Si l’épidémie de Covid-19 a mis l’économie et la société à l’arrêt, les dépôts de brevets dans le domaine de la santé ont connu une nette augmentation. Biotech et start-up se sont mobilisées contre le virus à grand renfort d’innovations et d’inventions. Révolutionnaires pour certaines ou très originales pour d’autres. Voici cinq d’entre elles.

Le Manoa : le désinfecteur pour mains made in France

En matière de dépôt de brevet, la France n’est pas en reste. La possibilité offerte par l’INPI de réduire la procédure d’examen et de délivrance des brevets à une période maximale de 24 mois a grandement favorisé l’innovation dans l’Hexagone.

Comme le prouve cette première invention entièrement designée et conçue par la firme française Doovision-santé  : un appareil à rayonnement UV-C qui permet de désinfecter les mains à 99,9  %. Visualisez-vous ces séchoirs dans lesquels vous glissez vos mains à la sortie des toilettes publiques ? Le Manoa y ressemble. Il expose les mains à des lampes UV-C, déjà connues pour désinfecter l’eau, l’air ou les surfaces. En seulement quelques secondes, vos mains sont parfaitement propres. 

Révolutionnaire, cette invention française représente un gain de temps et d’efficacité considérable, car il faut bien  reconnaître que  l’application du gel hydroalcoolique est fastidieuse et rarement  optimale. De  plus, l’explosion de la fabrication de flacons en plastique  de gel hydroalcoolique  est mauvaise pour notre planète. Plus écologique, les 4 lampes à LED de 8W seulement ont une durée de vie d’environ 5 ans et ne nécessitent ni pile, ni recharge.

Sécurisant et pratique, le Manoa est efficace contre la Covid-19, ses variants, mais aussi tout type de microbes et de virus ! S’il commence doucement son installation en région parisienne, nous pourrions  le voir prochainement dans les hôpitaux, les salles de sports, à l’entrée des salles de cinéma, des magasins et des restaurants. L’entreprise française  Doovision se  lance  également à l’international et exporte déjà ce modèle dans plusieurs pays, dont l’Allemagne, le Maroc et la Turquie.    

Le détecteur de Covid dans l’air ambiant  

Voici une invention canadienne vraiment bien pensée, qui pourrait nous permettre à tous de reprendre une vie sociale presque normale. Il s’agit de l’appareil mis au point par l’entreprise BioCloud Krontroler.  

Installée dans une pièce close, la machine aspire l’air de manière continue pour le mettre en contact avec un réactif. Si réaction  au  Covid il  y  a,  le réactif produit un gaz qui enclenche une alerte. Alors que nous  ne sommes  informés  d’avoir  été en contact avec une personne contaminée par la Covid-19 qu’au bout de plusieurs jours après un test nasopharyngé, cet appareil permet de détecter le virus dans une pièce en quelques minutes. Prometteuse, l’invention réduit donc considérablement le risque de contagion en informant les personnes de la présence du virus dans l’air, afin qu’elles puissent se mettre en sécurité, éviter de nouvelles contaminations  et prendre ensuite  les mesures de nettoyage nécessaires.  

L’appareil canadien a tapé dans l’œil de la société  belge  Sapristic-Biion,  qui  devrait encore l’améliorer grâce à son progiciel Mirrhia. Installée à Louvain-la-Neuve, l’entreprise propose d’y ajouter son logiciel couplé capable d’alerter une personne désignée au sein des locaux, afin qu’elle puisse intervenir rapidement et nettoyer l’espace contaminé. Cette proposition ayant séduit son partenaire canadien, la machine pourrait  équiper nos locaux prochainement et s’avérer très efficace dans le ralentissement de la propagation du virus en entreprise. Imaginez une réunion entre collègues dans une salle fermée, sans avoir besoin de porter de masque.  

Le boîtier qui veille à la chaîne du froid des vaccins anti-covid  

Les difficultés d’approvisionnement rencontrées au début de la campagne vaccinale et le risque de pénurie nous rappellent que les vaccins sont précieux.

