Née en Iran dans les années soixante-dix, exilée en France après la prise de pouvoir des mollahs, Katayoune Panahi affiche un parcours aux allures de success story en matière d’intégration républicaine. Elle met aujourd’hui toute son énergie à la transformation de l’immense parc immobilier de la SNCF, contribuant à en faire un acteur incontournable de la fabrique de la ville.
Katayoune Panahi, le chemin de faire
Depuis ses débuts en 1998 à la direction départementale des Yvelines où elle contribue à la sortie du régime d’Opération d’intérêt national de Saint Quentin-en-Yvelines, au cabinet du ministre chargé de la mise en œuvre du plan de relance de l’économie après la crise financière de 2008, à la direction générale de l’établissement public de gestion du quartier d’Affaires de la défense, Katayoune Panahi n’a cessé de jouer le rôle de cheville ouvrière du changement, s’évertuant à faire des grandes mutations, des opportunités de développement. Nommée en 2013 à la direction générale des services du conseil départemental des Hauts-de-Seine, elle donne la pleine mesure de ses engagements, avec, à son actif, quelques projets emblématiques comme la Seine Musicale, l’aménagement des berges de Seine, les projets de tramways ou le déploiement d’un réseau de fibre très haut débit. De ses premières années, Katayoune Panahi retient une influence particulière : l’école républicaine, tout d’abord, à laquelle en tant que "pur produit de la méritocratie française", elle se sent particulièrement attachée et qui a cimenté son envie de s’impliquer dans la Cité. Et une rencontre, celle de Patrick Devedjian : "Un homme qui forçait mon respect et ma considération pour sa défense éperdue de liberté et son dévouement pour le bien public, mais aussi pour ses traits d’esprit et son humour décapant."
Elle appelle les pouvoirs publics à intégrer la création de valeur environnementale et sociale dans la valorisation foncière
Foncièrement engagée
En 2021, la SNCF l’appelle pour prendre la direction de sa branche immobilière. Un terrain de jeu à la hauteur du talent et des convictions de Katayoune Panahi : 8 millions de mètres carrés de bâtiments, 30000 hectares de foncier aménageable, 100000 logements… C’est tout simplement le deuxième parc foncier du pays après celui de l’État. Un patrimoine qui constitue un levier formidable pour œuvrer à la transition écologique du bâtiment, participer à l’éclosion de la ville durable, construire de nouveaux logements, et encourager le recours au rail dans les déplacements quotidiens des Français. Pour accélérer ce mouvement, elle appelle les pouvoirs publics à intégrer la création de valeur environnementale et sociale dans la valorisation foncière: "Le modèle qui prévaut encore dans la fabrique de la ville date de la période de reconstruction d’après seconde guerre mondiale. Il avait sa pertinence et valorisait la construction. Aujourd’hui face aux enjeux du siècle, nous devons revoir le modèle de la fabrique urbaine, et faire converger intérêts économiques, écologiques et sociaux." SNCF Immobilier a ainsi mené une étude visant à estimer la valeur RSE générée par la mise en place d’un espace vert sur une parcelle d’un hectare et à identifier différents moyens permettant de la capter. Les résultats sont édifiants et poussent Katayoune Panahi à émettre des propositions comme: "La création de marchés volontaires de compensation carbone sur les projets de renaturation en ville, la prise en compte par les investisseurs de la plus-value environnementale et sanitaire, ou l’extension du bonus de constructibilité à un projet exemplaire en matière environnementale et énergétique."
Un pont entre deux villes
Enfant, Katayoune Panahi se rêvait médecin pour sauver des vies humaines ou avocate pour défendre de grandes causes. "Mais, je suis devenue ingénieure des ponts et chaussées et c’est finalement très cohérent avec ce qui m’anime: créer du lien entre les peuples, puisque le pont permet de franchir les obstacles et de rapprocher les peuples et les territoires", confie-t-elle. À l’heure du Zan, de l’adaptation au changement climatique et de l’urgence à inventer un nouvel "urbanisme de proximité", voilà une vocation qui ne manque pas de champs d’expression.
Antoine Morlighem