Récompensé par la mention spéciale du jury lors du Sommet des Leaders de la Finance 2022 dans la catégorie "Directeur financier de moins de 40 ans", Étienne Descouts est le directeur administratif et financier de Cojean depuis trois ans, un poste taillé sur mesure pour ce passionné du terrain.

Décideurs. Quelle a été l’impulsion qui vous a guidée à vos débuts ?

Étienne Descouts. Je suis d’un naturel très curieux. C’est ce qui m’a poussé au cours de mes études en école de commerce à réaliser non pas un mais deux échanges. Impossible pour moi de choisir entre un pays hispanophone et anglophone, je suis donc parti deux fois six mois au Canada puis au Pérou. De même, lors de mon année de césure, alors que je ne savais pas vers quel métier m’orienter, j’ai réalisé trois stages différents qui m’ont permis d’approfondir mon appétence pour les chiffres mais aussi pour le marketing et le commercial. J’ai ensuite fait le choix de la raison et c’est donc par l’audit chez PwC que j’ai commencé ma carrière.

Entre Ducasse et Cojean, on ressent une forte appétence pour les métiers de bouche dans votre parcours…

La restauration est ma passion, transmise par ma famille. Après des expériences très formatrices chez PwC et Canal+, pouvoir travailler pour le plus grand chef [Alain Ducasse, Ndlr] a été pour moi une opportunité de cœur qui m’a beaucoup appris. À mon arrivée, tout était à construire, nous étions seulement deux pour gérer le contrôle de gestion de pas moins de 50 sociétés. J’ai pu faire exister la finance au sein du groupe pour une gouvernance plus maîtrisée, le tout couronné par des acquisitions capitales et l’entrée d’Elior au capital.

Qu’est-ce qui vous porte aujourd’hui dans votre métier ?

Les valeurs attachées à l’entreprise sont vraiment importantes. C’est ce qui m’a plu chez Cojean, une société certifiée B Corp entre autres. Ces principes doivent se refléter sur toute l’organisation de la société et notamment sur la gestion des équipes qui se doit d’être bienveillante. Le travail en équipe est primordial et il faut avoir conscience qu’on ne peut rien accomplir sans les autres : seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin. La personnalité de ceux avec qui on travaille est également primordiale. Ainsi, chez Cojean, j’ai eu la chance d’arriver pratiquement en même temps que Stéphane Jitiaux, ancien président de Ladurée qui en a fait la marque qu’on connaît aujourd’hui. Nous avons formé une super équipe avec le reste du Comex pour repenser la façon de travailler de Cojean, particulièrement pendant les années Covid, au cours desquelles, comme la plupart des DAF, j’ai pris dix ans d’expérience.

"Au cours des années Covid, comme la plupart des DAF, j’ai pris dix ans d’expérience"

Comment qualifieriez-vous votre métier aujourd’hui ?

Mon rôle est d’aider à la prise de décision. Dans tous les Comex et les Codir, pour faire un choix, il est capital d’avoir une idée très claire de toutes les conséquences à venir, à court terme comme à long terme et sur toutes les strates du groupe. Pour transmettre cela, un DAF doit impérativement être connecté au business pour apporter un regard avisé. Je suis d’ailleurs passionné par le terrain. Il faut aller à la rencontre des personnes qui font la réussite de l’entreprise, comprendre les produits et ne pas rester derrière ses tableaux Excel.

Comment imaginez-vous le DAF de demain ?

Avant tout, il se doit d’être ouvert sur les nouvelles technologies qui permettent un énorme gain de temps en se concentrant sur l’analyse et les projections. Tout doit être numérisé au maximum. Par ailleurs, mes deux enfants ont profondément changé ma vision des choses et mon rapport au travail. Il faut se garder le temps nécessaire pour profiter des siens : notre bien-être personnel impacte positivement la qualité de notre travail. C’est d’ailleurs le message que je voudrais faire passer aux nouvelles générations : on peut être efficace dans son métier sans y passer 20 heures par jour ! Quand j’étais plus jeune, la mentalité était totalement différente et je fais très attention à ne pas reproduire ce schéma avec mes équipes.

PARCOURS

  • 2003-2007 : sort diplômé de l’Edhec
  • 2007-2010 : quitte PwC
  • 2010-2013 : arrivé en qualité de contrôleur de gestion pour Canal +
  • 2013 : devient responsable contrôle de gestion groupe chez Ducasse Paris
  • 2017-2018 : rejoint Byredo en tant que responsable administratif et financier groupe
  • 2018 : intègrea Solocal Group en tant que directeur de la performance financière et commerciale
  • depuis 2019 : DAF, Cojean

Propos recueillis par Béatrice Constans

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