Bâtir un cabinet d'avocats national : une ambition récompensée
Sur les 50 premiers cabinets d’avocats d’affaires français (lire le Décideurs 100 dans le numéro de juillet-août), 14 possèdent plusieurs bureaux en France (voir ci-contre). Parmi eux, soit des cabinets nés en région, comme Cornet Vincent Ségurel, Delsol Avocats ou Fromont Briens, soit des cabinets affiliés à un réseau d’audit comme Oratio ou Mazars, soit des firmes qui ont construit leur stratégie sur un maillage national. Les plus importants sont Fidal et CMS Francis Lefèvre Avocats, avec leurs effectifs de plusieurs centaines d’avocats. D’autres marques sont parvenues à s’implanter petit à petit sur le territoire grâce à l’intégration de boutiques locales, comme Simon Associés, Racine ou DS Avocats. D’autres, enfin, jouent la carte d’un ou de quelques bureaux locaux pour servir une clientèle ciblée ou pour délivrer un service juridique très spécialisé. C’est le cas de Seban & Associés en droit public des affaires ou de Lexavoué, qui regroupe des spécialistes de la procédure notamment d’appel. Parfois, lorsque le maillage régional est porteur de business, il permet la diversification de l’offre de la prestation juridique. Adamas, par exemple, était historiquement réputé pour sa connaissance pointue en droit public. Dans une démarche de pluridisciplinarité, le cabinet offre aujourd’hui une prestation full service en droit des affaires, à parts égales entre le public et le privé.
Unifier les offres de service
Au sein de chacun de ces cabinets, l’enjeu est le même : servir à la fois une clientèle locale, grâce à un savoir-faire de pointe et un service de proximité, tout en partant à la conquête du tissu économique des grandes entreprises, souvent basées à Paris, et ce, en s’appuyant sur des équipes géographiquement dispersées. Jean-Charles Simon, cofondateur et codirigeant avec son frère François-Luc Simon, de Simon Associés, détaille sa stratégie : "Nos équipes travaillent de manière globale et centralisée, quelle que soit la localisation de nos clients. Nos 75 avocats répartis dans les différents cabinets collaborent tous les uns avec les autres, indifféremment du lieu d’implantation de nos clients."
"Nos 75 avocats répartis dans les différents cabinets collaborent tous les uns avec les autres" Jean-Charles Simon
Ainsi, afin d’unifier leurs offres de services, ces cabinets s’attachent à recruter des spécialistes du business development dont la mission est d’identifier les spécialités et le type de clientèle dans chacun des bureaux et d’en tirer une stratégie cohérente à mettre en place. Par exemple, regrouper une équipe consacrée au droit social et une autre spécialiste de la mobilité des salariés afin de conseiller une ETI, ou réunir des avocats experts en corporate/M&A à leurs confrères maîtrisant un secteur d’activité en particulier (comme celui des laboratoires pharmaceutiques ou des logiciels) afin de réaliser des deals entre les territoires. Dès lors, il n’est pas rare que ces cabinets nationaux aient recours à des boutiques locales, tissant des liens de partenariats ponctuels ou réguliers. Comme l’explique le cabinet Seban & Associés, implanté dans six régions françaises : "Les cabinets locaux, souvent limités dans leurs moyens et ressources, sont très performants pour nouer des relations très étroites avec le client local."
Les cabinets nationaux ne sont donc pas nécessairement les concurrents des structures locales. Dans les principales métropoles françaises, le tissu juridique est suffisamment dense pour proposer un service complet aux entreprises. La diversité du tissu juridique local incite à l’interconnexion. De quoi asseoir chacun des modèles.
Pascale D'Amore