En 2025, si vous demandez à un salarié ce qu’il souhaite pour la nouvelle année, il ne vous répondra probablement pas une augmentation (quoique), mais plutôt “moins de stress, et si possible, des pauses qui ne ressemblent pas à des sprints vers la machine à café”. La santé mentale n’est plus un sujet tabou, mais une priorité. Les DRH sont les premiers acteurs de cette révolution, à mi-chemin entre médiateurs et pompiers émotionnels.
Alors, comment s’attaquer à cette question sérieuse sans perdre le sourire ? Voici un guide pratique pour les RH et managers avec des exemples concrets, un brin d’humour et beaucoup de pragmatisme.
Pourquoi la santé mentale est-elle (enfin) devenue un sujet sérieux ?
D’abord, parce que les chiffres font peur :
- Un salarié sur trois pense changer de métier juste pour éviter son patron ;
- 20% des collaborateurs estiment que leur pause déjeuner dure moins de temps qu’il ne leur en faut pour répondre à un email de leur N+1 ;
- 15% d’entre eux vivent des “crises existentielles” quand Teams affiche encore “Reconnexion en cours…” en pleine réunion cruciale.
Plus sérieusement, les burn-out explosent et l’engagement des collaborateurs s’effondre quand ils ne se sentent pas soutenus.
Pourtant, il existe des moyens concrets et efficaces pour changer la donne.
RH et santé mentale : les leviers d’action avec des exemples
a) Formation des managers : de chef à coach bienveillant
Si votre manager pense encore qu’une réunion à 19h est une bonne idée, il est temps de l’éduquer.
Les RH peuvent :
- Former les managers à détecter les signaux faibles : non, un collaborateur qui regarde par la fenêtre en réunion n’évalue pas les angles de fuite, il est peut-être simplement épuisé ;
- Encourager une posture d’écoute active : remplacer les “on verra ça plus tard” par “comment puis-je t’aider ?” peut faire des miracles ;
- Organiser des ateliers pratiques. Par exemple, une start-up de la tech a mis en place des “roleplays” où les managers doivent résoudre une crise imaginaire… sauf que la “crise” inclut une équipe qui pleure sur ses claviers (spoiler : ça marche).
b) Des politiques de travail qui respirent
Le télétravail, c’est bien. Mais le “télé-démission mentale” guette si des limites ne sont pas instaurées. Les entreprises peuvent :
- Fixer des plages horaires protégées : chez BMW, personne n’envoie d’emails après 18h (imaginez : un soir sans “urgent à signer”à 22h !) ;
- Proposer des journées de déconnexion totale. Une PME française a instauré un Digital Detox Friday. Le concept : aucun email, aucune réunion, juste du travail profond (et du calme) ;
- Imposer de vraies pauses déjeuner. Une agence de communication interdit les réunions entre 12h et 14h, sous peine… de devoir apporter le dessert pour tout le monde.
c) Investir dans des solutions accessibles et originales
L’accompagnement des effectifs ne consiste pas uniquement à envoyer tout le monde au yoga (même si, soyons honnêtes, cela ne ferait pas de mal).
Quelques idées :
- Lignes d’écoute psychologique. Sodexo offre un numéro gratuit, disponible 24/7, pour ses collaborateurs. Résultat ? Une baisse de l’absentéisme de 15% ;
- Applications de relaxation. Des entreprises comme Orange financent des abonnements à des apps comme Calm ou Headspace pour leurs salariés ;
- “Espaces zen” dans les bureaux. Des cabines de méditation (ou siestes) ont vu le jour dans les start-up et les grandes entreprises, à l’image de Doctolib. Petit détail : elles sont interdites aux managers (enfin, presque).
Exemples inspirants et (parfois) drôles en entreprise
1. Airbnb : chaque mois, un “Mindfulness Day” est décrété. Pas de réunions, pas de deadlines. Juste du temps pour réfléchir, se ressourcer, ou binge-watcher Netflix (on ne juge pas).
2. Chez Google : ils ont créé des “puits à idées” où les employés peuvent anonymement proposer des solutions pour améliorer le bien-être. Une suggestion mémorable : remplacer les pauses café par des “pauses chiens”. Résultat : l’apparition de zones “canines” pour que les employés jouent avec des chiens. Et l’impact est sans appel : 60% des collaborateurs venant avec leurs chiens se sentent moins stressés.
3. Une TPE audacieuse : dans une boulangerie du sud de la France, le patron a instauré un “matin sans stress”. Les employés choisissent leurs horaires une fois par mois pour éviter les embouteillages. Bonus : pain chaud et bonne humeur garantis.
Pourquoi c’est gagnant pour tout le monde ?
- Moins d’absentéisme : à force de prévenir les burn-out, on évite les congés maladie prolongés ;
- Une meilleure productivité : des salariés reposés sont des salariés créatifs ;
- Une attractivité boostée : les candidats rêvent de travailler pour une entreprise qui se soucie de leur bien-être (et qui ne confond pas “pause” avec “réunion debout”).
Conclusion : Faire de la santé mentale une priorité, avec le sourire
En 2025, s’occuper de la santé mentale n’est pas seulement une obligation, c’est un investissement durable. Managers formés, politiques adaptées, outils innovants : les solutions existent. Et si en plus, vous parvenez à y glisser un peu de légèreté, vous construirez une culture d’entreprise qui inspire, en plus de sauver vos équipes.
Car au fond, comme le dit souvent un RH avisé : “Un salarié heureux, c’est un salarié qui râle… mais qui reste.”
Geoffrey Fournier, DRH chez Securitas Technology
À lire : Geoffrey Fournier : l'équilibre (dossier La Relève des DRH 2024)
