Apax Partners à l'heure Misrahi
Apax en paix
Après le départ de Maurice Tchenio, le 1er octobre 2010, beaucoup s’interrogeaient sur l’avenir d’Apax France. Tout au long de l’année, le fonds a répondu présent en réalisant une levée de fonds de 705 millions d’euros et des sorties remarquées. Pour le futur, Eddie Misrahi, le nouveau président, voit les choses en grand.
Lors de l’annonce officielle de la succession chez Apax Partners, le capital-investissement français tournait une page de son histoire. Maurice Tchenio, pionnier du private equity dans le monde, avait créé Apax Partners avec Alan Patricof et Ronald Cohen en 1972. L’officialisation de sa succession annonçait la nomination d’Eddie Misrahi à la présidence du fonds. Une transition qui pouvait laisser planer beaucoup de doutes quant à l’avenir du fonds parmi les acteurs du capital-investissement tant il est courant que le départ d’un associé, qui plus est fondateur, soit synonyme de fin. Pourtant en interne, il s’agissait plutôt d’un non-événement : cette transition avait été minutieusement préparée.
Une organisation bien huilée
Précédemment, Apax Partners était une firme avec un fondateur/actionnaire majoritaire à sa tête. Aujourd’hui, c’est un regroupement d’associés dans lequel aucun n’est majoritaire. Mais, ces derniers l’assurent, cette nouvelle organisation ne change en rien leur manière d’exercer le métier du capital-investissement.
Contrairement à d’autres fonds, Apax Partners a donc réussi à exister au-delà du nom de l’un de ses associés. Pour cela, Maurice Tchenio et ses équipes ont mis en place, au fil des années, une série de process articulée autour de trois axes : l’origination des deals, l’investissement et la création de valeur. Le tout étant imbriqué matriciellement en fonction des secteurs dans lesquels Apax France est spécialisé
Cette organisation bien huilée permet d’être moins dépendant des associés en cas de départ. Un système qui a malheureusement pu être testé avec le décès de Jean-Louis Rambaud. « Avec notre organisation, nous avons pu nous adapter plus facilement, sans que ce triste événement n’impacte la marche de l’entreprise », commente Eddie Misrahi. Pour autant, cela ne veut pas dire que la dimension humaine n’est pas importante.
« La mort brutale et soudaine de Jean-Louis Rambaud à seulement 45 ans, nous a tous profondément affectés. Nous sommes une équipe soudée, les relations entre collègues sont très importantes », confesse Agathe Heinrich, directrice de la communication. Des propos confirmés par la réalité puisque les huit directeurs associés ont en moyenne quatorze ans d’ancienneté. Une fidélité qui rendrait jaloux bien des fonds…
Une levée de fonds réussie
Grâce à une organisation claire et une stratégie bien définie, le départ de Maurice Tchenio n’a eu aucun impact sur l’attractivité du fonds. Il faut dire que le fondateur préparait depuis déjà de nombreuses années cette transmission. Son objectif était clair : Apax Partners devait lui survivre. Et pour autant, Maurice Tchenio n’abandonne pas le navire. Il reste présent dans Apax France en tant que souscripteur du nouveau fonds à travers Altamir Amboise. La nouvelle levée de fonds, pour un montant de 705 millions d’euros, a donc de quoi le satisfaire.
Apax Partners a su par ailleurs profiter de son réseau et de son image à l’international pour attirer les investisseurs étrangers. « Avec la crise et les nouvelles réglementations, les investisseurs français sont plus frileux. Dans les fonds Apax VI et VII, ils représentaient 32 %, contre seulement 12 % pour Apax VIII [hors Altamir Amboise, nldr] », ajoute Eddie Misrahi.
La création de valeur par la croissance
En 2004, le fonds décide d’arrêter le capital-risque. « Ce choix a été pris pour deux raisons. La première est que le capital-risque a, en moyenne, des performances plus faibles que le LBO. La deuxième est que la taille des fonds que nous levions devenait de plus en plus importante. Il devenait alors difficile d’avoir au sein d’un même fonds des deals de tailles aussi différentes », explique Eddie Misrahi.
Depuis, le grand axe de la stratégie d’Apax Partners demeure l’accompagnement de la croissance. « Nous privilégions les entreprises avec de forts potentiels de croissance dans nos secteurs de spécialisation. La création de valeur passe pour nous avant tout par le développement des sociétés et non par le montage financier », souligne le p-dg du fonds
Une relation forte avec les entreprises
Une des particularités d’Apax est sa relation entretenue avec les entreprises dans lesquelles il investit. Car, au-delà des ressources financières, les équipes d’Apax Partners apportent beaucoup aux sociétés : expertise sectorielle, compétences financières et expérience de développeur de business. « Par rapport aux autres fonds, notre différenciation est de disposer d’une équipe dédiée et spécialisée pour chacun de nos secteurs de spécialisation », précise Eddie Misrahi. Même quand le fonds investit en minoritaire, il souhaite être présent au sein du conseil d’administration.
