Alors que la campagne de vaccination bat son plein, l’arsenal thérapeutique reste limité contre la Covid-19. Si aucun traitement n’a encore été validé, la recherche s’accélère, explorant différentes pistes pour développer une solution capable de stopper le virus ou soulager les formes graves des patients symptomatiques.

Et s’il existait d’autres moyens d’éviter d’attraper la Covid-19 ou de contracter une forme invasive du virus qu’en se faisant vacciner ? C’est en tout cas l’hypothèse de plusieurs groupes de chercheurs qui ont constaté depuis le début de l’année que les anti-inflammatoires, les anticorps mono clonaux, voire les antidépresseurs,  pouvaient  stopper la  progression du virus en évitant les formes graves qui conduisent  à l’hospitalisation  du  patient. Quelques pistes prometteuses semblent selon eux se détacher.

La piste française des antidépresseurs

Une équipe de chercheurs et de médecins de l’hôpital Corentin Celton, au sud de  Paris a constaté une association significative entre la prise de certains traitements antidépresseurs  et la  réduction  du  risque d’intubation ou de décès chez les patients hospitalisés. Un travail dont les résultats ont été publiés en début d’année dans la revue  Molecular Psychiatry.  Aussi étonnant que cela puisse paraître, les scientifiques formulent l’hypothèse que les molécules psychotropes, présentes notamment dans certains médicaments comme le Prozac, souvent prescrit en cas de dépression, pourraient stopper la Covid-19, notamment à un stade avancé.

Ces traitements, en inhibant une enzyme, perturberaient la progression, voire empêcheraient le virus d’infecter les cellules. Pour parvenir à ce constat surprenant, les chercheurs et neuropsychiatres français ont analysé les données de santé de plus de 7 000 malades atteints par le virus, au cours des  trois  mois précédant  leur  hospitalisation. Ils ont alors observé que les patients sous antidépresseur à leur entrée à l’hôpital étaient nettement moins représentés. L’effet positif de ces traitements pourrait donc  contribuer  à  diminuer les hospitalisations et réduire le risque de décès lié aux formes graves de Covid-19.

L’essai clinique Together mené au Canada sur une autre molécule, la fluvoxamine, également prescrite dans les cas de dépression et de troubles obsessionnels compulsifs montre aussi de bons résultats. Une hypothèse qui devra être confirmée dans les mois à venir par un essai clinique à plus grande échelle.

Les résultats encourageants des anti-inflammatoires

Reconnus pour leur action positive sur d’autres maladies inflammatoires comme la maladie de Crohn ou contre la polyarthrite rhumatoïde, les anti-inflammatoires annoncent des résultats encourageants. Selon l’essai clinique britannique Recovery mené en  début  d’année,  c’est  le  cas  du  tocilizumab, un anticorps monoclonal, qui agit en bloquant  l’action de  l’interleukine-6. Cette cytokine impliquée dans le fameux mécanisme de choc cytokinique, cette réaction violente du système immunitaire face au coronavirus.

Le médicament, également commercialisé par Roche depuis 2009 sous le nom de RoActemra ou Actemra, et conseillé par  l’OMS en juin dernier,  réduit le risque de décès des patients hospitalisés touchés par une forme sévère du Covid-19 ainsi que le recours à la respiration artificielle.

Une autre piste, suivie par l’Agence européenne du médicament dont les équipes ont débuté une nouvelle batterie de tests sur le RoActemra à la mi-août, est à destination des adultes touchés par une forme grave de la Covid, ayant déjà reçu un traitement de corticoïdes et placés sous oxygène. Les résultats de cette "évaluation accélérée"  devraient être communiqués pour la mi-octobre.

De nombreuses possibilités thérapeutiques

Pourtant tous ces traitements ne cherchent pas à se substituer à la vaccination.  Certains d’entre  eux  pourraient,  en  plus d’éviter les formes graves du Covid-19, avoir des effets préventifs. Mais la crainte de voir émerger de nouveaux variants plus résistants aux vaccins pousse les chercheurs à multiplier et accélérer leurs recherches. L’OMS a d’ailleurs annoncé récemment la prochaine phase de son essai clinique baptisé Solidarity Plus, qui testera  trois nouveaux  médicaments :  l’artésunate, un traitement contre le paludisme dans sa forme grave ; l’imatinib, un médicament contre certains cancers et l’infliximab, un autre anti-inflammatoire administré dans le cas de pathologies auto-immunes. Autant de pistes étudiées aux quatre coins du monde qui nourrissent l’espoir de trouver des traitements thérapeutiques et surtout celui de réellement changer la donne.

Laura Breut

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