Entre fantasmes et réalité, la puissance de ChatGPT fascine. Ses capacités inquiètent au point qu’une centaine de personnalités, dont Elon Musk, ont tiré la sonnette d’alarme en demandant un moratoire de six mois sur le déploiement des nouvelles versions de l’IA. La question qui inquiète : ChatGPT peut-il nous remplacer ?
ChatGPT, le grand remplacement ?
La banque d’investissement Goldman Sachs dévoilait en mars 2023 un rapport révélant que 300 millions d’emplois pourraient être supprimés par les nouvelles technologies comme ChatGPT. Longtemps, l’intelligence artificielle a été qualifiée de limitée et d'inférieure au génie humain, notamment du fait de son manque de créativité. Depuis l’émergence du deep learning, l’IA démontre qu’elle possède la capacité d’établir des connexions entre les données assez proches de celles qu’un humain peut réaliser. ChatGPT constitue en cela une révolution par sa capacité à traiter de l’information à l’égal de nous. Seul point de différenciation notable : l’IA n’a pas conscience de ce qu’elle dit et ne peut donc ni mentir ni se rendre compte qu’elle se trompe.
Révolution !
L’étude de Goldman Sachs précise que les secteurs les plus touchés seront le juridique, l'administratif et, bien sûr, du rédactionnel. Le 15 mars dernier, ChatGPT a réussi haut la main l'exigeant concours d’entrée du barreau américain. Tout comme à l’ère industrielle où les machines remplaçaient une partie de la main-d’œuvre, les intelligences artificielles génératives peuvent à présent supplanter l’humain sur certaines tâches dites "intellectuelles". Ici réside peut-être la singularité de l’usage de ChatGPT : ce ne sont pas les métiers les plus précaires qui se trouvent affectés mais ceux dits "intellectuels", et parfois même les mieux rémunérés : avocats, consultants, journalistes et même développeurs. Si l’inquiétude est légitime, comme pour toutes les révolutions technologiques, de nouveaux métiers feront néanmoins leur apparition en parallèle. Il est également possible de voir dans ChatGPT la possibilité d’accroître les gains de productivité.
Désormais, les métiers intellectuels et rémunérés sont sous la menace potentielle de l'IA
Impératif éthique
De leur côté, les magnats de la tech se préservent des dangers de leurs créations : chez Bill Gates pas de smartphone avant 14 ans, pas d’iPad pour les enfants de Steve Job et chez les Zuckerberg, l'éducation se fait sans écran. Le lundi 30 mai, Sam Altman, créateur de ChatGPT et cofondateur de l’OpenAI, a mis en garde contre les menaces d’extinction pour l’humanité posées par l’IA. Cette menace devrait être "une priorité mondiale, au même titre que d’autres risques pour nos sociétés, tels que les pandémies et la guerre nucléaire", a-t-il déclaré avec une centaine de signataires sur le site internet du Center for AI Safety. Il recommande, entre autres, une régulation internationale de l’usage de l’IA. Si certaines règles de sécurité ont été mises en place pour ChatGPT, on peut craindre que d’autres ne s’emparent de l’IA sans les mêmes considérations éthiques. L’homme d’affaires évoque également les bouleversements que l’IA pourrait provoquer sur le plan du travail.
Mais, à ce jour, rien ne prouve que ChatGPT remplacera les métiers de l’humain. Si nous posons la question au principal intéressé, ChatGPT lui-même, il répond : "L'IA a le potentiel de modifier certains emplois en automatisant des tâches répétitives ou routinières, ce qui peut entraîner la suppression de certains postes. Cependant, elle peut également créer de nouvelles opportunités d'emploi en permettant aux travailleurs de se concentrer sur des tâches plus créatives, cognitives ou à plus forte valeur ajoutée. L'impact sur l'emploi dépendra donc de la façon dont les organisations utilisent et intègrent l'IA."
Les dangers se trouvent surtout au niveau des connaissances que l’IA peut divulguer. Un avocat américain s’étant servi de ChatGPT lors d’une plainte a évoqué de nombreuses affaires n’ayant jamais existé. La fiabilité des informations reste encore une gageure pour ChatGPT.
Elsa Guérin