Une présence forte qui peut parfois s’avérer source de conflits. Et dans ces circonstances, le fonds n’hésite pas à jouer les gros bras. Ce fut ainsi le cas lorsqu’Apax Partners, avec 31,2 % des droits de vote en conseil d’administration, décida de se séparer d’Yves de Chaisemartin, p-dg d’Altran, le fonds n’étant pas satisfait de ses choix stratégiques.
Quand on évoque un éventuel risque que des dirigeants aient des craintes de travailler avec eux dans le futur en raison de cet incident, les associés rétorquent qu’au contraire, ces derniers comprennent qu’ils ont fait cela pour le bien de la société. Cela jouerait donc plutôt en leur faveur. « Notre priorité est de les aider à réaliser le projet de développement que nous avons défini ensemble », martèle Eddie Misrahi.
Une activité soutenue en 2011
Cette stratégie et cette organisation lui permettent de s’adapter rapidement aux exigences du marché. Après une année 2009 vierge de nouveaux investissements, Apax Partners a investi 159 millions d’euros en 2010 et a réalisé pour 334 millions d’euros de sortie. 2011 s’annonce également bien puisque le fonds a déjà réalisé trois investissements et trois sorties.
En mai, il fait l’acquisition de Vocalcom, éditeur de logiciels pour centres d’appels. En juin, le fonds acquiert, auprès de Weinberg Capital Partners, la majorité du capital du groupe Amplitude, le spécialiste français des prothèses orthopédiques. Enfin, en juillet, il prend part à un consortium l’associant à Deficom et à Altice pour reprendre les activités de Numericable en Belgique et au Luxembourg. Niveau sortie, Apax Partners s’est illustré cet été en cédant Outremer Telecom à Axa Private Equity, Prosodie à Capgemini et enfin Vizada à Astrium, filiale du groupe EADS, pour 673 millions d’euros. Une valorisation obtenue grâce aux diverses opérations de carve-out et build-up réalisées par le fonds pour favoriser le développement de l’entreprise.
Quant au futur, Eddie Misrahi ne manque pas de projets et d’ambitions : « Si nous étudions régulièrement la possibilité de couvrir de nouveaux secteurs, comme l’énergie, l’environnement, etc., nous estimons pour l’instant qu’il y a suffisamment d’opportunités d’investissement au sein de nos secteurs de spécialisation. Notre ambition est de devenir l’investisseur de référence dans chacun de ces secteurs, et plus généralement, de faire d’Apax Partners le leader incontesté du mid-market dans les pays européens francophones. »
Lors de l’annonce officielle de la succession chez Apax Partners, le capital-investissement français tournait une page de son histoire. Maurice Tchenio, pionnier du private equity dans le monde, avait créé Apax Partners avec Alan Patricof et Ronald Cohen en 1972. L’officialisation de sa succession annonçait la nomination d’Eddie Misrahi à la présidence du fonds. Une transition qui pouvait laisser planer beaucoup de doutes quant à l’avenir du fonds parmi les acteurs du capital-investissement tant il est courant que le départ d’un associé, qui plus est fondateur, soit synonyme de fin. Pourtant en interne, il s’agissait plutôt d’un non-événement : cette transition avait été minutieusement préparée.
Une organisation bien huilée
Précédemment, Apax Partners était une firme avec un fondateur/actionnaire majoritaire à sa tête. Aujourd’hui, c’est un regroupement d’associés dans lequel aucun n’est majoritaire. Mais, ces derniers l’assurent, cette nouvelle organisation ne change en rien leur manière d’exercer le métier du capital-investissement.
Contrairement à d’autres fonds, Apax Partners a donc réussi à exister au-delà du nom de l’un de ses associés. Pour cela, Maurice Tchenio et ses équipes ont mis en place, au fil des années, une série de process articulée autour de trois axes : l’origination des deals, l’investissement et la création de valeur. Le tout étant imbriqué matriciellement en fonction des secteurs dans lesquels Apax France est spécialisé
Cette organisation bien huilée permet d’être moins dépendant des associés en cas de départ. Un système qui a malheureusement pu être testé avec le décès de Jean-Louis Rambaud. « Avec notre organisation, nous avons pu nous adapter plus facilement, sans que ce triste événement n’impacte la marche de l’entreprise », commente Eddie Misrahi. Pour autant, cela ne veut pas dire que la dimension humaine n’est pas importante.
