F. Staad (Alan) : "Le secteur de l’assurance a besoin de renouveau !"
Décideurs. La pandémie a eu des conséquences considérables sur le secteur de l’assurance santé. Quel impact a-t-elle eu sur vos activités ?
Fabrice Staad. Dans un premier temps, il a fallu être à la pointe sur toutes les questions que pouvaient se poser nos assurés, notamment sur les risques liés à leur santé et à celle des salariés. Nous souhaitions également les soutenir de façon concrète en donnant par exemple aux personnes couvertes chez nous des outils permettant de détecter soi-même les symptômes du Covid-19 lorsque les tests n’existaient pas. Nous avons également lancé Coup de pouce, un programme de services gratuit donnant la possibilité à tous de parler à un médecin ou d’avoir accès à une information à jour sur la pandémie. De plus, nous avons livré 50 000 masques aux entreprises couvertes chez nous pour qu’elles puissent accueillir leurs salariés dans les meilleures conditions possible. Il y a quelques mois, un soutien psychologique gratuit et illimité a été mis en place pour les personnes que nous couvrons et présentant des signes de détresse psychologique liés au confinement. Au cours des différentes phases de la crise, nous avons été présents quotidiennement auprès des entreprises et des personnes que nous accompagnons.
Alan a été fondé le 10 février 2016 et a reçu l’agrément de l’ACPR en huit mois. Comment expliquez-vous cette ascension fulgurante ?
Il était d’abord important de surpasser certaines barrières psychologiques : beaucoup pensent qu’il est impossible d’obtenir l’agrément de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, si bien que peu se lancent. Nous avons eu également la chance d’avoir une équipe qui détenait des compétences techniques et de l’expérience pour porter ce projet. Par ailleurs, les deux fondateurs avaient chacun des expériences riches et complémentaires avant de créer Alan. Ils avaient de ce fait une vision précise de la stratégie de développement d’Alan et également du type d’entreprise qu’ils voulaient fonder. Nous avons, par exemple travaillé très tôt sur notre culture et nos méthodes de travail et sommes guidés au quotidien par des valeurs comme la transparence et la très forte confiance accordée à l’ensemble de nos collaborateurs. Tous ces paramètres conjugués à une première levée de fonds nous ont permis de convaincre l’ACPR quant à la viabilité de notre projet et de franchir cette étape en huit mois. Dès le mois d’octobre 2016, nous signions nos premiers contrats.
"Durant la crise, nous avons été présents quoti- diennement auprès des en- treprises et des personnes que nous accompagnons"
À vos débuts, votre offre était destinée aux PME et aux indépendants. En 2020, vous avez signé pour la première fois avec de grandes entreprises et des restaurants franchisés. Quelle sera la prochaine étape dans votre développement ?
Nous avons commencé avec un premier portefeuille composé de start-up. Notre marché s’est progressivement étendu à d’autres secteurs économiques (hôtels, cafés et restaurants en 2019, aide à la personne en 2020, secteur du commerce de détail et de gros par exemple cette année) et à des entreprises plus grandes (au-delà de 5 000 salariés aujourd’hui). Nous couvrons actuellement 155 000 personnes en France et visons un million de personnes en 2023 en France, en Espagne et en Belgique où nous sommes présents depuis fin 2020, et rapidement dans d’autres pays européens…
Alan est historiquement destiné à l’assurance complémentaire santé. En rachetant une partie des parts d’Open CNP, vous avez renforcé vos liens avec les activités de réassurance et de prévoyance de CNP Assurances. Ce rapprochement marque-t-il un nouveau tournant pour Alan ?
CNP Assurances est l’un des investisseurs historiques d’Alan. C’est aussi l’un de nos partenaires business: il réassure une partie du portefeuille et Alan distribue des contrats de prévoyance assurés par CNP Assurances. Ce partenariat se poursuit et se renforce aujourd’hui. Le rachat d’une partie des parts d’Open CNP a simplement correspondu à une opportunité que certains investisseurs ont voulu saisir.
Le milieu de l’assurance est marqué par l’essor des assurtechs. Comment vous distinguez-vous face à la rude concurrence sur ce marché ?
Nous sommes en mesure d’offrir une expérience de très haute qualité à la fois aux personnes que nous couvrons, mais également aux entreprises qui travaillent avec nous. Nous avons repensé toute l’expérience pour qu’elle soit simple, la plus automatisée et la plus instantanée possible. Tout se fait de façon dématérialisée pour les entreprises et les personnes couvertes, qui ont chacun accès à un service de très grande qualité. Par exemple, 80 % des demandes de remboursement sont traitées en moins de trois heures. Nous donnons également accès à des services de santé très innovants, comme le chat médical sécurisé qui est en quelque sorte l’ami médecin qui vous accompagne en permanence, ou l’outil Alan Maps, qui permet d’identifier les médecins qui sont autour de soi et de comprendre le niveau de remboursement.
"Nous couvrons 155 000 personnes en France et visons un million de personnes en 2023 en France, en Espagne et en Belgique"
Comment expliquez-vous le fait que les assurtechs ont tant le vent en poupe en ce moment ?
Le secteur de l’assurance a besoin de renouveau ! Il se prête à de nouvelles approches, repensant et retravaillant l’ensemble de l’expérience. Ce mouvement de fond permet ainsi aux utilisateurs d’avoir accès à des produits d’une qualité supérieure, notamment lorsque les assurtechs investissent autant qu’Alan dans la technologie et la data au service de ses membres. De leur côté, les assureurs ont également eu besoin d’avoir accès à certains types de compétences qu’ils n’ont pas en interne ou plus difficilement. Plusieurs assurtechs travaillent ainsi en étroite collaboration avec ces acteurs traditionnels sur le marché. Les changements qui ont eu lieu au cours des derniers mois ont mis en lumière l’importance toujours plus forte des outils numériques. Et la maîtrise des données à grande échelle est l’apanage des assurtechs.
Propos reccueillis par Jessie Razafindrabe