dollars (460 millions d’euros) déboursée par Adobe pose la question de la valorisation de cette pépite française à plus de dix fois son chiffre d’affaires. Un montant rarement atteint dans le secteur des hautes technologies en France. En tant que principal actionnaire à hauteur de 20 % du capital, Auriga réalise avec cette opération la plus importante plus-value de son histoire.

La high-tech vaisseau amiral du venture ?

Les grands industriels s’intéressent au secteur des nouvelles technologies, considéré comme un relais de croissance important. Depuis le début de la décennie, le secteur du marketing en ligne est en effet en forte croissance et donne lieu à un important mouvement de concentration. Parmi les plus marquants, figurent en tête de liste le mariage de Microsoft avec MarketingPilot et Netbreeze mais aussi les unions multiples du géant Oracle avec Fatwire, Vitrue, Involver et Eloqua, sans oublier Unica rachetée par IBM et Aprimo par Teradata ou encore en juin dernier, le rachat par Salesforce d’ExactTarget pour la coquette somme de 2,5 milliards de dollars. En France, cette tendance à la concentration a également lieu dans le secteur des logiciels, où les capital-risqueurs d’Auriga ont réalisé de belles opérations qui témoignent du dynamisme français sur le marché du venture dans les hautes technologies. En 2012, l’entreprise EVE (Emulation & Verification Engineering) est cédée à l’américain Synopsys, leader mondial de la CAO électronique pour un montant supérieur à 100 millions d’euros selon nos sources. La même année, Auriga réalise une belle plus-value en cédant l’éditeur Oxland, spécialisé dans la maintenance prédictive des grandes infrastructures, qui en huit ans à peine est passé d’un chiffre d’affaires de moins d’un million d’euros en 2004 à plus de dix millions d’euros en 2012. Ces opérations démontrent la volonté d’Auriga de renforcer sa présence dans le secteur de la high-tech, notamment avec la constitution prochainement d’un nouveau fonds qui rassemblera des entreprises spécialisées dans le domaine des logiciels. Dans les prochaines années, le venture pourrait-il être promis à un avenir sans nuage tiré par l’industrie du cloud ? Affaire à suivre…

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