L’optimisation au service d’une économie responsable

Le contexte économique actuel, entre Covid, sobriété énergé­tique, pénurie de ressources, guerre en Ukraine et transition écologique, pousse les entreprises à re­mettre en cause une vision purement financière de la performance. La perfor­mance réelle d’une entreprise se mesure désormais à sa pérennité. Il est question de gestion de performance à la fois glo­bale et durable dans une approche à plus long terme incluant des critères sociétaux et environnementaux.

Face à ce contexte, la performance se considère désormais en optimisant et/ou en repensant ses ressources, ses process et son organisation, en actionnant deux leviers principaux : les processus métier et le numérique.

Le Lean dans les processus métier

Une maîtrise des processus, des ressources et des sources de gaspillage constitue la pre­mière étape d’une performance économique et durable. L’adoption de la GVSM "Green Value Stream Mapping", inspirée du Lean management, permet d’identifier dans les chaînes de valeur, les étapes à valeur ajoutée et celles sans valeur ajoutée, et d’identifier les causes et opportunités d’amélioration pour limiter les impacts environnementaux.

L’amélioration continue des processus doit désormais intégrer la performance environnementale, en s’appuyant sur les méthodes tel le PDAC, les 5 "S", le Lean Management, le Six Sigma, et des outils de mesure de la performance éco­nomique et environnementale.

"L’optimisation des ressources et l’automatisation des process sont au coeur des préoccupations"

Ces évolutions donnent naissance à une nouvelle démarche Lean & Green – une approche complémentaire à la démarche Lean, intégrant le respect de l’environ­nement. En effet, le Lean considère que seules les tâches de transformation utiles pour le client constituent une vraie va­leur ajoutée et que toute autre activité qui consomme des ressources sans ajouter de la valeur est considérée comme gaspil­lage. Le Lean & Green considère toute consommation superflue, qui affecte l’en­vironnement ou l’homme, comme source à éliminer ou à limiter.

Numérique responsable

Selon les analystes Gartner, les dépenses informatiques mondiales devraient s’ac­croître d’environ 5,1 % en 2023, malgré les incertitudes géopolitiques et le manque de main-d’oeuvre. Le budget IT sera prin­cipalement destiné à réduire l’empreinte écologique, à optimiser les processus métier et à ajuster le cadre technologique pour renforcer la résilience, la cybersécu­rité et l’efficacité opérationnelle.

La digitalisation des processus métiers consommateurs de ressources gagne en importance pour les DSI. Les jumeaux numériques, moteurs d’optimisation et RPA, sont des exemples permettant à une entreprise de réduire son impact écolo­gique en favorisant l’amélioration conti­nue de ses processus et une meilleure utilisation de ses ressources.

Le virage de l’écologie touche également l’intelligence artificielle, fonctionnant dé­sormais à la demande et devenant moins consommatrice d’énergie dans ses algo­rithmes. Sa facilité d’accès par les métiers et sa sobriété rectifiée en font un outil clé des DSI et Directions métier.

L’adoption du cloud répond à la fois aux exigences d’une efficacité opéra­tionnelle et à la sobriété numérique. D’une part, le cloud s’oriente vers un catalogue de services par secteur et par direction métier, permettant la dispo­nibilité immédiate de solutions SAAS orientées métier, réduisant ainsi les délais d’intégration et d’appropriation. D’autre part, le cloud permet par son fonction­nement une consommation d’énergie ajustée à l’usage.

"La sobriété numérique et l’efficacité opérationnelle ne sont pas antinomiques"

 Vers une transformation digitale

L’architecte est l’ambassadeur de la trans­formation digitale responsable. Son enjeu est l’instauration d’un SI durable, résiliant et aligné à la stratégie métier.

En complément de l’IA, du cloud précé­demment cité, il se doit de proposer une architecture modulaire, "l’APIsation" du SI, un catalogue d’outils durables. Il ga­rantit la rationalisation du SI en visant à remédier à l’obsolescence, à éliminer les fonctionnalités et applications superflues et à optimiser les flux de données.

Sensibilisation des collaborateurs

Les collaborateurs de la DSI doivent être sensibilisés aux principes d’éco-conception et d’accessibilité (guide GR491). L’agilité et le Lean management contribuent égale­ment à réduire les fonctionnalités inutiles, et à se focaliser sur la valeur client en inté­grant les critères environnementaux.

Tendances Technologiques 2023

Gartner confirme cette tendance de sobrié­té dans son analyse des dix principales ten­dances technologiques stratégiques pour l’année 2023. Gartner met en avant le DIS (Digital Immune Systems). Le DIS est la combinaison d’un ensemble de pratiques et outils tels que l’observabilité, l’autoreme­diation, l’AI augmented testing, le chaos en­gineering, pour améliorer la résilience et la qualité des outils. Gartner prédit une géné­ralisation du DIS à horizon 2025 et estime que les organisations qui investissent dans la mise en place du DIS réduiront jusqu’à 80 % les temps d’indisponibilité des sys­tèmes, ce qui se traduira par une meilleure expérience utilisateur et une amélioration de la performance économique.

Conjugaison des talents

Avec ses experts (BPMN et Process mi­ning, optimisation et RPA, architecture durable), Partenor Digital accompagne ses clients pour répondre à leurs ambitions de sobriété numérique combinée à l’efficacité opérationnelle.

SUR LES AUTEURS

Experte des services numériques et de la transformation digitale des entreprises, Fatimazahra Moraux est directrice des opérations dans le cabinet de conseil Partenor Digital. Expert en nouvelles technologies et dans les services numériques, Olivier Quéméneur est directeur des opérations dans le cabinet de conseil Partenor Digital.