Leur acheminement partout dans le monde devient un enjeu majeur. Mais comment  veiller  à leur bon  transport  et surtout au respect crucial de la chaîne du froid ? Si l’Agence européenne des médicaments a indiqué en mars 2021 donner  son feu vert  pour  le  transport et  le  stockage  des  flacons  à  des  températures comprises entre –25 et –15°C pour une période de deux semaines, et non plus –70°C comme auparavant, la température des vaccins n’en reste pas moins  capitale,  car elle  est  garante de leur efficacité.  

C’est là qu’intervient le boîtier inventé en 2019 par l’entreprise Koovea. Petit et compact, il suffit de le glisser dans le sac de transport des vaccins pour assurer  la  traçabilité  de  leur  température. Pour concevoir cet objet, l’équipe d’ingénieurs a dû rivaliser  d’inventivité. Exposés à un froid intense et à l’humidité,  tous  les  composants  du  boîtier ont dû être testés et adaptés, afin de ne pas se dégrader et garder leurs propriétés. Et ce n’est pas tout ! Capteurs, interface automatique et application mobile permettent un suivi en temps réel de la température et de la localisation des vaccins.

Au-delà  de  dix  degrés d’écart  avec la température idéale de conservation, une alerte est automatiquement envoyée sur le téléphone du transporteur. Les températures des conteneurs frigorif iques lui sont transmises afin de lui permettre d’agir rapidement pour protéger le produit. C’est donc sans surprise que le carnet de commandes de cette startup française connaît une croissance inédite depuis plusieurs semaines.   

Le masque intelligent du futur

Parmi les inventions les plus remarquées du CES 2021 (Consumer eletronics show), le masque intelligent développé par l’entreprise américaine Razer. Spécialisée dans la fabrication d’accessoires informatiques pour jeux vidéos, l’entreprise est partie du constat simple que nous devrions  peut-être continuer de porter le masque sur le long terme.

Alors qu’elle avait déjà transformée ses usines au printemps 2020 pour produire des masques chirurgicaux, la société américaine s’est    lancée  cette  fois  dans  la  création de son propre masque : le Hazel.   En silicone transparent, il est équipé de petits respirateurs rechargeables de chaque côté, et dispose même d’un micro pour amplifier la voix, souvent moins audible lorsque l’on porte un masque. Pour l’instant au stade de prototype, Razer affirme poursuivre ses travaux  sur  ce  modèle  pour pouvoir  le commercialiser. Si l’on ne sait pas encore s’il respectera les normes de protection, le modèle est encourageant. Ses respirateurs  évitent  la  formation  de  buée  et  seront donc très pratiques aux personnes qui portent des lunettes par exemple. Ils devraient aussi permettre de filtrer 95  % des particules aéroportées.   

Les portiques et bornes de désinfection pour chariots  de supermarché

Une fois de plus, nos entreprises françaises démontrent qu’elles débordent d’imagination. Quelques jours avant le premier confinement, les portiques de désinfection de cette entreprise installée à Saint-Malo faisaient déjà parler d’eux. Chaque nuit, ces abris équipés de solution désinfectante pulvérisent automatiquement un produit bactéricide et    fongicide dans le rinçage sur les caddies.

Idéal quand on sait que leur poignée abritent 300 fois plus de microbes que celles des portes de toilettes. En mars 2021, un an après son lancement, le système breton équipaient 82 grandes surfaces.   La start-up de Stéphane Cochennec et Gérard Subtil n’en est pas restée là. Elle commercialise  depuis le printemps  dernier des bornes de désinfection pour les paniers de supermarché. Il suffit pour le client d’insérer le panier qu’il choisit dans la borne. Un voyant lumineux passe du vert au rouge pour indiquer que la pulvérisation de gel hydroalcoolique commence. En sept secondes chrono, le panier  est  débarrassé  de  90  % de ses bactéries et le client peut faire ses achats en toute sécurité.

Laura Breut

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