Le 27 février 2024, l’Autorité de la concurrence a publié sa feuille de route et ses objectifs pour 2024-2025. Au menu : la régulation de l’économie numérique, la poursuite de la transition écologique sans oublier le soutien du pouvoir d’achat.
L’Autorité de la concurrence affiche ses ambitions pour 2024-2025
Régulation du marché numérique, soutien des actions en faveur du développement durable et lutte contre l’inflation : l’Autorité de la concurrence se préoccupe des consommateurs pour les deux prochaines années. C’est en tout cas ce qu’elle a annoncé dans sa feuille de route 2024-2025. L’autorité explique de manière paradoxale que “relever ces défis est d’autant plus urgent que les réponses s’inscrivent dans le temps long”. Comprendre : pour agir, l’autorité doit mener des enquêtes approfondies. Or, réunir de solides garanties procédurales et se forger une compréhension fine des marchés, des acteurs et de leur comportement demande du temps.
Pouvoir d’achat, transition écologique et numérisation : les défis de l’économie
Côté numérisation de l’économie, l’Autorité surveillera de près le secteur de l’intelligence artificielle et l’activité des grands acteurs du numérique dans ce domaine. Cela commencera par la publication de l’avis sur l’IA générative dont elle s’est autosaisie le 8 février dernier. Elle contribuera en parallèle à la mise en œuvre des dispositions du Règlement européen sur les marchés numériques, dont les obligations s’imposent à compter du 6 mars prochain. Enfin, la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles des acteurs du numérique reste une priorité pour le gendarme français de la concurrence qui poursuivra en ce sens les engagements pris en 2022. C’est à ce titre que l’ADLC va s’assurer que Google et Meta ont bien respecté leurs engagements pris en 2022 en matière de rémunération des droits voisins de la presse pour le premier, sur le marché de la publicité en ligne non liée aux recherches pour le second.
L’ADLC devrait fournir aux entreprises, courant 2024, un document-cadre qui leur permettra d’analyser leurs projets au regard des règles de concurrence, le tout à travers le prisme de l’“objectif de développement durable”.
L’Autorité devrait également vérifier le suivi de ses recommandations émises en matière de transport en novembre 2023. Au printemps, elle s’attaquera à la décarbonation de l’économie française sous l’angle du déploiement des bornes de recharge des véhicules électriques, de leur tarification et du développement des services associés. Elle projette d’ailleurs de balayer devant sa porte en cherchant à améliorer sa propre consommation d’énergie.
Consciente de l’enjeu que représente la hausse des prix pour les consommateurs, l’ADLC veut s’investir dans la lutte contre l’inflation. “Faire durablement revenir l’inflation à des niveaux acceptables nécessite une vigilance constante face à des comportements qui pourraient prolonger indûment la hausse des prix”, explique-t-elle. Il faudra veiller aux éventuels effets néfastes des recompositions de la grande distribution pour les consommateurs. Même volonté de préserver le porte-monnaie des Français de l’augmentation du prix de l’énergie : pour l’ADLC, ils doivent bénéficier de la réforme du marché de l’électricité. Côté transports, le gendarme français de la concurrence poursuivra son analyse du secteur de la vente de billets de train et du transport maritime. Le pouvoir d’achat dans les régions et les départements d’outre-mer fera également l’objet d’une vigilance particulière.
Parmi les autres sujets de réflexion, l’autorité s’engage à imaginer des mesures de simplifications et des réformes pro-concurrentielles favorables au pouvoir d’achat, pour la nouvelle loi pour la croissance souhaitée par le Président de la République.
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Ilona Petit