« Le leadership ne naît pas du pouvoir mais plutôt d’une reconnaissance »
Décideurs. Comment percevez-vous la notion de leadership ?
Stéphane Fouks.
En travaillant en équipe ! On reconnaît à mon sens un leader à sa capacité à faire grandir son entourage, à faire mieux travailler ses collaborateurs. Je cite volontiers Jean-René Fourtou à qui l’on doit la phrase « un patron est avant tout un réducteur d’incertitudes ». Je me rappelle par exemple une anecdote récente, lors d’un voyage au sein de notre bureau coréen : je ne connaissais ni la langue, ni la culture, ni les marchés, ni les concurrents… Comment exercer alors mon rôle de patron auprès d’eux ? Pas en faisant leur métier à leur place, mais en les aidant à être meilleurs dans ce qu’ils font.

Décideurs. Qu’avez-vous découvert du leadership dans vos fonctions précédentes ?
S. F.
J’ai pris conscience que le vrai leadership n’est justement pas attaché à une fonction. Parce qu’il s’agit pour moi de la capacité à mieux faire travailler les autres, il ne naît pas du pouvoir mais plutôt d’une reconnaissance de la part des équipes. Le leadership n’est en aucun cas une mise en scène de son propre ego, mais consiste à susciter l’envie de venir travailler avec vous. Comme l’autorité, c’est une qualité qui ne doit donc pas avoir besoin de la coercition pour exister.

Décideurs. Mais un patron est-il nécessairement un leader ?
S. F
. Tous les patrons font plus ou moins preuve de leadership, oui, ne serait-ce qu’en raison de leur statut, mais je ne connais pas de grand patron qui ne soit pas aussi de grands leaders : les deux se nourrissent de victoires et de succès. Le dirigeant et le leader partagent également un rapport au temps identique : de la même manière qu’un grand chef d’entreprise se reconnaît dans sa capacité à faire croître son entreprise sur le long terme, le leader construit son leadership sur la durée.

Décideurs. Quels sont les éléments cachés du leadership qui vous ont permis d’éclore ?
S. F.
Je ne sais pas si je possède des éléments cachés de leadership ! J’ai été, pour partie, formé dans le sérail politique, notamment au sein d’un syndicat d’étudiants : cela m’a permis d’appréhender par exemple la prise de parole en public. J’ai aussi travaillé comme producteur musical, période durant laquelle j’ai pu goûter au plaisir de faire et de réaliser. J’ai également beaucoup appris en travaillant au sein d’un cabinet ministériel : la capacité à trancher et la rapidité d’exécution, qui étaient notre quotidien, m’ont beaucoup aidé dans ma carrière de chef d’entreprise.

Décideurs. Quel regard portez-vous sur l’évolution du leadership ? Est-on passé d’un système « top/down » à une grille « bottom/up » ?
S. F.
Ce sont deux grilles de lecture verticales. Or je crois qu’un leader doit savoir au contraire briser la hiérarchie et se mettre au service de ses employés en se posant toujours la même question « comment aider ? ». Parce que sa mission est d’accompagner la croissance des autres, un leader doit aussi aider les aider à développer leur propre leadership.

Décideurs. Le leadership, est-ce une notion innée ou acquise ?
S. F.
Le leadership est avant tout une notion qui évolue, sur laquelle et grâce à laquelle on apprend tous les jours. Un vrai leader sait bien s’entourer, c'est-à-dire prendre le risque de s’entourer de plus forts que lui – il faut se méfier du leader qui essaie d’en faire toujours plus. Si je reviens par exemple au cas de notre agence, le collectif est le concept central. Je me méfie des concepts trop figés : aux États-Unis, le process a ainsi trop souvent remplacé les idées – il ne faut jamais oublier que la bonne idée peut venir du stagiaire !

Décideurs. Quels sont les trois leaders (vivants) qui vous inspirent le plus ?
S. F
. Je citerai tout d’abord Michel Pébereau, ancien P-DG de BNP Paribas. J’admire sa capacité à penser l’entreprise sur la durée, à toujours privilégier le sort et la stratégie de cette dernière avant sa propre carrière. Il a su et voulu partir au bon moment, il est d’un altruisme exemplaire.
J’attribue mon deuxième vote à Jean-Jacques Goldman, qui est un inspirateur et un créateur pour lui-même et pour les autres. Il inspire au-delà des personnes qui travaillent avec lui. Enfin, je complète ce podium avec Barack Obama, pour sa capacité à réconcilier ses concitoyens et l’espérance qui l’anime, et pour son expression de chef, son charisme.

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