Richard Arlove (Abax Services): « La République de Maurice s'est positionnée comme le centre financier de l'Afrique»

Décideurs. Quel est le rôle de Maurice aujourd'hui dans le secteur des investissements en Afrique ?

Richard Arlove. L'histoire de Maurice, avec les colonisations française puis britannique, sa situation géographique à la croisée des continents africain et asiatique, en font naturellement un creuset de cultures. La population est bilingue anglais-français. Le droit civil est hérité du Code napoléon alors que le droit des affaires provient de la common law. Or les affaires, ce sont avant tout les relations, et les relations, c'est la culture !

Depuis quelques années, la République de Maurice s'est ainsi positionnée comme le centre financier de l'Afrique. Nous sommes africains : cela représente une facilité au regard des conventions. Lorsque les investisseurs veulent monter un fonds vers l'Afrique, la République de Maurice, grâce à sa stabilité politique, économique et sa capacité en offres de services financiers, apparaît souvent comme le lieu idéal pour domicilier ce fonds. De plus, l'environnement est très régulé. Nous ne voulons pas être perçus comme un paradis fiscal. Ce n'est pas le cas.

Décideurs. Il existe donc un véritable leadership mauricien...

R. A. Maurice est leader dans le secteur financier, sur le plan des structurations de fonds, de la gouvernance et de la levée de capitaux, mais nous devons travailler en tandem avec d'autres villes, comme Nairobi, Johannesburg ou Abidjan. Dans le futur, cela ne veut pas dire que Maurice restera nécessairement la seule place financière, mais cela va perdurer.

Décideurs. Pensez-vous qu'émerge aujourd'hui un leadership à l'africaine ?

R. A. Il existe définitivement des points communs entre tous les leaders, mais aussi des particularités, notamment africaines ou asiatiques. En Afrique ces dernières années, les business leaders ont très vite réalisé que le marché national était restreint et qu'il était essentiel de penser par région voire globalement, à l’échelle panafricaine. Ils ont très rapidement vu au-delà des frontières, lesquelles ayant souvent été créées de toutes pièces. Donc les différences culturelles sont parfois peu marquées et cela permet d'avancer rapidement. Le réseau est évidemment essentiel. Le leadership de Maurice dans le secteur financier peut ainsi aider au développement des affaires sur le continent.

Propos recueillis par Elodie Sigaux