« La mort brutale et soudaine de Jean-Louis Rambaud à seulement 45 ans, nous a tous profondément affectés. Nous sommes une équipe soudée, les relations entre collègues sont très importantes », confesse Agathe Heinrich, directrice de la communication. Des propos confirmés par la réalité puisque les huit directeurs associés ont en moyenne quatorze ans d’ancienneté. Une fidélité qui rendrait jaloux bien des fonds…
Une levée de fonds réussie
Grâce à une organisation claire et une stratégie bien définie, le départ de Maurice Tchenio n’a eu aucun impact sur l’attractivité du fonds. Il faut dire que le fondateur préparait depuis déjà de nombreuses années cette transmission. Son objectif était clair : Apax Partners devait lui survivre. Et pour autant, Maurice Tchenio n’abandonne pas le navire. Il reste présent dans Apax France en tant que souscripteur du nouveau fonds à travers Altamir Amboise. La nouvelle levée de fonds, pour un montant de 705 millions d’euros, a donc de quoi le satisfaire.
Apax Partners a su par ailleurs profiter de son réseau et de son image à l’international pour attirer les investisseurs étrangers. « Avec la crise et les nouvelles réglementations, les investisseurs français sont plus frileux. Dans les fonds Apax VI et VII, ils représentaient 32 %, contre seulement 12 % pour Apax VIII [hors Altamir Amboise, nldr] », ajoute Eddie Misrahi.
La création de valeur par la croissance
En 2004, le fonds décide d’arrêter le capital-risque. « Ce choix a été pris pour deux raisons. La première est que le capital-risque a, en moyenne, des performances plus faibles que le LBO. La deuxième est que la taille des fonds que nous levions devenait de plus en plus importante. Il devenait alors difficile d’avoir au sein d’un même fonds des deals de tailles aussi différentes », explique Eddie Misrahi.
Depuis, le grand axe de la stratégie d’Apax Partners demeure l’accompagnement de la croissance. « Nous privilégions les entreprises avec de forts potentiels de croissance dans nos secteurs de spécialisation. La création de valeur passe pour nous avant tout par le développement des sociétés et non par le montage financier », souligne le p-dg du fonds
Une relation forte avec les entreprises
Une des particularités d’Apax est sa relation entretenue avec les entreprises dans lesquelles il investit. Car, au-delà des ressources financières, les équipes d’Apax Partners apportent beaucoup aux sociétés : expertise sectorielle, compétences financières et expérience de développeur de business. « Par rapport aux autres fonds, notre différenciation est de disposer d’une équipe dédiée et spécialisée pour chacun de nos secteurs de spécialisation », précise Eddie Misrahi. Même quand le fonds investit en minoritaire, il souhaite être présent au sein du conseil d’administration.
Une présence forte qui peut parfois s’avérer source de conflits. Et dans ces circonstances, le fonds n’hésite pas à jouer les gros bras. Ce fut ainsi le cas lorsqu’Apax Partners, avec 31,2 % des droits de vote en conseil d’administration, décida de se séparer d’Yves de Chaisemartin, p-dg d’Altran, le fonds n’étant pas satisfait de ses choix stratégiques.
Quand on évoque un éventuel risque que des dirigeants aient des craintes de travailler avec eux dans le futur en raison de cet incident, les associés rétorquent qu’au contraire, ces derniers comprennent qu’ils ont fait cela pour le bien de la société. Cela jouerait donc plutôt en leur faveur. « Notre priorité est de les aider à réaliser le projet de développement que nous avons défini ensemble », martèle Eddie Misrahi.
Une activité soutenue en 2011
Cette stratégie et cette organisation lui permettent de s’adapter rapidement aux exigences du marché. Après une année 2009 vierge de nouveaux investissements, Apax Partners a investi 159 millions d’euros en 2010 et a réalisé pour 334 millions d’euros de sortie. 2011 s’annonce également bien puisque le fonds a déjà réalisé trois investissements et trois sorties.
En mai, il fait l’acquisition de Vocalcom, éditeur de logiciels pour centres d’appels. En juin, le fonds acquiert, auprès de Weinberg Capital Partners, la majorité du capital du groupe Amplitude, le spécialiste français des prothèses orthopédiques. Enfin, en juillet, il prend part à un consortium l’associant à Deficom et à Altice pour reprendre les activités de Numericable en Belgique et au Luxembourg. Niveau sortie, Apax Partners s’est illustré cet été en cédant Outremer Telecom à Axa Private Equity, Prosodie à Capgemini et enfin Vizada à Astrium, filiale du groupe EADS, pour 673 millions d’euros. Une valorisation obtenue grâce aux diverses opérations de carve-out et build-up réalisées par le fonds pour favoriser le développement de l’entreprise.
Quant au futur, Eddie Misrahi ne manque pas de projets et d’ambitions : « Si nous étudions régulièrement la possibilité de couvrir de nouveaux secteurs, comme l’énergie, l’environnement, etc., nous estimons pour l’instant qu’il y a suffisamment d’opportunités d’investissement au sein de nos secteurs de spécialisation. Notre ambition est de devenir l’investisseur de référence dans chacun de ces secteurs, et plus généralement, de faire d’Apax Partners le leader incontesté du mid-market dans les pays européens francophones. »