Loïc Le Foll (AG2R La Mondiale) : "2024 est un grand cru pour l‘assurance épargne patrimoniale"
DÉCIDEURS. Il semble qu‘il y ait beaucoup d‘intérêt pour les produits structurés aujourd’hui, pourquoi ?
Loïc Le Foll. La hausse des taux et l’inflation peuvent rendre difficile la lecture des marchés pour les épargnants. Dans ce contexte, les produits structurés sont une des réponses au besoin de sécurité et de potentiel de rendement que peuvent rechercher certains investisseurs. L’offre est variée avec de nombreuses solutions proposant des rendements attractifs connus d’avance sous certaines conditions. Il est alors possible de choisir le produit le plus adapté en fonction de ses besoins, de son profil et de son appétence au risque – sachant qu‘il est possible d‘avoir un niveau de protection du capital : total, partiel ou sans garantie.
Le fonds euro fait preuve de résilience et retrouve des couleurs en 2024. Comment l’expliquez-vous ?
Le fonds en euros est un support particulièrement intéressant car il propose une liquidité totale et une garantie en capital. Il a fait preuve de résilience l’année dernière avec la forte hausse des taux et la concurrence soudaine des dépôts à terme. Ceci a incité les assureurs à accroître significativement leurs taux de PB, un peu grâce à la relution (investissement sur des obligations d’un rendement supérieur à la moyenne du stock) et beaucoup en consommant une partie de la PPB, appliquant ainsi les recommandations de l’ACPR.
"Le non-coté répond à une demande de recherche de l’alpha pour certains épargnants"
Par ailleurs, afin d’améliorer l’attractivité du fonds en euros, certains assureurs proposent également des bonus sur versement. C’est notamment notre cas avec un bonus de 2,25 % sur deux ans pour les versements réalisés au premier trimestre 2024. Cela se traduit par une très forte demande en ce début d’année pour des profils d‘investissement combinant produits structurés et fonds en euros avec une touche de non-coté.
Question tendance de marché, le non-coté à la cote. Pourquoi ?
L’investissement en non-coté est en effet de plus en plus prisé. C’est une classe d’actifs qui permet de répondre tout d’abord à une demande d’investir de façon plus concrète en permettant de souscrire de manière directe au capital des TPE, des PME et des ETI, afin de contribuer à leur croissance ainsi qu’à l’économie réelle du pays. Par ailleurs, le non-coté répond à une demande de recherche de l’alpha pour certains épargnants, c’est-à-dire la surperformance de l’actif par rapport à son marché de référence. C‘est en effet une classe d‘actifs qui peut avoir un potentiel de gain attractif sur le long terme, avec des performances élevées même si, avec la hausse des rendements obligataires, la prime d’illiquidité s’est réduite par rapport aux années de taux zéro.
Quels conseils donneriez-vous aux épargnants qui s’intéresseraient à cette classe d’actifs ?
Mon premier conseil est de se faire bien accompagner. C’est une classe d’actifs qui peut comporter des risques et qui n’est pas liquide et il est facile de se laisser aveugler par les taux de rendement ou par les performances passées, bien qu’elles ne présagent pas des performances futures et plus que jamais le choix du gérant va être un facteur déterminant. Il est également important de souligner qu’il faut être prêt à avoir une vision longtermiste, de 10-15 ans, pour ce genre de placements et donc l’âge de l‘épargnant est à prendre en compte.
Comment cette tendance s’inscrit dans la loi "industrie verte" ?
Le private equity aura une part importante dans la loi "industrie verte" puisque la loi a défini trois profils d’allocation dont deux pour lesquels il est obligatoire d’avoir du non-côté (4 % min. sur le profil équilibré et 8 % min. sur le dynamique). Nous allons devoir proposer des contrats avec du non coté selon les profils clients.
Quels véhicules d’investissement en PE sont proposés à vos clients ? Quelle clientèle ?
Nous sommes assez ouverts et nous analysons les fonds PE qui sont sélectionnés et qui nous sont soumis par nos partenaires distributeurs. Notre recommandation est en général de ne pas dépasser les 30-40 % au sein d‘un contrat, mais c’est au conseiller d’évaluer chaque situation, en fonction de la situation des épargnants, de leur âge, de leurs objectifs et évidemment de leurs patrimoines.
Vous avez également, au sein d’AG2R, une expertise en gestion de fonds. Que proposez-vous ?
En effet notre entité AG2R La Mondiale Gestion d’Actifs vient de fêter ses 20 ans et gère 25 Mds d’euros d’actifs. Ces derniers sont répartis au travers de 20 fonds (dont 12 fonds ouverts au public), qui conjuguent un ADN ISR avec des performances parmi les plus compétitives du marché depuis 10 ans.
Quels supports financiers auront le vent en poupe cette année en vue des marchés boursiers ?
Nous voyons une légère baisse des taux se dessiner depuis octobre 2023, ce qui signifie que la concurrence qu’avaient les assureurs-vie sur les dépôts à terme n’est plus aussi forte que l’année dernière. Nous assistons donc à des collectes records sur ce début d‘année 2024, en France et au Luxembourg, car nous arrivons à l’échéance des dépôts à terme que les clients réinvestissent en partie sur les fonds euros. Si les taux restent à ce niveau ou baissent, 2024 sera un grand cru pour l‘assurance épargne patrimoniale !
Des projets pour 2024 ?
Nous tenons nos ambitions de croissance interne en allant chercher d’autres canaux de distribution et en développant ceux existants, à commencer par les multi-family offices et les CGP. Soucieux d’accompagner nos partenaires et leurs clients et ayant déjà des offres sur la France, l’Italie, la Belgique et le Luxembourg, nous sommes en train de développer une offre sur le Portugal. En ce qui concerne la croissance externe, nous analysons le marché et restons ouverts aux opportunités. Nous continuons également à mettre l’accent sur le développement numérique, en lien avec l’excellence de notre service, pour nous permettre de satisfaire au mieux les clients et nos partenaires.
Propos recueillis par Marine Fleury