Biljana Kostic (Groupe Setec) : "Rester une femme, là où je pourrais parfois être tentée d’adopter la posture d’un homme"
Décideurs RH. Par quels moyens favorisez-vous la diversité chez Setec ?
Biljana Kostic. Tout d’abord, je souhaite rappeler quelques particularités. Notre métier est d’aider nos clients privés ou publics à imaginer et concevoir des projets dans le domaine des infrastructures, du transport, du bâtiment et de l’énergie. Nos collaborateurs sont, pour 80 %, des ingénieurs ou diplômés de niveau bac +5. L’organisation de Setec est singulière car nous sommes un groupement de PME, ce qui nous confère une forme d’agilité, malgré le fait que nous soyons au total 3 000 personnes. Cela permet un management de proximité et crée les bonnes conditions de la collaboration et de l’ouverture à la différence. Concernant les femmes, nous essayons de faire savoir que l’on recrute et cela constitue tout un enjeu ! Nous nous rendons régulièrement dans les écoles et les universités afin de parler de nos métiers. Nous constatons que les femmes ingénieures s’intéressent plus naturellement à la construction qu’à l’ingénierie. En interne, nos ingénieures témoignent sous forme de vidéos, pour expliquer ce qui les motive dans leur métier. Nous partons du principe qu’expliquer ce que l’on fait et pourquoi on le fait attirera de nouveaux talents. Chez Setec, il y a 35% de femmes, une représentation légèrement supérieure à celle de la profession qui en compte 32%. Mais il reste encore à faire !
Comment aider les femmes à prendre confiance et tenter d’accéder à des postes de direction ?
Il ne suffit pas de détecter un haut potentiel chez une femme puis de mettre un programme en place pour lui faire gravir les échelons. Il faut d’abord lui donner envie de prendre des postes à responsabilité, ce qui passe d’abord par l’image que nous véhiculons des membres du comité de direction, mais également par la prise en compte de l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle. L’enjeu réside donc dans la capacité à donner envie aux femmes pour qu’elles soient incitées à prendre des postes à responsabilité. Ce point nécessite d’ailleurs parfois un travail sur l’affirmation de soi. Chez Setec, nous réfléchissons par exemple à la mise en place du mentoring ou de programmes spécifiques de formation dans une logique d’accompagnement à la prise de poste.
En tant que femme, quels défis rencontrez-vous dans le secteur de l’ingénierie ?
Le défi est double, le premier étant de faire vivre la fonction RH dans un groupe où le cœur de métier est la technique et d’entretenir le lien entre toutes les sociétés du groupe. Le second enjeu consiste à exister dans un milieu principalement composé d’ingénieurs, des hommes de surcroît. Conjuguer rigueur et pragmatisme avec l’intuition et l’empathie qui font partie des fondamentaux du métier de RH. Il s’agit par ailleurs de savoir rester une femme, là où je pourrais parfois être tentée d’adopter la posture d’un homme.
Quelles actions recommanderiez-vous afin de promouvoir ce secteur auprès des femmes ?
La meilleure façon est de faire témoigner les femmes qui œuvrent chaque jour pour faire vivre de beaux projets dans le domaine de l’ingénierie. Faire savoir également qu’il est possible de s’épanouir dans un monde d’hommes en conjuguant carrière et obligations familiales. Je crois également qu’il est du ressort de l’Éducation nationale de nous aider sur ce sujet pour faire découvrir et rayonner le secteur de l’ingénierie qui a de belles histoires à raconter.
Roxane Croisier